Dans le cadre de la 9ème édition de la Biennale Internationale des Arts de la Marionnette, la Compagnie des Hélices en coproduction avec le Théâtre des Marionnettes de Genève présente à la Maison des métallos Rhinocéros, une adaptation de la pièce éponyme de Ionesco.
Une interprétation fidèle
Accessible à tout âge, cette pièce à l’humour absurde interroge le public sur la différence de l’autre, l’acceptation et la tolérance. C’est avec brio que la compagnie des Hélices réussit à se glisser dans les pas de Ionesco en adaptant sa pièce au théâtre de marionnettes dans le respect de son oeuvre originale, tant dans son écriture que dans son esprit. On y retrouve Bérenger, Jean, Daisy, ainsi que tous les personnages face à la transformation progressive de tous les habitants en rhinocéros.
Un décor plastique
Ces petits personnages évoluent dans un décor atypique transformé par les trois acteurs selon le lieu où se situe la scène. Il ne leur faut pas plus de quelques échelles, quelques cartons, d’une feuille de papier et d’une horloge pour créer une ville entière, un immeuble de bureaux ou deux chambres différentes. Sans transition ni interruption, les modifications du décor sont effectuées par les acteurs au sein même d’une tirade et sont intégrées à merveille au scénario. Elles sont même mises à profit pour souligner les états d’âme des personnages.
La magie transmise dans l’inanimé
Les marionnettes représentant les personnages sont extrêmement expressives et on retrouve une manière de se mouvoir, des expressions ainsi que parfois des tics propres à chaque être, quelle que soit la taille de son pantin. En effet, plus les rhinocéros se font présents et pressants, plus les marionnettes grandissent et sont humanisantes. Au début, lorsque la ville entière est représentée, elles sont de la taille d’une main, alors qu’à la fin de la pièce, lorsque le décor n’est réduit qu’à une chambre, elles sont à taille humaine. Bien que seulement trois sur le plateau, les acteurs apportent un souffle et une âme à chaque figure inanimée.
Quelques projecteurs et une petite bande son pour ponctuer le passage des rhinocéros suffisent à laisser le champ libre à ces impressionnants acteurs pour nous entraîner dans un monde de magie et d’émerveillement, dans lequel Bérenger lutte pour conserver son originalité et ne pas céder aux barrissements des rhinocéros qui l’appellent à rejoindre leur troupeau.
