Dom Juan, nouvelle génération au Vingtième Théâtre

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Dom Juan

Depuis le 14 janvier, la Cie Chouchenko a pris ses quartiers au Vingtième Théâtre. L’une de nos rédactrices avait pu assister à la première de leur adaptation de « Les Misérables ». En effet, cette compagnie créée en 2009, se passionne pour les grands classiques du théâtre et propose pas moins de 3 spectacles en ce début d’année. Nous y sommes donc retournés afin de découvrir leur vision de « Dom Juan ».

Plongés dans une ambiance tamisée, aux lumières d’une sublime douceur, la pièce s’ouvre en musique. Dom Juan et l’une de ses épouses nous offrent alors un ballet tout en sensibilité et en sensualité qui nous fera frissonner.

Dom Juan - Manon Montel
Manon Montel

Dom Juan, l’un des nombreux chefs d’œuvres de Molière, connu de tous et souvent étudié n’est pas simplement l’histoire d’un homme libertin. D’ailleurs si l’on resitue la pièce dans son époque, le libertinage n’a pas tout à fait le même sens qu’aujourd’hui. Les libertins de l’époque sont généralement les athées, les matérialistes et les esprits irréligieux. C’est en ce sens que Dom Juan est un libertin, et non sexuellement comme la connotation de ce terme le laisse penser. De plus, Dom Juan ne fait à aucun moment l’apologie de la dépravation ou de l’athéisme.

Molière étant un moraliste et un satire, il dénonce les vices de ses propres personnages.

Si le libertinage peut aux yeux d’un grand nombre être le thème majeur de « Dom Juan », n’en oublions pas pour autant les autres. Dom Juan est avant tout un séducteur. Il ne fait aucune distinction sociale des femmes qu’il courtise. Pour lui, la séduction est un plaisir… Et comme il le dit lui-même : «  J’ai un cœur à aimer toute la terre »…

Dom Juan : du neuf avec du vieux

Les dénonciations de Molière dans Dom Juan ne s’arrêtant pas là, il est également question de transgression des règles et des mœurs, d’hypocrisie, de méchanceté, d’impiété… Thèmes abordés et amenés très intelligemment et de façon à intéresser même les plus jeunes.

Écrite au milieu du 17ème siècle et si souvent adaptée, cette œuvre majeure devait trouver un renouveau. Le pari est donc réussi pour la Cie Chouchenko et son « Dom Juan ». On y découvre dès l’ouverture, un double de Dom Juan muet dont la seule parole est la musique. Comme si son âme et son esprit quittaient son corps, ce jusqu’au tombé de rideau.

Dom Juan - Charlotte Ruby
Charlotte Ruby

La mise en scène de Manon Montel est véritablement originale. Elle oscille entre cirque, cabaret, music-hall, mime. Certains trouveront sans doute que l’on s’éloigne quelque peu de l’essence de Molière. Mais l’âme de Molière est bien présente, le respect du texte en est la preuve. Réussir à intégrer l’art du clown lorsque la naïveté des personnages est mise en avant est chose peu commune et parfaitement maîtrisée.

Un « Dom Juan » à la fois tragique, fantastique et comique dont l’adaptation colle parfaitement à notre époque. Si l’on prend beaucoup de plaisir à (re)découvrir « Dom Juan », notons tout de même qu’il existe quelques longueurs et quelques incompréhensions de par ce qui est proposé. Notamment à l’ouverture de la pièce lorsque l’on découvre Dom Juan accompagné en musique par ce qui se révèle être son « double ». Mais également en fin de pièce. Dom Juan est-il alors dans sa chambre ou dans le tombeau du Commandeur ? A vous de le découvrir.
Infos Pratiques

Dom Juan jusqu’au 6 mars au Vingtième Théâtre.
7 Rue des Plâtrières, 75020 Paris.
Tel: 01 43 66 01 13

Le vendredi à 19h30.
Durée: 1h30.

Tarifs: Entre 11€ et 25€

Crédits photos: ©Pierre Colletti – ©Charlotte Spillemaecker