Game of Thrones, c’est encore fini. Pour les fans, ça signifie un an de patience, d’anticipation, de théories farfelues ; mais c’est peut-être aussi l’occasion de replonger dans les saisons précédentes, la fin de la série commençant à pointer le bout de son nez. En tout cas, un retour sur l’épisode 10 s’impose. Notre critique du season finale de la saison 6.
Winter is here, Winter has come, annonce Sansa à Jon Snow, perchés en haut des murs de Winterfell qu’ils ont récupérés dans l’épisode précédent. « Père nous l’avait promis », répond-il. En effet, depuis cinq ans, Game of Thrones vrombit dans l’attente inquiète de l’hiver qui arrive, tel qu’annoncé prophétiquement dès les premiers épisodes de la série. Et il est enfin là. Alors que le couple de showrunners avait récemment déclaré qu’ils espéraient environ huit saisons pour conclure l’intrigue des Sept Couronnes, la saison 6 laisse l’impression que c’est le début de la fin, certains arcs narratifs trouvant leur point d’orgue.
Ce sentiment se situe en cela que les « bons » parviennent, comme rarement, à s’en sortir. Les Stark, qui souffrent des pires horreurs depuis le début de la série, reprennent enfin du poil de la bête. Il suffit d’observer Sansa et Jon se raviver entre les murs de Winterfell pour comprendre qu’ils ne sont pas prêts d’en partir, et de voir l’intensité avec laquelle les seigneurs du Nord prêtent serment à Jon Snow dans les dernières minutes de l’épisode, après les clameurs de Lyanna Mormont en sa faveur ; sans conteste la nouvelle héroïne de la série.
Et tandis que Sansa se voit offrir le titre de seigneur de Winterfell par son frère, qui reconnaît qu’il n’aurait jamais pu vaincre les Bolton sans elle, ce-dernier laisse finalement derrière lui ce statut de bâtard qui lui collait à la peau. Sansa lui affirme qu’il est un Stark pour elle, et la petite héroïne qu’elle se fiche de ses origines, le sang de son père coulant dans ses veines… Ou pas.
Parmi les théories de fans les plus influentes, celle qui concerne précisément les parents de Jon Snow, trouve confirmation dans l’épisode. R+L=J. Rhaegar Targaryen + Lyanna Stark = Jon Snow. Jon est donc un Targaryen, du moins en partie, et il n’est que le neveu de Ned Stark, tel que le découvre Bran dans son ultime vision. Cela fait aussi de lui le neveu de Daenerys, Rhaegar était son frère aîné. Tout est lié, et le titre des romans originaux, A Song of Ice and Fire, trouve ici sa résonance. Et si Jon, l’union du feu et de la glace, était réellement Azor Ahaï ? Quoi qu’il en soit, celui-ci embrasse une bonne fois pour toutes sa destinée de héros.
Arya quant à elle, semble être revenue à sa quête première : celle de venger sa famille. On la découvre ainsi en tant que sans-visage, égorger Walder Frey, l’un des nommés de sa liste. Qui sera le prochain ? Et pourra-t-on enfin voir Arya retrouver sa sœur et ses frères dans la prochaine saison ? Chacun des membres de la famille Stark, dans cette saison, aura trouver sa voie, sera définitivement devenu quelqu’un, forgé entre la résilience et un profond désir vindicatif. La boucle est bouclée.
De l’autre côté de Westeros, Cersei aussi semble être redevenue telle qu’on la connaissait à ses débuts : calculatrice, impitoyable, bien que toujours terriblement humaine et touchante. Alors qu’un an auparavant elle défilait nue dans les rues de Port-Réal sous les regards humiliants de la population, elle s’assoit désormais sur le trône de fer (l’avait-elle prévu?), fière, et plus forte que jamais. En effet, les feux grégeois précédemment évoqués par Tyrion n’étaient pas non-plus inconnus à sa sœur qui s’en sert pour mettre fin au règne du Grand Moineau et de ses septon abusifs et fanatiques, tuant par la même occasion Loras et Margaery Tyrell ; cette dernière que l’on regrettera profondément.
Dans un tiers temps, c’est Daenerys elle-même qui arrive à ses fins, parachevant (presque) son retour à Westeros, les enfants Greyjoy et les Dothrakis à ses côtés, sans compter sur Varys, qui négocie des alliances avec l’endeuillée Olenna Tyrell et les Martell de Dorne. La dernière séquence, qui expose la flotte targaryenne exponentielle filant vers Port-Réal laisse augurer du meilleur à venir pour Daenerys, qui risque bel et bien de déloger les Lannisters et de récupérer le trône qui lui est dû. Une alliance avec les Stark est-elle envisageable, sachant qu’ils ont sous leur drapeau toutes les maisons du Nord, et qu’un affrontement entre Stark et Targaryen semble difficilement envisageable ? En tout cas, Cersei va sans doute rapidement déchanter. La boucle est (encore) bouclée.
Les deux derniers épisodes de la saison 6 s’inscrivent en tout cas parmi les meilleurs de la série, et la saison entière permet de rattraper les quelques erreurs qui avaient pu ternir la cinquième et nous laisser un arrière-goût d’inachevé. Tout prend enfin sens ici, et Game of Thrones s’impose définitivement comme l’une des meilleurs séries de sa décennie, retrouvant ses lettres de noblesse et quittant ses spectateurs avec un vide au cœur et la sensation d’avoir assisté à quelque chose de grand, du moins à l’un des dénouements les plus puissants jamais observé à la télévision.
Vivement l’année prochaine.