Just Focus a eut le plaisir d’assister à la première de Carmen à tout prix au Théâtre Trévise, une pièce détonante et surprenante à voir de toute urgence !
Plus qu’une simple comédie, Carmen à tout prix relève le défi de jongler entre le théâtre de boulevard, avec le rythme haletant et énergique que cela implique, et l’opéra, faisant des comédiens des chanteurs lyriques (et inversement).
Autant dire que c’est un tour de force pour cette troupe merveilleuse et un challenge plutôt bien relevé !
Côté jeux d’acteurs, tous sont brillants !
Dès le début de la pièce, c’est à dire avant l’extinction des lumières, le spectacle est immersif. Alors que le contexte se met en place (un théâtre subit une grève surprise alors qu’il doit donner une représentation de Carmen), les spectateurs sont pris à parti par le directeur en plein crise, incarné par l’énergique et hilarant Bertrand Monbaylet. Il ne veut absolument pas annuler la pièce et cherche toutes les solutions pour sauver son théâtre… et conserver ces 60.000 boules.
Mais mieux vaut ne pas vous en dire davantage et ne pas gâcher la surprise. Car Carmen à tout prix est une pièce pleine de rebondissements : on rit aux larmes, ont est ému. Et le spectacle ne se limite pas à la scène. L’espace du théâtre est savamment exploité ; ça bouge dans tous les sens !
Pour ce qui est de la musique, on salue bien bas le travaille d’arrangement fait sur la partition originale de Carmen. Faute de moyen, le théâtre doit se contenter de 3 musiciens (trouvé dans le métro) au lieu d’un orchestre : Julien Gonzalez à l’accordéon, particulièrement remarquable, Antoine Delprat au violon et Romain Fitoussi à la guitare. L’opéra garde sa puissance et toute sa crédibilité dans cette composition restreinte mais pourtant particulièrement efficace.
On souligne la belle prestation de Philippe Scarami qui nous donne une belle voix de Baryton et intervient de façon brillante dans le rôle d’Escamillo. Mathieu Sempéré quant à lui se révèle être un bon comédien, drôle et touchant ; sa puissance vocale et la chaleur de son timbre nous laisse un frisson dans le final. Côté voix féminine, on est un peu moins convaincue, malgré le coffre indéniable d’Ariane Olympe Girard dans le rôle de Micaela. Elle nous offre d’ailleurs un superbe medley classique et contemporain. Sophie Sara quant à elle est malheureusement en dessous vocalement, malgré de belles tentatives et une imagination débordante qui a donné naissance à ce spectacle. Elle tient cependant brillamment le rôle de secrétaire qui sauve les meubles en cas de situation désespérée. C’est le personnage qui évolue le plus pendant la pièce et s’émancipe au fil des galères.
La mise en scène « à l’arrache » fonctionne et ce sont plein d’inventions farfelues qui font de la scène un espace en perpétuel évolution. Le décor est un cadre instable, un mélange de genres,un bric-à-brac à la fois kitch et bien pensé qui ajoute au comique de situation et renforce le contexte de crise. La mise en lumière ajoute à l’éclat des morceaux d’opéra, créant une tension dans le passage plus sérieux, plus dramatique et relevant la légèreté des moments drôles. On salue le talent de Bastien Forestier à la scénographie, de Pascal Noël à l’éclairage et bien entendu Manon Savary à la mise en scène.
Ce sont presque 2h de fous rires et de musique qui vous attendent en allant découvrir cette comédie opératique. Presque une comédie musicale, cette invention mérite qu’on s’y intéresse et pourrait pourquoi pas se développer puisque le genre fonctionne à merveille et que le public est ressorti enjoué, détendu et ravi. Ce pourrait être le chaînon manquant qui permettrait à deux public très différent de se rencontrer.
On souhaite en tout cas beaucoup de succès à Carmen à tout prix et on vous encourage à soutenir sur KissKissBankBank !