Atlanta a touché à sa fin en novembre dernier, Donald Glover revient aux côtés de Janine Nabers (connue entre autres pour la série Watchmen) en tant que créateurs d’une série bien particulière : Swarm. Comédie d’horreur, critique sociétale, discours acerbe sur le fanatisme… C’est avec intelligence que le mélange de genres se fait parfaitement et nous emporte dans une aventure étrange ; celle de Dre, une jeune fille qui se transforme en tueuse en série après la mort de sa meilleure amie.
Terreur et marrade
Swarm est une série qui sait jouer de l’absurde avec un trop plein d’informations hilarant qui n’oublie jamais de faire attention aux détails. Elle s’amuse aussi avec les clichés du slasher, ce sous-genre de l’horreur qui a pour habitude de faire couler des litres de sang de la plus inventive des manières sur un fond de jeunesse révoltée et un peu bête. Du visionnage ressortent de multiples émotions qui se succèdent dans un ordre désorganisé : terreur, rire, malaise, choc, tristesse… La série joue avec les nerfs de son spectateur et l’embarque dans une aventure à double tranchant, dans un monde vraiment très étrange et perturbant qui ne se prive de rien, qui est dégueulassement ridicule et ce pour notre plus grand bonheur. Ce mélange parfaitement maîtrisé rend le tout fascinant, on pourrait même dire hypnotisant. Les 7 épisodes défilent avec aisance tout en faisant monter la curiosité.
Critique sociale coup de poing
on se moque allègrement de la pop-culture et des fans dévoués. La « stan culture » est vivement critiquée ; le mot « stan » étant un mélange des mots fan et stalker mis en avant par Eminem dans sa chanson éponyme en 2000. Cette dite culture est partagée par différentes fandoms, avec certains fans qui donneraient tout pour leur artiste ou célébrité préférée. Dans le cas de Dre, elle tuerait tout ceux qui ne sont pas accro à Ni’Jah, une parodie assumée de Beyoncé. Un coup de poing dans la stan culture qui n’y va pas de main morte et le fait, toujours, avec humour. Une sorte de récit générationnel qui prend racine en 2017, une époque où les réseaux sociaux étaient le pain béni des fandoms diverses. On y fait même référence au début de la série quand on découvre que Dre tient un compte Twitter dédié à Ni’Jah. L’aspect grandiloquent et graduel de
Swarm
pousse cette critique de plus en plus loin, mais ce n’est pas la seule chose qui est attaquée. La série caricature aussi la réaction de la société face au succès immense d’une femme noire aux Etats-Unis et pique là où ça fait mal. La satire est parfaite et reprend tous les codes de la stan culture et ses fantasmes, avec une pique très juste au racisme et au sexisme qui s’approche plus de la réalité que de la parodie.
De nombreuses qualités
Swarm se tient du début à la fin avec une pâte qui lui est propre et qui bénéficie de ses nombreuses inspirations. Des airs d’Euphoria, plus globalement de production A24, comme pour toucher au plus près cette génération Z que l’on moque : une attention toute particulière portée à l’image avec une colorimétrie distincte, un format d’image particulier (du 3:2 ce qui n’est pas commun) et du grain ; sans compter l’importance de la musique pop, les vêtements mémorables, l’univers d’ado perdu et les bizarreries avec en cerise sur le gâteau des pop-stars mondiales en guest comme Chloe Bailey ou Billie Eilish. La série est d’une qualité artistique et technique impressionnante, et elle a en plus de ça tout pour plaire à la génération qu’elle titille. Elle peut se targuer d’être iconique et les performances de Chloe, Billie et même et surtout celle de l’actrice principale Dominique Fishback sont impressionnantes. On peut le dire, Swarm avait tout pour réussir et ne rate pas son objectif.
une Dominique Fishback stellaire dans un monde étrange qui nous emporte du début à la fin, avec ses airs lointains de The End of the F***ing World, Swarm est une belle réussite de ce début 2023.
Swarm est disponible dès maintenant sur Prime Video