Jamais seul, une fresque d’une humanité jubilatoire à la MC 93

0
560

Jusqu’au 3 décembre à la MC93, Patrick Pineau présente Jamais Seul, un spectacle d’une humanité jubilatoire et terriblement émouvante sur un texte de Mohamed Rouabhi.

Un grand spectacle fait de « vies minuscules »

Jamais seul, ce sont des histoires. Des histoires multiples, qui se croisent, se tissent, s’entremêlent, se délient. Les histoires de gens ordinaires, de personnes qui galèrent, d’individus qui espèrent. En tout, quarante personnages interprétés par quinze comédiens à l’énergie débordante évoluent face aux difficultés du monde d’aujourd’hui. Jamais vaincus, ils deviennent les héros d’un quotidien fait de chômage, de disputes, de marginalité dans lequel intervient parfois une lumière d’espoir, d’entraide, de solidarité.

Dès les premières minutes du spectacle, qui s’ouvre sur un cercle de parole pour chômeurs, on est happé dans leur monde et cette empathie ne nous lâchera plus tout au long de cette fresque de 3h30. Sous forme de tableaux, on passe d’une histoire à l’autre et on s’attache au fur et à mesure à chacun d’entre eux tant leur fureur de vivre et de jouir du moindre petit rien nous émeut. Sans aucune complaisance, on passe du rire (voire du fou-rire) aux larmes.

Une langue riche, poétique, percutante

Dans ce monde des oubliés, la langue de Mohammed Rouabhi fait mouche. Elle mélange le concret de ces vies de misères et une poésie chaleureuse où les images et les images et les mots racontent de façon percutante la réalité du monde populaire.

Très accessible, ce langage sensible ne verse pas pour autant dans le lyrisme. Au contraire, il permet de souligner la richesse individuelle et sociale des personnages envoûtants de cette fresque. Sous cette langue particulière, loin des clichés des classes populaires, l’amour, la détresse, les joies et les déboires prennent une force incroyablement sincère et vitale.

Une odyssée de l’humanité

Dans une mise en scène rythmée et des décors simples mais efficaces, nous retiendrons surtout les corps, les voix de Jamais Seul qui prennent en charge les richesses des personnages. Ces corps, ces voix qui, malgré leurs différences et leurs vies cabossées refusent tout simplement de disparaitre.

Au paroxysme de l’humanité qui tisse Jamais Seul, la scène de l’accouchement d’une jeune femme sur la « plaque tournante », cet univers sombre à l’écart de tout et où trainent des âmes en perdition est particulièrement criante de générosité et de ce désir de faire battre les cœurs à l’unisson, jusqu’au bout. Le titre n’aura pas menti : il y a toujours quelqu’un, même celui qu’on attend le moins, pour nous tendre la main. Et bien plus que sur un ton dénonciateur, le côté politique de la pièce se retrouve dans cette solidarité toujours renouvelée.


Il est de ces spectacles qui rendent hommage au théâtre, il est ce ces spectacles qui rendent hommage à l’humanité, il est de ces spectacles qui rendent hommage à la vie. Jamais Seul est de ceux-là. Du théâtre social au sommet de son art !

 

Informations pratiques

Jamais Seul, de Patrick Pineau

à la MC 93, de Bobigny
Jusqu’au 3 décembre

Réservations : +33 (0)1 41 60 72 72