Si la mort m’était contée..
Ferdinande Moutte n’est pas une femme comme les autres. Elle a une passion légèrement étrange, qui laisse son entourage dans l’expectative : depuis toute petite, elle collectionne les nécrologies.
Elle decoupe avec soin les avis de décès, les regroupe, les colle précieusement dans un grand cahier et les relit. Parfois elle les accroche sur le mur.
De cet étrange violon d’Ingres va surgir des personnages, notamment les membres de la famille de Ferdinande qui ne comprennent pas cette passion morbide ou qui en ont peur.
Un joli pied de nez à la mort.
« Moi, vivante » est un joli seul en scène, bien interprété, avec une écriture gracieuse et très poétique. L’exercice est d’autant mieux réussi qu’il s’agit de la même artiste, Marie-Hélène GOUDET, qui a écrit et qui interprète ce beau spectacle.
moi, mon peche mignon vous savez ce que c’est ? C’est l’obituarophilie. Je decoupe dans Les journaux et je collectionne avec grand soin les rubriques necrologiques.
L’ensemble est subtil, précis. L’artiste interprète tous les personnages. L’humour est très présent : ainsi la tante de Ferdinande, une femme avec un accent du sud bien prononcé, tente d’exorciser sa nièce qu’elle pense possédée par le malin pour avoir une telle lubie. D’autres personnages, croqués par la plume de Marie-Helene Goudet ont également la part belle et cela offre un moment tout à fait réjouissant.
En plus de l’humour, il y a également beaucoup de poésie et de très beaux mots, notamment lors des moments entre Ferdinande et sa grand-mère, qui lui prodigue beaucoup de sagesse et de belles réflexions sur la vie et la mort.
La mise en scène, signée Emmanuelle Besnault, est sobre, au service du texte. Le décor est bien travaillé et retranscrit bien l’atmosphère de ces vieilles maisons de vacances poussiéreuses, avec du papier peint un peu trop chargé et des meubles disparates.
« Moi, vivante » est un spectacle simple. Et c’est beau, la simplicité. Nous suivons donc les différents personnages, levant le voile sur certains mystères de son passé.
Jusqu’à la révélation finale, qui peut-être surprenante pour certains. L’ultime pied de nez à la mort, une belle trouvaille qui prend tout son sens et vient illustrer subtilement le propos du spectacle.
Pour le coup, après avoir vu cette pièce de théâtre, le spectateur se sent vivant. Et plein de gratitude. C’est un joli cadeau.
Actuellement : au théâtre le Cabestan, à 15h50 les jours pairs.
Prochainement : au théâtre la Flèche à Paris, du 7 octobre au 9 décembre 2023.
Auteure, metteure en scène et interprète : Marie-Hélène GOUDET.
Compagnie : La pierre brute.
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