Après quelques mois mouvementés, la saison 3 de The 100 (déjà renouvelée pour une quatrième) s’est achevée hier sur un épisode satisfaisant, traversé de fulgurances à fleur de peau, et offrant enfin des issues (plus ou moins contestables) aux divers enjeux introduits cette année.
Alors qu’on avait précédemment laissé Clarke et la bande bloquées en haut de la tour de Polis, sans aucun nightblood en qui introduire la deuxième IA (Luna ayant refusé l’offre et Ontari étant en mort cérébrale) : a priori, pas de solutions envisageables pour arrête ALIE, sur le point de définitivement gagner la guerre. Ce serait sans compter sur l’ingéniosité de Clarke, mais aussi de Raven.
Si Clarke n’avait plus rien à prouver, Raven s’en sort admirablement et s’impose elle aussi comme l’héroïne de la saison. Alors qu’elle était totalement déphasée dans les premiers épisodes, elle met ici tout son savoir au service de Clarke, qui, elle, met sa vie en jeu et décide (enfin) de devenir la prochaine commandante (du moins brièvement) suite à une transfusion sanguine avec Ontari, en s’insérant l’IA, qu’elle trimbale désespérément depuis la mort de Lexa, et en ingurgitant la puce, avec pour objectif de tuer ALIE de l’intérieur.
Direction la Cité des Lumières, donc, pour une grande partie de l’épisode, puisque Clarke se retrouve enfin de l’autre côté : encore une fois, la série ne se limite pas à un construction manichéenne et mécanique de son univers, décelant progressivement l’aspect positif apparent de ce septième ciel 2.0 où chacun oublie ses tracas et trouve enfin la paix. Mais ce paradis, comme on le sait, demeure un artifice illusoire et malsain (« Je sais que ce monde craint, mais au moins il est réel », dira Monty à un Jasper abattu après son retour sur terre).
La grande joie de ce season finale, c’était bien le retour de Lexa, dont la disparition dans l’épisode 7 avait crée un véritable scandale, aussi bien sur internet que dans la presse spécialisée (petite pensée pour tous ces personnages LGBT expédiés de leur show). L’on s’y attendait, Alycia Debnam Carey ayant été perçue sur le tournage de l’épisode l’année dernière, mais les retrouvailles n’en demeurent pas moins émouvantes : elle nous avait manqué ! Et à Clarke aussi, qui lui lance un « je t’aime« déchirant avant de lui dire adieu, pour de bon cette fois.
Même si les quelques passages entre les deux personnages sont soulageants, l’on aurait aimé qu’ils durent plus longtemps et soient plus nombreux : comme quoi, elles n’auront jamais vraiment eu le temps de s’aimer, ni à l’écran, ni dans leur monde à elles. Lexa reste cependant la guerrière tenace qu’on connaissait, défendant Clarke corps et âme jusqu’à la fin, et partant sur une note épique. Tu nous manqueras, beaucoup.
D’ailleurs, les dernières séquences de l’épisode sont sur un fil ténu, en suspens, Clarke se retrouvant avec le sort du monde entre ses mains : ALIE parvient presque à la convaincre que la Cité des Lumières est la meilleure solution pour sauver l’humanité, les centrales nucléaires, vestiges de la guerre qui avait ravagé la planète près d’un siècle plus tôt, commençant à fondre et à libérer des ondes radioactives. Il ne resterait plus que six mois à l’espèce humaine.
Encore une fois, Clarke s’impose comme une héroïne admirable, rappelant à Jasper que la liberté de choix fait de l’Homme ce qu’il est, et que chacun devrait disposer de sa propre vie comme il l’entend : ce sont ses choix qui, depuis le début, forgent Clarke et l’ont mené à se réaliser. Elle préfère, avec raison, laisser l’humain s’épanouir consciemment, même pour une poignée de temps, plutôt que de le laisser se complaire dans un bonheur mensonger; elle-même aurait pu choisir de demeurer dans la Cité des Lumières, enfin réunies avec Lexa, mais, d’une grande force morale, c’est l’humanité qu’elle sauve, quand bien même cela l’affecterait personnellement. Elle sait, agit et assume.
Dans un autre versant, la dernière scène de l’épisode laisse avec une sensation douce-amère : Octavia tue Pike, qui l’avait pourtant sauvé quelques minutes plus tôt. Contrairement à Clarke, elle agit selon ses impulsions, avec les nerfs, sans qu’aucune règle morale ne puisse la régir : elle souhaitait venger Lincoln. Bien qu’on puisse contester ce geste, que certains désigneront comme immoral, justement, c’est son amoralité qui en fait un élément de fin intéressant pour une série qui brouille sans cesse les pistes et sait prendre des risques, là où on ne l’attend pas : de nouvelles portes s’entrouvent pour la prochaine saison. A quoi bon sauver l’humanité ? Tout le monde mérite-t-il d’être sauvé ? Peut-on pardonner l’impardonnable ?