En tournée depuis Novembre 2018, nous vous recommandons de voir Elle voulait mourir et aller à Paris, une pièce de théâtre musicale qui parle de la Grèce.
Une jeune grecque à Lyon puis à Paris
Elle voulait mourir et aller à Paris est une histoire moins sombre que le titre peut laisser entendre. Cette création raconte l’histoire d’une jeune fille de 15 ans, qui aime les garçons. Comme il lui est arrivé de fricoter avec un garçon au cinéma, ses parents décident qu’elle doit aller expier ses péchés dans un couvent catholique sur la toute petite île de Tinos. Dans cette Thessalonique de la fin des années 60, il est mal vu de suivre la révolution sexuelle insufflée par les Etats-Unis et l’Europe. Le destin jouera en sa faveur, lorsque des Français, perdus, trouvent de l’aide auprès des parents de cette jeune fille. Leur propre fille devant étudier dans une école catholique à Lyon (« Mais quelle bêtise a-t-elle fait ? » demandera la mère grecque), ils proposent aux parents d’accueillir cette jeune hellène qui ne rentrera que pour les vacances d’été.
La voici ainsi débarquée dans une ville et un pays qu’elle ne connaît pas. Résignée, elle fera tout pour oublier ses racines et passer pour une française. Une fois maman, elle ne voudra pas apprendre le grec à son fils. Une histoire basée sur la vie de la mère de l’auteur, metteur en scène et compositeur Joaquim Latarjet. Une création originale et très personnelle, émouvante et envoûtante.
Ήθελε να πεθάνει και να πάει στο Παρίσι / Elle voulait mourir et aller à Paris
De la Grande Catastrophe au Baglama
La petite histoire prend davantage de sens lorsqu’elle est rattachée à la grande histoire et notamment à la « Grande catastrophe ». En 1923, l’accord de Lausanne est signé et prévoit le déplacement des Grecs d’Asie Mineure vers la Grèce et les Turcs de Grèce vers la Turquie. Les décisions ont été prises au regard de la religion des peuples. Les Grecs de Constantinople ont le droit de rester mais les persécutions les poussent à fuir. En 1930, la ville s’appelle désormais Istanbul, un fait qui n’est toujours pas accepté, ni digéré par de nombreux Grecs qui continuent de la nommer « Constantinopolis ».
Dans ce contexte, notre jeune grecque vient déjà d’une famille d’exilés d’Asie Mineur et va se déraciner à nouveau en partant et en voulant oublier d’où elle vient.
La musique, très présente dans la pièce, nous rappelle les sonorités des cordes d’un petit Bouzouki : le Baglama. Inspirée du Rebetiko, elle nous prend aux tripes et nous plonge dans la nostalgie et la plénitude de la musique grecque. Revisitée par Joachim Latarjet, elle s’inscrit au présent et nous raconte ce qu’il ne sait pas exprimer par les mots. On sent son attachement à cette culture volée, ses vibrations pour un pays qui réchauffe le corps et le cœur. On y respire la Grèce, l’authentique. Daphné Koutsafti nous livre une vérité à toute épreuve. L’écriture nous dévoile des situations cocasses avec finesse, humour et légèreté. La mise en scène est surprenante et fonctionne très bien. Une sobriété appréciée à tous les niveaux.
Elle voulait vivre et mourir à Paris a une résonance universelle pour tous ceux qui sont partis au moins une fois de chez eux, peu importe le point de départ ou l’arrivée.
Informations pratiques
Elle voulait mourir et aller à Paris sera joué :
Les 23 et 24 janvier 2018 à 20h30 au Théâtre de Sartrouville (CDN)
Du 23 au 25 mars 2018 au Théâtre Les Subsistances à Lyon
Les 3 et 4 mai 2018 à 20h30 au Théâtre L’Onde à Vélizy
Du 14 au 17 mai 2018 à 20h aux Plateaux Sauvages à Paris
À partir de textes de Joachim Latarjet et d’Alban Lefranc
Musique et mise en scène : Joachim Latarjet
Avec : Alexandra Fleischer, Daphné Koutsafti, Joachim Latarjet, Emmanuel Matte, Alexandre Théry
Vidéo : Alexandre Gavras et Mathilde Bertrandy
Lumières : Léandre Garcia Lamolla
Son : François Vatin
Costumes : Nathalie Saulnier