[Interview] Patrice Vigier – du métier de luthier au 1er album de Summer Storm

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Summer Storm, le groupe de Patrice Vigier a sorti son premier album First, le 28 septembre. Nous avons eu la chance de rencontrer son fondateur pour parler de ce nouveau départ.

Derrière le groupe Summer Storm, se cache Patrice Vigier, célèbre luthier, créateur et fabriquant de guitares légendaires qui ont déjà parcouru le monde dans les mains des guitaristes de groupe comme Deep Purple, Black Sabbath, Led Zeppelin, Simple Minds ou encore les Guns N’Roses. Une réputation qui n’est plus à faire et pourtant, ce projet est un véritable nouveau départ.

Patrice Vigier, luthier de talent

Le métier de luthier n’est pas un métier commun. Comment s’est fait ce choix de carrière ?
Dieu m’a vu et il m’a dit : « Toi, tu seras luthier. » (rires)
Dans les années 70, je suivais des études d’informatique. J’étais un peu repéré dans le lycée parce que j’étais une grande gueule. C’était après 68. Un jour ils ont décidé de faire des exemples et je me suis fait renvoyer. C’était très injuste. Je me suis retrouvé dans la nature et comme je jouais déjà de la guitare, je me suis mis à prendre des cours de guitare classique et d’harmonie… J’avais une guitare haute gamme américaine qu’on m’avait recommandée, mais j’en étais pas content. Alors j’ai commencé à travailler dessus. J’étais doué de mes mains et je voyais qu’il y avait beaucoup de choses à améliorer. Je vivais en banlieue et j’avais un copain qui avait un magasin de musique à Paris. Je lui ai demandé si je faisais de la réparation de guitare, je pouvais voir mes clients dans son magasin et il a accepté. C’est comme ça que j’ai commencé : j’ai fait de la réparation et puis très vite, j’ai fait mes propres guitares parce que je savais que je voulais en créer d’autres.
Jusqu’en 80 où j’ai monté Vigier guitars.

Comment es-tu parvenu à te faire une réputation ?
J’avais plein d’idées, j’étais doué. J’avais 22 ans quand je suis arrivé sur le marché et j’avais l’ambition d’aller à l’export contrairement aux frère Jacobacci qui étaient les seuls à avoir une réputation en France. J’ai présenté des instruments qui étaient innovants avec la Fretless. Pour le marché français, c’était très rafraîchissant et la presse m’a tout de suite suivi ; ça m’a beaucoup aidé a décollé. En 82 on a sorti une guitare avec un manche en carbone puis une guitare à mémoire… A l’époque un microprocesseur dans un instrument ! Il n’y avait pas d’ordinateur dans les maisons. Et puis on a eu beaucoup de groupes à l’international : Kajagoogoo, Simple Minds et plein d’autres qui étaient dans le top des charts et dont les vidéos tournaient. Dès le départ je savais que je ne ferais pas de l’industriel. Je voulais faire les meilleures guitares du monde mais pas des guitares à la chaîne donc j’étais limité. En 86 j’ai fait une société de distribution qui s’appelle High Tech Distribution et qui m’a permis de faire du business en parallèle.

Ta Plus belle rencontre ?
Je peux pas dire. Je risquerai de me fâcher avec les autres (rires) il y en a eu plein…

La Création dont tu es le plus fier ?
La guitare Fretless que j’ai présenté en 80. En 17 ans, j’en ai vendu une, à Arto Soukiassian, un artiste sertisseur qui a bossé pour tous les grands (Dior…). C’est le seul qui l’a acheté et Bumblefoot qui a joué dans les Guns N’ Roses en a fait quelque chose. Quelqu’un comme lui a intéressé les autres à cet instrument : après seulement on a commencé à en vendre. Il y a encore plein de choses à faire avec cette guitare. Aujourd’hui, Bumblefoot joue avec dans Sons of Apollo avec son double manche !
Et puis il y a le modèle Georges Vigier : j’y suis attaché parce qu’il porte le nom de mon père. Ce n’est pas moi qui est choisi le nom. J’ai proposé à la communauté Vigier sur internet de voter en expliquant le pourquoi des multiples choix proposés et ils ont choisi celui-ci.

