Pour les habitués, le mois de juin est synonyme de retour d’Orange is the New Black, dont la diffusion de la saison dans son intégralité sur Netflix sert aisément d’excuse pour rester chez soi.
La saison 4 en elle-même est en demi-teinte, prenant du temps à se lancer en se complaisant dans ses sous-intrigues qui éveillent un ennui poli (Judy King), mais savant tout aussi bien distiller des moments de tension bouleversants et audacieux.
Le grand enjeu de la saison, qui sonne tragiquement en écho avec l’actualité, était celui de la division. Alors même que la saison 3 s’achevait sur un moment de communion euphorisant (avec la baignade dans le lac), la saison 4 commence sur les chapeaux de roues, avec l’introduction de nouvelles détenues et le sauvetage in extremis d’Alex par Lolly, sur le point de mourir étranglée par l’homme de mains de Kubra, son ex-employeur.
Si les détenues avaient préalablement, et dans une certaine mesure, tissé des liens extra-communautaires avec leurs voisines, l’heure est désormais à la guerre. En effet, les personnages s’installent dans un communautarisme dérangeant, instaurant une sorte de guerre de clans entre blanches / latinas / afro-américaines qui s’étendra sur toute la saison, et aura des conséquences dramatiques.
La tension monte également du côté des gardes, dont l’effectif est complété par des vétérans de l’armée aux pratiques contestables, voire cruelles : humiliations, fouilles à la tête, violences illégitimes. Les personnages ne savent plus à qui donner leur confiance et finissent par se complaire dans un individualisme exaspérant (Piper, dont les choix dans la saison sont révoltants), réduisant à néant la solidarité féminine qui les liait préalablement.
L’avant-dernier épisode voit la mort d’un personnage important, peut-être le plus sympathique d’entre tous : Poussey, tuée involontairement par la maladresse de Bailey, le garde juvénile. Cette disparition tragique et totalement inattendue, devient alors l’axe de gravitation du season finale, qui explore le deuil auquel ses camarades vont devoir faire face, ainsi que la manière à laquelle les détenues vont y répondre, avec des flashbacks touchants sur la vie de Poussey avant Litchfield, qui l’érige définitivement comme une personne chaleureuse, ouverte et joviale.
Le climax de l’épisode, jouissif, se situe à l’opposé de celui de la saison précédente, avec la révolte (tant attendue) des détenues, qui unissent enfin leurs forces pour la bonne cause, mettant de côté leurs différends en prenant possession de la prison, dans une conclusion relativement positive.
La dernière séquence est en cela intense, puisque Daya, que sa mère, fraîchement libérée, espérait voir rester tranquille, s’empare de l’arme d’Humphrey, le garde sadique, et la lui pointe sous les yeux de la prison, en liesse.
Ce cliffhanger n’augure rien de bon et donne assurément envie de voir la suite. On espère juste qu’il permettra un développement sur le long-terme, et que la série saura rebondir, et ne sombrera pas dans une routine regrettable.