[Critique] The Get Down, pilote : immersion percutante dans les prémices du hip-hop

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En août dernier, Netflix rendait disponible les 6 premiers épisodes de sa nouvelle série The Get Down. A l’occasion de la sortie de la deuxième partie de saison composée de 5 épisodes, JustFocus vous propose une critique de l’épisode pilote…

Dans un Bronx des années 70 dangereux et en ruines, The Get Down a ainsi choisi de s’intéresser à la naissance du hip-hop dans ce contexte peu propice à la création. Créée par Baz Luhrmann, à qui on doit notamment Roméo + Juliet et Gatsby le Magnifique mettant tous les deux en vedette Leonardo Di Caprio, cette nouvelle série Netflix peut susciter de nombreuses interrogations. Elle est d’ailleurs la série la plus coûteuse de l’histoire de la plateforme américaine : 120 millions de dollars pour seulement 11 épisodes, soit plus de 10 millions de dollars par épisode. A côté, la production de la première saison de Sense8 tournée dans le monde entier, avait coûté 108 millions de dollars.

Dans cet épisode, on est donc amenés à suivre une bande de jeunes fans de disco fascinés par Shaolin, une sorte d’acrobate tagueur. Parmi eux, on s’attache surtout à Ezekiel dans sa quête de séduction envers Mylene au milieu d’une ville plongée dans la pauvreté, le trafic de drogue et les règlements de compte entre gangsters. Sans qu’on se retrouve perdus, de nombreux thèmes sont ainsi abordés mais ce pilote de plus d’1h30 est pourtant loin d’être ennuyant et retrace aisément les prémices du hip-hop.

 

Les références Hip-Hop de the Get down

Petit rappel, le Hip-Hop s’organise autour de 5 piliers:

  • Le Rap: les rappeurs sont aussi appelés « MCs » ou « Maîtres de Cérémonie » en français et pratiquent également:
  • Le Beatboxing 
  • Le Break dance, la danse des « B-Boys » (qui comporte la danse debout, ou au sol, les battles, le popping…)
  • Le Graffiti (que l’on retrouve sur le métro New-Yorkais dans la série)
  • Le DJing  ou l’art du DJ de mixer et scratcher des disques (nos vieux vinyles)

Dans The Get Down, le DJ virtuose Grandmaster Flash vient d’inventer ses techniques (de scratch). Il n’a pas encore sorti son album fondateur, The Message, et son single culte du même nom. Il dit:

« Personne ne demande les ingrédients qui ont fait naître le hip-hop : je vais vous le dire, il y a Kool Herc, Africa Bambattaa et moi. Kool Herc avait la banque de sons la plus incroyable que j’aie jamais vue. Si je dois me définir, je dirais que j’étais le plus technicien des trois », explique le musicien, venu transmettre sa passion à Londres auprès d’un petit groupe de journalistes pour la sortie de The Get Down.

C’est aussi précisément le Jamaïcain Kool Herc qui s’inspira des chanteurs Reggae de son pays pour créer le rap qu’il introduit à New York dans le quartier du Bronx. Ce DJ organisa alors les premières fêtes de quartier Hip Hop que l’on nomma Block Parties. De nombreux concours de DJ-ing, B-Boying et MC-ing, et de « Battles », furent organisés lors de ces soirées, comme l’illustre bien la série. Le Hip Hop est ainsi né il y a 30 ans d’un mouvement d’une jeune communauté, pour évoluer vers une culture mondialement reconnue.

Pendant les premières années du Hip-Hop, la vaste majorité du genre est underground, par définition. Tandis que Sugarhill Gang se popularise en 1979, la majeure partie des musiciens ne se populariseront quant à eux, pas avant le milieu des années 1980.

Consacrée à l’année 1978, cette seconde partie de saison réussit encore là où Vinyl, la série sur le rock produite par Martin Scorsese pour HBO, a échoué: jouer à fond sur le caractère iconique de ses personnages pour mettre en scène une époque charnière. Le South Bronx de l’époque est en majorité Latino et Noir. Là-bas, entre les décombres de quartiers entiers laissés à l’abandon ou gangrenés par la pauvreté, quelques DJs rois de leur blocks, dont Grandmaster Flash, Afrika Bambaataa et Kool Herc, inventent le son des décennies à venir, que personne n’appelle encore hip-hop.

Le personnage d’Ezekiel, très justement joué par Justice Smith, représente sa génération. C’est à travers lui que l’on vit la naissance de cette nouvelle culture, sa première block party et ses premiers mots rappés avec hésitation au son du vinyle. Il est le pilier de la série. Mais beaucoup d’intrigues viennent se superposer, sans jamais se gêner, à l’image des différents piliers du Hip-Hop: on y retrouve notamment la guerre des gangs, les complications d’une chanteuse déterminée qui veut percer dans la cour des grands malgré son origine sociale, la politique d’urbanisation (avec des images d’archives du New York d’époque), la culture du graffiti et même des références à la mythologie du kung-fu. Le personnage de Shaolin Fantastic par exemple, qui se déplace en faisant du parkour de building en building, représente bien cela. On peut également noter la subtile référence au Wu Tang Clan, de New York (quoi que, plutôt de Staten Island que du Bronx) qui se disait issu de « Shaolin Land ».

 

Une reconstitution historique magnifique

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Au niveau de la réalisation, ce pilote enchaîne images réelles, images d’archives et images tournées sur fond vert, ce qui peut être parfois déroutant. Les images d’archive sont cependant une réelle bonne idée car elles permettent une immersion réaliste dans le contexte de l’époque. Plus que de la fiction, The Get Down nous transporte dans le New York des années 70 de la meilleure des manières. La photographie à la fois nocturne et colorée du réalisateur australien utilise d’autant plus beaucoup de couleurs flashy qui sont un plaisir pour les yeux.

D’un autre côté, la musique n’est pas en reste et c’est aussi grâce à la bande originale que la série transpose au mieux son univers. Comme une manière de garder le ton, afin de ne pas oublier qu’on regarde une série sur le hip-hop, elle n’abandonne la musique de fond quasiment à aucune minute. Que ce soit Michael Kiwanuka, Donna Summer ou bien le célèbre Daddy Cool de Boney M, la série mélange morceaux actuels et morceaux de l’époque.

Cette reconstitution des années 70 est aussi brillamment réalisée grâce aux acteurs. Incroyablement crédibles et pétillants, ils sont des recrues de grand choix ! On pensera notamment à Justice Smith, interprétant de manière sensible Ezekiel et à Herizen Guardiola, la pétulante Mylene. De plus, retrouver des têtes connues fait très plaisir ! On a ainsi reconnu Giancarlo Esposito, le grand Gus Fring de Breaking Bad, dans le rôle du père de Mylene mais aussi Jaden Smith jouant Dizzee.

 

https://www.youtube.com/watch?v=usv442G6H8A

 

Baz Luhrmann, a su, grâce à ses personnages hauts en couleurs, redonner de l’éclat au quartier du Bronx en ruines. Il nous propose une vision réaliste et musicale des années 70 à travers de nombreuses intrigues et une réalisation de haut vol. L’immersion est donc totale et instantanée… La deuxième partie de la saison 1 est enfin arrivée, à vos écrans ! Une critique de celle-ci arrive prochainement…