Après la pépite qu’était le film 1985, c’est au tour de My Name is Myiesha d’être mis à l’honneur. Véritable claque cinématographique et sociale, ce film nous narre la mort tragique d’une adolescente afro-américaine. S’engage alors une contemplation de sa vie à travers une comédie musicale hip-hop, représentant ce qu’est Myiesha et ce qu’elle aurait pu être.
Une narration virtuose :
Lorsque le film commence, difficile de savoir où il va réellement nous emmener d’un point de vue narratif. Mais plus les minutes passent, plus la situation devient claire et très vite, nous sommes embarqués dans le train fou des derniers instants de Myiesha. Les sonorités de Rap, de Hip Hop et de Beatbox rythment parfaitement le récit, ce qui est renforcé par la mise en scène et notamment le montage. Très important dans la narration de ce film, le montage n’est pas pensé uniquement de manière pratique. Celui-ci est réfléchi de manière symbolique et esthétique, nous offrant un récit rythmé qui ne ressemble à rien de ce que nous connaissions.
Les dialogues ne sont pas en reste, puisque de très nombreux échos sont discernables parmi eux. Ceux-ci se répètent de manières plus ou moins enjouée, de manière plus ou moins rythmée, permettant d’offrir plusieurs symboliques à une seule et même phrase. On ressent donc une sensation d’accomplissement lorsque ceux-ci se répètent, puisqu’ils viennent ainsi boucler les divers arcs narratifs auxquels nous assistons. Enfin, la photographie très épurée et les plans millimétrés viennent renforcer la mise en scène si bien maîtrisée et les superbes chorégraphies. Un véritable sans fautes.
Une ode à la communication et à l’empathie :
Le fait divers présenté dans ce film est ici montré comme une véritable tragédie, dans laquelle personne n’est à blâmer, ni les policiers, ni Myiesha. Il n’y a pas de gentil et de méchants, pas de coupables ou d’innocents. Uniquement des victimes ayant été incapable de communiquer. Et c’est là le point essentiel de ce film : la communication. Car oui : Myiesha a fait l’erreur de s’endormir dans la voiture avec une arme sur les genoux. Et oui : les policiers ont tirés sans raison de manière outrancière. Malheureusement, chaque point de vue est recevable. La véritable tragédie vient du fait qu’aucun des acteurs de ce drame n’ait eu le temps de chercher à comprendre l’autre. Car si Myiesha avait une arme à portée de main, c’est parce-que celle-ci avait peur de se faire agresser dans ce lieu mal famé. Et si les policiers ont tirés sur elle, c’est parce-qu’ils se sont cru (à tort) attaqués. Ceux-ci n’ont pas cherché à comprendre Myiesha. Une arme était sur ses genoux et représentait un danger, d’où leur réaction excessive.
C’est là aussi une des grandes forces de My Name is Myiesha. Le film ne met pas l’accent sur la couleur de peau de cette jeune fille, même si ce facteur a sans doute joué un rôle dans le comportement des policiers. L’oeuvre parle surtout d’empathie, de compréhension entre les individus (et par extension : entre les communautés). Ceci a d’ailleurs été confirmé explicitement par le réalisateur Gus Krieger : selon lui, l’empathie devrait être au centre de tout. Car si les policiers avaient cherché à se mettre à la place de cette jeune femme, les choses auraient sûrement pu finir différemment. Un détail est d’ailleurs intéressant à noter, à savoir le fait qu’un graffiti « empathy » soit discernable au niveau de la station service, marquant une fois pour toute cette volonté du réalisateur.
My Name is Myiesha est une oeuvre aussi impactante que juste dans son propos. Un véritable bijou filmique, social et même musical. A découvrir absolument avant la fin du Champs-Elysées Film Festival (qui arrive ce mardi 19 juin) ! Prions maintenant pour que cette oeuvre indépendante soit distribuée en France dans les mois à venir. Affaire à suivre.