The IT Crowd est rapidement devenue l’un des monuments de la pop culture britannique. Si vous ne connaissez pas encore Roy, Jen et Moss, il est aujourd’hui temps de découvrir une vrai pépite télévisuelle.
The IT Crowd est une série made in England, créée par Graham Linehan (Black Books, Father Ted) en 2006. Elle met en scène Roy et Moss, les deux seuls et uniques membres du service informatique de Reynholm Industries. Ils sont associables, fainéants (en ce qui concerne leur job en tout cas) et très geek. Ils sont rejoints, dès le premier épisode, par Jen Barber, qui devient la manager du service. Petit problème: la jeune femme est une menteuse compulsive qui n’y connaît absolument rien en informatique.
Le scénario de base est assez simple. Et il était difficile de prévoir, en 2006, que The IT Crowd deviendrait une série culte au Royaume-Uni (et ailleurs!). Ses épisodes et ses répliques sont devenus des mèmes classiques d’internet, et les fans ne cessent de lancer des pétitions pour relancer la série. Car en effet, après une saison 5 contenant un seul épisode (de presque 1h), la série s’est arrêtée, au sommet de sa gloire.
Il est donc légitime de se demander comment The IT Crowd est devenue aussi populaire.
1. The IT Crowd, l’anti Big Bang Theory
Lancée en 2007, la série Big Bang Theory raconte le quotidien de Léonard et Sheldon, deux colocataires-chercheurs à l’université de Pasadena, et de leur voisine d’en face, Penny. Nul besoin d’expliquer à quel point la série a suscité un réel engouement chez les téléspectateurs. Le tournage de son ultime saison, le 12e, est d’ailleurs actuellement en cours.
Mais, chez Big Bang Theory, la limite entre la caricature – et la pure moquerie – est parfois bien floue. Penny est l’archétype même de la blonde écervelée. Même si son personnage évolue (et heureusement), elle ne doit cette évolution qu’à l’aide de Léonard et Sheldon. Ces derniers sont d’ailleurs devenus les symboles même du geek très intelligent mais complètement inadapté à la vie en société. Surtout en ce qui concerne Sheldon, dont les tocs et autres phobies atypiques frisent parfois la pure maladie (et peut-on donc rire aussi librement des problèmes liés à une maladie/un handicap?).
Dans The IT Crowd, il ne s’agit pas de baser toute l’histoire sur les défauts des personnages. Ce sont les situations dans lesquelles ils se retrouvent qui font tout le comique des épisodes. On ne rit pas pendant 5 saisons de l’inexpérience flagrante de Roy avec les femmes. Le personnage change, et finit par être en couple. De leurs côté, Moss et Jen ne sont pas en reste. Moss, dont les réactions sont souvent en décalage avec la situation, n’est pas moqué pour cela. Au contraire, il est devenu la figure de l’excentrique érudit et classe à qui on voudrait tous ressembler. Et Jen, qui n’a pas caché son désintérêt pour l’informatique et tout ce qui l’entoure, garde son identité propre tout en acceptant l’univers de ses deux amis. Elle n’a pas besoin d’eux pour être indépendante. Au contraire, c’est elle qui leur apporte une porte d’accès sur le monde.
2. L’humour loufoque à son apogée
Comme signalé précédemment, l’humour de The IT Crowd réside dans les situations dans lesquelles les trois protagonistes sont plongés. Un rencard, à 4, pour aller voir une comédie musicale gay, la découverte d’une pièce secrète abritant Richmond, un gothique sensible (joué par le talentueux Noel Fielding!), le suicide du big boss de Reynholm Industries et l’arrivée de son pervers de fils (interprété par le génial Matt Berry). Sur papier, cela n’a pas l’air de grand chose, mais les personnes ayant vu les épisodes concernés ont probablement déjà un sourire aux lèvres.
Les personnages créés par Graham Linehan ne sont souvent pas très complexes, mais ce sont leurs interactions qui forment le noyaux central des œuvres du scénariste. On retrouve d’ailleurs la même dynamique dans Black Books: trois personnages, peu de déplacements/décors, mais des dialogues riches en jeux de mots et quiproquos. Linehan s’inscrit dans la plus pure tradition british, en offrant à ses acteurs des rôles qu’ils doivent réellement habiter pour faire entrer le spectateur dans l’univers de la série.