Patrice Vigier, guitariste de Summer Storm

Quel a été le déclic pour passer d’artisan à musicien ? Un désir de devant de scène ?
C’est pas un déclic. J’ai consacré ma carrière à la musique donc ça fait parti du tout. Mais ma difficulté, c’était de faire ça parallèlement à mon métier. En tant que fabriquant, je sais ce que je vaux… en tant que musicien j’ai pas les même prétention. J’ai pas envie de détériorer l’image que j’ai en tant que fabriquant par un projet que je veux sérieux et je sais qu’il va être jugé. Je ne voudrais pas que ça touche à la réputation de mes guitares.

Comment est né Summer Storm ?
C’était long, j’osais pas et j’en ai parlé avec Pascal Mulot qui m’a encouragé. Il en a parlé à Aurélien Ouzoulias de Mörglbl. Lui aussi a été très emballé. Mais il me fallait un chanteur et je voulais Renaud Hantson. Alors Pascal l’a appelé devant moi et il a tout de suite été intéressé ; il a un attachement spécial avec la marque alors il a dit “Ok” pour un morceau. J’étais déjà super content ! Et la musique lui a plu, donc il a finalement tout fait !

C’est Pascal qui a réussi à fédérer le projet. S’il n’avait pas été là, ça aurait été plus compliqué.

Summer Storm, le projet rock de Patrice Vigier

J’ai lu que Renaud Hantson a composé les mélodies et écrit les paroles ?
Oui ! Moi j’ai composé toute la musique, les arrangements et la production. J’ai livré l’album fini et quand Renaud est arrivé, il a posé son chant dessus. Il était libre et ça m’intéressait qu’il apporte quelque chose. Maintenant que je le connais mieux, je sais que de toute façon il fait ce qu’il veut. Je n’ai rien touché, c’était authentique. C’est vraiment un grand !
Le seul truc que je lui ai demandé, c’est pour le morceau GV, en hommage à mon père… On a parlé de lui et il a capté la relation que j’avais avec mon père. C’est quelqu’un de très sensible et il a réussi à synthétiser tout ça dans ce morceau.

On parle de Summer Storm comme d’un groupe de rock classique progressif. Classique dans quel sens ?
Alors j’avais musette, mais je l’ai pas retenu… Musette classique, non… Musique classique, non plus… (rires).
Dans le sens rock qui vient des année 70, un retour aux sources. Tu as aussi hard rock, classique rock, rock progressif, mélodique rock… Je m’en fous en fait, c’est juste pour orienter un peu. Un morceau comme Whoever You Are fait penser à Deep Purple et je l’assume pleinement, ça fait parti de mes influences. Mais quand je fais de la musique je ne cherche pas à caler des références. Pour Natural Born Lover, j’étais dans Mozart. Le morceau instrumental s’appelait Mozart Killed. Mais avec l’apport de Renaud, il a pris une autre tournure. Les influences sont diverses quoiqu’il en soit. L’album n’est pas surproduit, c’est peut être ce qui fait penser à cette époque là. Je voulais quelque chose qui soit simple.

Le projet semble avoir mûri de nombreuses années. Qu’est-ce qui a pris le plus de temps ?
Quand je compose, je fais et je refais jusqu’à ce que ce soit ce que je veux. Souvent, je prends du temps parce qu’il faut laisser reposer, et prendre du recul, oublier ce que t’as fait pour avoir une vision nouvelle. Quand tu l’entends, il faut que ça coule.
L’album ça fait 2 ans qu’il est fini, mixé. Le mastering on l’a fait plus tard. Et j’ai bien fait d’attendre parce qu’il y a 2 ans le titre Free Days était encore instrumental. Renaud ne le sentait pas.Il a mis des paroles dessus que tardivement. On l’a enregistré en début d’année. Il y a 2 morceaux instrumentaux sur lesquels il est impossible de mettre du chant. Celui-là je savais que c’était difficile. Et un jour il a eu une idée, il est rentré en studio et il m’a fait ça d’une traite comme il a l’habitude… Ce mec est un génie !

