« Quelqu’un de solaire, qui avait confiance en son pays (…). Il avait un horizon magnifique devant lui. Un gamin de Meudon qui voulait bouffer le monde. » Voilà le portrait que dresse Antoine Chevrollier de Malik Oussekine, un étudiant battu à mort par la police dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986. Disponible dès le 11 mai sur Disney +, la série Disney Oussekine rapporte l’avant, le pendant et l’après de ce terrible drame. Présents à la conférence de presse de lancement, JustFocus répond à toutes vos questions.
Oussekine, c’est quoi ?
La mini-série française de 4 épisodes produite par Disney + et réalisée par Antoine Chevrollier met en scène Sayyid El Alami (Malik), Hiam Abbass (Aicha, sa maman), Malek Lamraoui et Tewfik Jallab (les frères), Naidra Ayadi et Mouna Soualem (les soeurs) et d’autres acteurs. Elle raconte pour la première fois à l’écran les tragiques événements qui ont conduit à la mort de Malik Oussekine, à travers le regard de sa famille. Bien que basée sur le fait même de la mort du jeune homme, la série se concentre d’avantage sur la réception de la peine et le combat de la famille. C’est en effet l’histoire d’une famille qui subit la perte d’un membre sous la violence étatique et médiatique alors que l’affaire Malik devient une affaire d’état que s’arrachent les partis politiques.
Les acteurs insistent sur le fait qu’ils ne cherchent pas à imiter la famille Oussekine mais à rendre âme aux personnes qu’ils interprètent à travers leurs corps de comédiens et le talent du metteur en scène.
Malik, un portrait authentique ?
Bien que l’affaire ait été beaucoup documentée au moment où elle s’est produite, Antoine Chevrollier affirme qu’il connaissait très peu Malik au début de ses recherches. Il a aimé apprendre à le connaitre par le biais de sa famille car cela rendait le portrait plus authentique.
Ainsi, selon les dires du casting et des membres de la réalisation, Malik était un jeune homme d’exception. Il avait devant lui un avenir remarquable qui lui a été violemment arraché : « Étudiant d’origine franco-algérienne, c’était quelqu’un de solaire, qui avait confiance lui et en son pays et qui ne se posait pas la question du déterminisme social. Il était profondément intelligent et se posait mille questions. Il avait beaucoup d’humour et conscience de qui il était. Il avait un horizon magnifique devant lui. C’était juste un petit gamin de Meudon qui voulait bouffer le monde ». Tel est le portrait que tente de dresser le réalisateur dans la série Disney Oussekine.
D’où l’idée de réaliser la série est-elle venue ?
Tout juste âgé de 13 ans, l’attention du réalisateur Antoine Chevrollier est attirée par le nom de Malik Oussekine, mentionné dans l’album du groupe Assassin. Presque 20 ans plus tard, toujours préoccupé par ce nom, il décide de réaliser une mini-série sur les faits de cette fameuse nuit. S’en suit alors un immense travail de recherche dont le point de départ fut la mort de Malik Oussekine jusqu’à l’approfondissement sur l’avant et l’après. Dès le départ, Antoine Chevrollier savait qu’il souhaitait être accompagné par la famille et a accédé étape par étape à chacun des membres.
La famille Oussékine est-elle favorable au projet ?
C’est la question qu’on se pose toujours avant de regarder une série basée sur une vraie histoire et c’est normal. Rassurez-vous, pour la série Disney Oussekine, les choses ont été faites en bonnes et dues formes : le projet a été validé et supervisé par la famille.
Bien qu’elle soit éparpillée un peu partout, Antoine Chevrollier a réussi à contacter la famille encore vivante de Malik Oussekine. Certains membres ont souhaité rester à distance malgré leur validation tandis que d’autres ont été très présents sur le tournage.
Les acteurs ont raconté beaucoup d’anecdotes concernant la visites de la famille sur le plateau. Par exemple, Ben Amar et Mohamed appelaient certains acteurs par les noms de leurs personnages et non pas par leurs vrais noms.
Sayyid, l’acteur de Malik, raconte qu’ils ont passé beaucoup de temps à discuter de la vie, comme des grands frères avec leur petit frère, mais qu’ils mentionnaient rarement Malik.
Tous les acteurs présents étaient d’ailleurs d’accord pour dire que la validation des membres de la famille, et l’enthousiasme qu’ils ont montré face au projet, était plus important que toute la recherche réalisée en amont. Ils étaient rassurés de savoir que l’histoire n’était pas utilisée qu’à des fins personnelles et commerciales.
Pourquoi faire une série sur ce drame ?
Pour les personnes impliquées dans la création de la série Disney Oussekine, c’était une manière de rendre justice à Malik Oussekine. Implicitement, c’est aussi un hommage à tous les jeunes dont l’histoire a été tue jusqu’à aujourd’hui.
Dans un sens, c’est même une responsabilité pour tous les gens impliqués, car la série sera peut-être l’occasion pour l’audience de trouver des réponses à des questions tabous qu’elle peut se poser.
Un peu naïvement, ils espèrent que cela permettra d’éviter que d’autres Malik se fassent tuer. Et sinon, que cela ouvrira au moins la parole sur le sujet puisque elle informera d’autres jeunes d’une situation qui a été oubliée, effacée de l’histoire française.
Il s’agit aussi de donner de la visibilité à l’affaire pour la toute première fois. C’est un pan indispensable à la compréhension de la France et l’absence de justice raconte un sentiment d’exclusion qui empêche de panser les plaies du passé.
Les épreuves de cette famille s’inscrivent dans des dizaines d’années de l’Histoire de France. Avec cette série, les membres de la réalisation souhaitent prendre du recul pour montrer que l’histoire continue jusqu’à aujourd’hui. Il s’agit de panser les blessures transgénérationnelles.
Finalement, faire exister la série Disney Oussekine, c’est participer au devoir de mémoire.
Et le rôle de Disney, dans tout ça ?
Le processus de production a été très simple, semble-t-il. Antoine Chevrollier a été contacté par Itinéraire Productions puis par Disney FR, afin de travailler ensemble sur un projet de son choix. Il a tout de suite mentionné le projet Oussekine, qui a été validé : « Toute l’équipe de Disney + France ont compris mes intentions et les ont validées, le processus a été très fluide, » rapporte le réalisateur.
Les membres de l’équipe de réalisation n’avaient pas l’impression de travailler avec une si grosse enseigne puisque les équipes de Disney au quotidien ont été idéales et les ont accompagnés avec bienveillance, dans l’écriture, la fabrication et la post-production.
Ils ont été également agréablement surpris de la prise de risques de Disney, qui ont su leur faire confiance et ont permis à l’ouverture d’une brèche pour les autres films de ce genre. Pour Antoine Chevrollier, cela nécessitait une forme de courage car avant cela, la situation se résumait à « on peut le faire, mais personne ne le fait ».
Pour finir, une anecdote de tournage ?
Les acteurs ont raconté qu’Antoine Chevrollier les a convoqués un par un dans son bureau pour leur montrer une mallette appartenant à Malik. C’était celle que Malik utilisait quotidiennement et elle leur a été confiée par la famille. Elle était emplie d’effets personnels : montre cassée, bulletin scolaire… Et cela a permis à tout le monde de remettre les choses dans leur cadre et de redonner son humanité à Malik.
Et voilà pour les coulisses de la nouvelle série Disney Oussekine, disponible sur Disney + dès le 11 mai ! Si vous avez d’autres questions, n’hésitez pas à la poser sur notre page Twitter ou dans les commentaires !