3. Moss
S’il y a bien un personnage qui symbolise parfaitement The IT Crowd, c’est bien Maurice Moss, dit Moss, joué par Richard Ayoade. Ce dernier a d’ailleurs vu sa côté de popularité exploser depuis son interprétation du personnage tant adoré par les fans. Moss est le grand enfant de la série. Une sorte de Peter Pan en bretelles et chaussettes hautes. Il ne comprend pas toujours le second degrés ou l’ironie, ce qui donne des répliques cultissimes.
Moss est d’autant plus important dans l’univers de The IT Crowd car il est le lien entre Jen Barber et Roy Trenneman. Il se soucie de ses amis et fait de son mieux pour apporter des solutions à leurs problèmes. En les empirant parfois, mais l’intention est là!
4. Une héroïne sans histoire d’amour « obligatoire »
Lors de la comparaison avec The Big Bang Theory, l’évolution de Penny, intimement liée à sa relation avec ses voisins, a été signalée. Effectivement, Penny devient un membre indispensable du groupe lorsque Léonard tombe amoureux d’elle. C’est sa vision de Penny qui la transforme tout au long de la série. Bien sûr, la jeune femme est capable de s’opposer à son partenaire et d’avoir ses propres opinions, mais combien de fois ces dernières ont-elles été vraiment respectées? Léonard a souvent le rôle de « la voix de la sagesse », pour Penny comme pour Sheldon. Il est donc devenu normal de voir ses idées passer au dessus de celles de sa désormais épouse.
Jen Barber, le personnage principale féminin de The IT Crowd, se révèle différente. Dès le premier épisode, Jen se place comme lien entre les deux informaticiens et le monde « réel ». C’est elle qui décide de son rôle, et elle agit donc souvent comme médiatrice pour Roy et Moss, les tirant de situations drôles mais effrayantes pour eux. L’évolution de son personnage ne passe pas par la bénédiction de ses acolytes masculins. Au contraire, Moss et Roy passent pas mal de temps à tenter de la ridiculiser, du moins au début. Le but premier de Jen étant d’obtenir un meilleure poste, elle comprend très rapidement que ses deux acolytes masculins seront incapables de l’aider dans son ascension professionnelle: ils sont eux-même bloqués au sous-sol.
Cela ne veut pas dire que Jen n’est qu’un personnage carriériste, dénué de tout sentiment. Au contraire, on la voit plusieurs fois en couple. Et cela n’est jamais moqué. A aucun moment, le fait que Jen ait eu plus de partenaires que Roy et Moss n’est mis en avant, ni montré comme honteux. Ses partenaires romantiques ne sont là que pour servir le comique d’un épisode, et sont rapidement oubliés. Et surtout, on ne force pas Jen à tomber amoureuse de Moss ou Roy. Cela aurait été ridicule et aurait peut-être même mis fin à la série, tant la possibilité d’un couple dans le trio central est impensable.
5. Une série qui a su dire aurevoir
Même si l’on a adoré regarder les aventures de Jen, Moss et Roy, il faut avouer que ce qui fait aujourd’hui le charme de la série, c’est la nostalgie qui l’entoure. On sait qu’il n’y aura plus de nouvelles saisons et, même si c’est dur, c’est mieux comme ça.
Combien de série télé ont perdu leur essence en multipliant les saisons, juste parce que cela était possible? Qui ici n’a pas froncé les sourcils devant les dernières saisons de How I Met Your Mother, en se demandant quel était l’intérêt de tel ou tel épisode? Parfois, il est bon de savoir faire ses adieux quand il est encore tant.
Heureusement, il est toujours possible de voir, revoir et re-revoir les 4 saisons de The IT Crowd sur Netflix. Et s’il vous plaît, il existe une seule règle d’or à suivre lorsque l’on souhaite regarder une série britannique: SURTOUT PAS DE VF. Le monde vous remercie.