Aurélien Ouzoulias à la batterie et Pascal Mulot à la basse.Est-ce que le groupe n’est pas la deuxième vie du groupe Satan Jokers finalement ?
Pour moi ce n’est pas comme ça que je le vois. Je connaissais Satan Jokers de loin, des années 80… mais je les voyais chacun avec leur autres projets, avec leur propres particularités et identité musicale. Le projet est différent de Satan Jokers, mais je veux bien qu’on compare parce que finalement tu ajoutes un guitariste et ça fait quelque chose de complètement différent.

D’où vient le nom du groupe ?
J’ai cherché pleins de noms mais ils étaient tous déjà pris. Et un jour ma fille me dit : “Pourquoi tu l’appelles pas tout simplement Summer Storm”, comme l’une des chansons. Et c’est devenu évident : ça correspond bien à ce qu’est le projet. A la fois la tranquillité et le chaos. Le nom était libre, c’était bon.

Summer Storm, un projet ambitieux

Premier album First est sorti fin septembre. Le programme est déjà établi pour l’année prochaine avec un deuxième album fin 2019 puis un CD/DVD…
Si tout va bien…

Pourquoi ne pas avoir commencé avec un premier Ep pour tâter le terrain ?
Pour moi, un album c’est un tout. Un single ça veut rien dire. On a sorti la vidéo de Whoever You AreLe problème c’est que ça induit en erreur parce que c’est un titre parmi les 9 autres. C’est pas forcément représentatif des autres. C’est un ensemble. Je ne me voyais pas sortir d’Ep avant.

Ce premier album est décrit comme classique rock et spirituel. Quel type de spiritualité ?
Je sais pas expliquer ça. C’est quelque chose d’intérieur. Dans cet album il y a la vie et la mort. Mais la vie et la mort sont toujours là, ils cohabitent ensemble. C’est juste que… Life is Too Short, je ferme les yeux. C’est très intérieur… exprimé quelque chose de profond avec de la musique, pas avec des mots. Summer Storm du coup colle bien avec cet état d’esprit.

First est un premier opus techniquement impressionnant. On sent qu’il y a une maîtrise, une connaissance du rock. C’est propre et calé. Il n’y a pas de surenchère et ça tombe comme une évidence : c’est là, présent !

La suite…

Est-ce que tu as quelques dates de prévues ? Dans quels lieux ?
Déjà on va sortir une nouvelle vidéo dans 2/3 semaines, la troisième et dernière de présentation de l’album. Ensuite, je veux structurer le projet et j’ai besoin d’un manager. Je peux pas m’occuper de musique, de la promo et de la tournée… Et puis j’ai besoin d’un public. Je ne sais pas encore si on en a un pour pouvoir jouer. J’ai envie que les gens viennent et passent un bon moment donc il y aura du son et un minimum de spectacle. J’ai plein d’envie de live. Je sais où je voudrais le faire mais je dis rien pour l’instant. Je sais que ça risque d’être cher et je vais mettre les moyens, comme pour l’album. C’est pour le plaisir de faire quelque chose de beau et sympa…

Est-ce que la réputation de Vigier aide le projet ?
Non c’est vraiment un nouveau départ. Il y a quelques artistes qui ont posté sur Summer Storm comme Bumblefoot, avec un commentaire sur les vidéos… Non, tu démarres à zéro, mais je le savais à l’avance et ça ne me fait pas peur. Ce que je craignais d’avantage c’est que ça déteigne sur Vigier parce les guitaristes qui jouent sur Vigier viennent de pleins de styles différents. J’avais peur que ça pose un problème que je sois dans un style en particulier… mais au final non les gens sont ouverts.

Du bon rock old school avec un vent de fraîcheur donné par une voix puissante et assurée !

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