Ô Femmes, Si vous avez déjà pleuré en silence ou si vous avez déjà ravalé vos larmes, sans doute avez vous le souvenir douloureux de ces torrents salés contrariés. Si on remonte ce courant, quelle source découvririons-nous ? Elle ressemblerait peut-être à la scène de Tamara Cubas. La mer du silence est une création originale de 2024 de l’artiste dramaturge.
Critique de Sea of Silence
Il paraît que la pièce n’a pas de nom propre, qu’elle fait partie intégrante d’un plus grand projet qui porte lui le nom de Sea of silence. Synecdoque digne de ce nom, puisque nous attendons près d’un quart d’heure qu’un son ne sorte des lèvres de ces 7 femmes. Sur scène, elles sont rassemblées en un tas, un tableau, rocher, figure de proue ? Pendant une quinzaine de minutes des gémissement, des sifflements surviennent comme si elles prenaient vie. Immobiles sur un plateau de sel, de gros sel.
Ce sel représente sans doute toutes les larmes et les cendres d’Édith, femme de Loth, qui après avoir fui Sodome et Gomorre, par regret, se retourne vers sa ville et fut changée en statut de sel. « Tu n’as pas d’autres choix que d’avancer », brament t-elles avec leurs voix mais avec des mots étrangers. Étrangères elles auraient pu l’être mais elles ont décidé de ne pas partir.
Elles ont décidé de rester, de rester au lieu d’aller de l’avant. Elles ont décidé de regarder en arrière puisqu’elles ont le droit de faire leur propre chemin d’autant plus que sur ce chemin elles sont souvent mortifiées. Elles sont 7 et leurs voix se confondent et résonnent en échos, un appel aux femmes d’autrefois, aux dieux de leurs terre pour redonner la force, la voix, le corps, et la magie aux êtres féminins.
L’atmosphère de cette pièce est étrange, voire inquiétante parfois. Nous sommes comme spectateurs d’une pièce antique ou primitive mais aussi sublime.
La blancheur du sel, de leur tenue, solennelle, pure et irrésistible dessine sur scène un sublime visuel onirique, olympique. Un tableau des nymphes des grottes ou des fonds marins. Mais l’union de ces 7 corps et de ces 7 voix donne une certaine perfection à la beauté du spectacle.
Conclusion :
Ce chant ancestral est actuel et certaines pièces du festival d’Avignon peuvent être reliées. Sea of Silence et Mother’s song for Wartime rassemblent des femmes pour faire face à la guerre, par la volonté, par la force
Photo officielle de Christophe Raynaud de Lage
Photographe officiel du festival d’Avignon depuis 2005
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