Désormais diffusée sur M6 chaque jeudi soir, nous avons regardé la nouvelle série de Marc Cherry (Desperate Housewives). Celui-ci fait le pari d’une série d’anthologie avec Why Women Kill, narrant la vie de trois femmes à différentes époques. Les saisons seront donc indépendantes les unes des autres. Attention, spoilers !
Dans la lignée de son aînée, Why Women Kill s’annonce prometteuse. Grâce à un casting bien sélectionné et aux trois intrigues distinctes, les premiers épisodes nous embarquent aisément dans les mésaventures de couples en crise. Les scènes comme les époques s’enchaînent avec une certaine facilité, sans nous perturber, grâce à un scénario fluide et efficace.
La série démarre avec un générique type comics, oscillant entre clichés sexistes et femmes qui s’empressent de les briser. L’histoire s’annonce immédiatement mordante. Il n’y aurait pas pu avoir meilleur choix que le classique musical « L-O-V-E » pour en dire toute l’ironie.
Par ailleurs, l’esthétique colorée de Why Women Kill dessine un illusoire tableau de perfection, contrastant parfaitement avec la thématique sombre. Celle-ci lie trahisons et meurtres.
La scène d’ouverture avec présentation de chaque relation par l’homme, sur fond noir, met les trois histoires sur un pied d’égalité dès le pilot.
Le style Marc Cherry
De la même manière que dans Desperate Housewives, les héroïnes vivent dans une banlieue américaine aisée, à Pasadena. Le décor principal et commun à chaque histoire est cette maison qu’elles habitent chacune leur tour. Pelouse toujours impeccable, architecture d’intérieur suivant les époques de ses propriétaires, l’idée est astucieuse. Ainsi, la série se construit sur de multiples retours en arrière.
Suivant les codes du soap opera, chaque couple paraît parfait : classe sociale supérieure, beauté, apparences. Par ailleurs, on apprécie la diversité d’origines des héroïnes.
Marc Cherry rassemble également les ingrédients qui font le succès de ses séries. Secrets et trahisons, comédie et drame, amitiés ou crêpages de chignon sur fond de solidarité féminine (parfois intéressée) il dépeint ces femmes en nuançant ces impressions de perfection.
Ces personnages féminins hauts en couleur, semblent être l’héritage direct du quatuor de Desperate Housewives. Si chacun des couples évolue, traversant des crises différentes, chaque protagoniste est unique. Les hommes ne sont pas en reste, mais nous semblent vivement critiqués, enchaînant clichés de l’infidélité et de l’indifférence vis-à-vis de leurs épouses.
Les dialogues entre les hommes et les femmes à eux seuls nous régalent, tant ils sont piquants. Rien que dans leur écriture, on retrouve ce qui nous plaît tant chez Marc Cherry.
Une critique incisive des rapports hommes-femmes
Ici, les hommes apparaissent particulièrement coupables, tandis que les femmes prennent le contrôle de la situation. Plus que des couples, ce sont des trios amoureux qui se construisent au fil des trahisons. Les réactions des trois héroïnes sont en cohérence avec leur époque et les mœurs qui y sont liées.
Beth Ann (Ginnifer Goodwin), femme des années soixante, nous rappelle particulièrement la brillante Bree Van De Kamp. Sous ses allures de femme et d’épouse parfaites, elle peut s’avérer redoutable. Elle est à elle seule le personnage le plus attachant de la série, mais représente également une vive critique de la dépendance à un homme et de l’idéalisation de celui-ci.
Excentrique et toujours tirée à quatre épingles, Simone (Lucy Liu) serait quant à elle une Gabrielle Solis à la sauce eighties. Cliché d’une femme de la haute société, elle subit la pression des apparences et le monde superficiel auquel elle appartient. Là encore, la satire est violente.
En ce qui concerne l’intrigue de Taylor (Kirby Howell-Baptiste), le scénario cherche à déconstruire les clichés du polyamour tout en soulignant ses limites et difficultés au quotidien. Thème encore peu abordé dans les séries, il apporte de l’humanité au trio formé par Taylor, Jade (Alexandra Daddario) et Eli (Reid Scott). Alors, on s’interroge sur ces différentes manières d’aimer et la sincérité des relations entre les personnages.
Si l’on pensait que le meurtre serait une simple réponse à la trahison, le cheminement s’avère plus complexe qu’on ne le croyait. Cela attise alors notre curiosité, concernant les réels motifs des meurtres, quand nos héroïnes atteindront le point de non retour.
Ainsi, ces premiers épisodes de Why Women Kill sont parvenus à nous séduire, plantant parfaitement le décor de cette nouvelle série. Assez convaincant pour que nous soyons présents jeudi prochain, nous espérons que la suite nous réservera de nombreux rebondissements !