La folie de Marguerite Duras au Théâtre de la Reine Blanche

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 « Ce sont des gens qui parlent et que la parole entraîne. Qu’est-ce-qu’ils ont en commun ? Une certaine folie. » disait Marguerite Duras. C’est cette folie que le Théâtre de la Reine Blanche vous invite à aller vivre, jusqu’au 3 décembre 2016, dans la pièce « Duras, de tout, de rien… de rien du tout. »

Marguerite Duras : morceaux d’absurde choisis 

Le rideau s’ouvre sur un décor sobre, dénudé, avec un arbre sans feuilles. Il est irradié d’une lumière sombre qui nous donne l’impression d’être à la tombée de la nuit, rendant l’ambiance feutrée, intime, à l’image de la pièce que va accueillir cette scène. Au centre, deux chaises, sur lesquelles viennent rapidement s’installer les deux protagonistes, Claire Deluca et Jean-Marie Lehec, qui vont mener la danse.

Pendant une heure, nous assistons à une conversation composée de huit textes de Marguerite Duras publiés entre 1965 et 1993 : « Les Eaux et Forêts » (1965),  « Le Shaga » (1968), « Les Yeux Verts » (Les Cahiers du Cinéma, 1980), « Outside » (1981), »La Vie Matérielle » (1987), « Emily L. » (1987), « Le Monde extérieur » (1991) et « Écrire » (1993).

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Copyright : Théâtre de la Reine Blanche

Claire Deluca et Jean-Marie Lehec : un duo barré !

C’est Jean-Marie Lehec qui entame ce bal de l’absurde, un bidon d’essence à la main, annonçant qu’il est en panne, à « deux mètres de là », depuis… deux ans. Claire Deluca l’écoute avec attention, en caressant affectueusement  une peluche qu’elle dit être son chien et qu’elle appelle « Zigou », sans questionner la loufoquerie des propos qu’elle vient d’entendre. En guise de réponse, elle raconte, des rires presque étouffés dans la voix, le jour de la mort de son mari, dont elle avait « marre, marre », accidentellementpoussé dans la Marne, au Rhin. Puis c’est de son lion de compagnie, dont elle a été contrainte de se séparer, qu’elle va parler. Les histoires s’enchaînent ainsi indéfiniment, chacun se laissant volontiers embarquer dans la folie de l’autre.

Quel plaisir de voir ces deux comédiens s’amuser autant avec les mots d’une Marguerite Duras  que l’on connait bien plus pour des ouvrages comme « l’Amant« , « Un barrage contre le Pacifique » ou encore « Hiroshima, mon amour«  !

Lorsqu’on assiste à la pièce « Duras… De tout…  De rien… De rien du tout« , on est face à deux acteurs, mais c’est à une foule de personnages que l’on a l’impression d’avoir affaire, car chacun endosse différents rôles, passant d’une « histoire » à l’autre, comme on glisse d’une pièce à une autre. Ce sont eux qui, en plus de conduire le jeu, se sont emparés avec brio de l’adaptation de cette mosaïque tissés de morceaux d’absurde, de surréalisme, de loufoquerie, d’humour, de poésie, de tendresse.  Aussi doués en jeu qu’en mise en scène, Claire Deluca et Jean-Marie Lehec nous donnent envie de tirer à l’infini sur le fil conducteur qui traverse chacune de ces histoires : l’absurde

Une passion commune pour Marguerite Duras

On se délecte du langage durassien récité par ces deux complices qui n’en sont pas à leur premier braquage de l’œuvre de Marguerite Duras : en 2001, ils interprètent « Shaga » – un texte que l’auteur avait écrit pour Claire Deluca  – au Théâtre de l’Athénée Louis Jouvet en 2011, puis au Festival Paris Quartier d’été. Leur passion commune pour l’auteur a fait d’eux des récidivistes durassiens, et s’est transformée en des rendez-vous réguliers de lectures d’extraits de ses romans ou de nouvelles adaptations, comme « Duras, La Vie qui va » qu’ils ont interprétée au Théâtre de Poche Montparnasse, en 2014. Claire Deluca connait aussi bien l’œuvre de Marguerite Duras que l’écrivain elle -même : elle l’a en effet rencontrée en 1965 et a eu la chance immense, de travailler dès lors avec elle. 

Quand on sait qu’on parle de Marguerite Duras, de tout, de rien, de rien et de tout au Théâtre de la Reine Blanche jusqu’au 3 décembre, on a plus qu’une envie, nous aussi, perdre la raison.

Pas encore tout à fait convaincus ? Alors, jetez un oeil au Teaser « Duras, de tout… de rien… de rien du tout » au Théâtre de la Reine Blanche ! Pour en savoir plus sur la pièce « Duras, de tout… de rien… de rien du tout’, rendez-vous ici. 

« Duras, de tout… de rien… de rien du tout »

Jusqu’au 3 décembre 2016

Théâtre de la Reine Blanche

2 bis, Passage Ruelle 

75 018 PARIS

Durée du spectacle : 1 heure

 

Article rédigé par Hermine