Netflix continue ses voyages documentaires : après le succès du magnifique Notre Planète et son immersion dans les différents biomes terrestres, voici le tour d’un périple plus lointain vers les exoplanètes qui peuplent notre univers. Avec ses promesses de mondes imaginés et recréés selon les lois physiques et biologiques de la Terre, Les Mondes extraterrestres nous embarque vers quatre planètes fictives à la découvertes des espèces qui les peuplent et leurs modes de vie. À moins qu’il ne s’agisse là que d’un prétexte à l’émerveillement terrestre ?
Questions universelles de la vie extraterrestre
Les Mondes extraterrestres se pose comme une fiction qui se veut répondre négativement à la question universelle de l’humanité : sommes-nous seuls dans l’univers ? Cette perspective d’autres formes de vie, rassurante ou effrayante selon les points de vue et les films d’OVNI regardés, est racontée ici à travers l’exemple fictif de quatre planètes, qui ont chacune leur spécificité : Atlas, qui enregistre une gravité bien plus haute que sur Terre, Janus, la planète sans rotation aux deux faces extrêmement opposées, Eden et ses deux étoiles, et Terra, sorte de future Terre qui abrite une autre forme d’intelligence.
La nouvelle série Netflix fait le pari assez risqué de mettre des images sur les rêves humains les plus fous, en s’appuyant sur la science et sur ceux qui la font. Entre les mammifères volants qui n’ont plus besoin de se poser, les espèces de singes carnivores et leurs bras élastiques, et les aliens sortis de leur enveloppe charnelle, vivants tous dans des biomes riches et contraignants, la possibilité d’une autre forme de vie nous paraît bien belle et alimente les croyances incroyables d’une solitude qui ne serait plus.
Fiction prétexte pour un documentaire centré sur la Terre
Très vite, Les Mondes extraterrestre reprend les codes du documentaire animalier, pour dans un premier temps les déjouer : avec des environnements entièrement créés en CGI, qui offrent un très beau rendu unique à chaque planète, on se plaît très vite à croire et à s’émerveiller devant ces animaux inexistants, qui par les explications scientifiques nous semblent logiquement et bizarrement réels. La série nous surprend même parfois à détruire l’imaginaire autour de ce genre qui se veut le plus réaliste, en nous posant la question de la fiction derrière la caméra, et de la recréation d’une nature artificielle pour fabriquer un documentaire le plus esthétique possible.
Ces formes de vie extraterrestres et leurs environnements s’appuient toutes sur des évolutions observées sur la Terre, qui vont faire l’objet d’études réelles. Ces moments de fiction à travers l’univers sont donc très (et parfois trop) fréquemment entrecoupées de passages documentaires sur ces comportements terrestres. Cette série qui se voulait fictive se transforme ainsi au fur et à mesure en un prétexte habile mais trompeur pour raconter la vie sur notre bonne vieille planète, de ses environnements hors du commun à ses espèces animales méconnues. Après donc avoir déjoué les codes, Les Mondes extraterrestres retourne tout aussi vite dedans, avec au fur et à mesure l’observation de créatures certes bien pensées et réalistes, mais qui parfois tombent dans la facilité des images communes. Ainsi on retrouve rapidement une structure très redondante entre les épisodes, avec l’alternance d’un comportement terrestre qui inspire un comportement extra-terrestre, et ainsi de suite. Et les nombreuses images en CGI réutilisées deux voire trois fois par épisodes renforcent cette impression de lassitude, qui s’installe inexorablement.
Malgré une belle ambition, Les Mondes extraterrestres reste cependant très « terre à terre », et les quatre épisodes de cette première saison servent avant tout de prétexte pour un émerveillement de la nature terrestre certes essentiel, mais peut-être pas attendu dans cette promesse d’un voyage extraterrestre. Il n’en reste pas moins un très beau documentaire, trompeur dans sa manière de s’annoncer, mais fascinant dans ses sujets traités et ses images fictives.