Vous raffolez des teen-dramas ? Gossip Girl et Newport Beach sont vos péchés mignons ? Vous avez adoré Skins ? Nous avons découvert une série faite pour vous ! Cette fois, elle ne nous vient pas d’Outre-Manche ou de l’autre côté de l’Atlantique, mais de Norvège.
D’un autre côté, vous êtes peut-être fatigués de voir s’accumuler les clichés sur l’adolescence et ne vous reconnaissez pas, ou peu, dans des séries – qu’on ne se mente pas – ultra-idéalisatrices, surtout quand elle nous viennent des États-Unis. À part une poignée de petits chefs-d’œuvre authentiques (voir Freaks & Geeks, My so-called life ou encore le bijou télévisuel anglais cité plus haut), il me faut avouer que peu de séries ont su rendre compte de l’état d’esprit d’un adolescent lambda aujourd’hui.
Loin des péripéties improbables des teen-shows américains – qui laissent plus la sensation d’avoir raté sa vie qu’elle ne font réellement écho à nos situations – Skam se borne à raconter le quotidien d’une bande d’amis dans l’Oslo des années 2010. Des situations on ne peut plus banales autour des premières fois, de l’incommunicabilité avec des parents absents (dont on voit, en effet, rarement les visages), de l’acceptation de son homosexualité ou des tentatives d’intégration dans le microcosme lycéen. C’est cet aspect très terre-à-terre et ultra-naturaliste qui a sans doute eu son petit effet en Europe du Nord – 1,5 millions de spectateurs en moyenne, quand on sait que la Norvège comprend environ 5 millions d’habitants, c’est beaucoup ! – , où la série a atteint une popularité soudaine et abrupte, jusqu’à ce que sa réputation ne parvienne jusqu’à la Grande-Bretagne et la France, où de plus en plus de curieux ont fait des demandes constantes de traduction. Skam est à ce point populaire qu’un remake américano-canadien devrait voir le jour sous peu (après l’échec cuisant de l’adaptation U.S. de Skins, il y a de quoi se méfier…).
Ancrée dans son époque, la série l’est totalement : les personnages, qui se servent constamment des réseaux sociaux – pour espionner un crush (qui ne l’a jamais fait ?) – ou SMS, ont réellement des comptes Instagram ou Facebook alimentés en temps-réel et que les fans peuvent consulter parallèlement à la série. Malin ! C’est un moyen de maintenir le contact au-delà des frontières fictives. D’un point de vue purement formel, Skam a quelque chose du cinéma d’Ozu, une conceptualisation générale proche du néoréalisme italien : les personnages sont accompagnés caméra-épaule par de longs travellings, les actions sont minimes et les séquences peu découpées. C’est simple, il arrive qu’ils soient simplement en train de regarder par la fenêtre sans que rien ne vienne interrompre ces moments contemplatifs d’une pureté rare, à une époque où tout va bien trop vite pour que l’on ait conscience du temps qui passe (concept pourtant fondamental pour appréhender le réalisme de l’image-mouvement) ! Enfin, on se réjouit de voir que les silences réacquièrent une fonction à part entière dans des dialogues qui ont, eux aussi, quelque chose de maladroit et de spontané, de vrai en somme.
Certes, certaines situations prêtent à rire – à la limite de la parodie des teen-dramas américains, précisément – comme lorsque le beau gosse du lycée nous est présenté au ralenti sous fond de rap gangsta, pour en mieux souligner la satire, mais il y a des chances que vous vous retrouviez dans la douleur d’une adolescence qui se cherche à tâtons autant que dans ces petits instants de joie quotidiens, saisis à l’envolée.
Authentique et d’une grande justesse. Puis, la langue norvégienne sonne si bien !