MC attitré du groupe Chinese Man, Youthstar vient de sortir son tout premier EP solo intitulé SA.MOD Hot Sauce. Produit par Senbei, cet EP de six titres gravite dans la nébuleuse Chinese Man Records avec la participation de Deluxe, ASM ou Taiwan MC. Carrière solo, influences, amour de la Drum & Bass, JustFocus a rencontré ce MC survolté.
Peux-tu nous présenter ton parcours ?
À la base, je viens de la scène Drum & Bass. J’étais là dedans depuis tout jeune. J’ai fait partie de plusieurs groupes, et j’ai travaillé avec des grands DJ de drum. J’ai commencé avec Elisa do Brasil, puis j’ai fait partie du groupe Dirtyphonics. Pendant ce temps-là j’ai aussi travaillé avec d’autres DJ comme DC Breaks, Nero, Andy C, etc. Ensuite j’ai quitté Dirtyphonics pour rejoindre Camo & Crooked. C’est en même temps j’ai rencontré les Chinese Man par l’intermédiaire de Taiwan MC, tout ça vers fin 2010. Et depuis, petit à petit, je suis resté de plus en plus avec les Chinois jusqu’à devenir le chanteur du groupe. Taiwan MC, lui, ne travaille plus avec nous, mais il reste quand même dans la famille, c’est juste qu’il est plus concentré sur son projet solo et son live avec S.O.A.P (sur Chinese Man Records).
Comment as-tu choisi ton nom, « Youthstar » ?
J’ai eu d’autres noms quand j’avais 13 ou 14 ans, mais je ne préfère pas vous les dire (rire). Youthstar, ça date de quand j’avais 16 ans. Je faisais un freestyle … enfin j’essayais de faire un freestyle, mais un vrai freestyle : « Off the dome ». À un moment j’ai sorti une phrase avec « youthstar » et tout le monde a dit : « Ouaaais, youthstar c’est pas mal ». C’est aussi simple que ça, et je l’ai gardé depuis. Ça fait 15 ans déjà.
Depuis combien de temps vis-tu en France ?
Je suis arrivé en France juste avant mes 17 ans. Depuis j’ai passé tellement de temps en France que je parle français. France is my home.
Pourquoi parles-tu en anglais sur scène alors que tu maîtrises le français ?
Je parle souvent avec les gens en français. Mais je ne chante pas en français. Si je fais ça, je ruine ma carrière en une soirée. Ça m’arrive quand même de crier « Faites du bruit !! » ou « Est-ce que vous êtes chauds ? », des trucs comme ça. La vérité c’est que sur scène je suis un peu trop timide pour parler en français.
Tu as travaillé avec plein de groupes et aujourd’hui tu sors ton premier EP, qu’est ce qui t’a donné envie de produire ta propre musique ?
J’ai toujours fait beaucoup de featurings avec de nombreux artistes à droite et à gauche, mais ça fait des années que tout le monde me dit de faire mon truc solo. Au final ce n’était jamais le bon moment, il me fallait rencontrer les bonnes personnes, les bons labels avec lesquels je voulais travailler. Ce qui m’a plu chez Chinese Man Records, c’est que c’est extrêmement ouvert. Les labels avec lesquels je travaillais avant étaient tous spécialisés soit Drum & Bass, Dubstep, Hip Hop… Chinese Man Records m’a proposé de faire mon EP. Ça s’est fait très naturellement.
Un EP qui a été produit par Senbeï, comment l’as-tu rencontré ?
C’est un ami que je connais depuis 10 ans et qui travaille sur énormément de projets lui aussi. Il est ouvert à plein de styles de musique, c’est un putain de producteur et surtout c’est un vrai geek : que ce soit dans la musique, dans la production, dans la vidéo … C’est notamment lui qui a réalisé le clip avec Chill Bump et Illaman ; il avait aussi participé à la vidéo avec Big Red … C’est vraiment bien de travailler avec lui.
Lui as-tu donné des directions pour la production de ton EP ?
Carrément ! À part pour le morceau avec Deluxe, qu’ils ont composés eux-mêmes et sur lequel Senbeï a juste fait quelques arrangements, j’ai été présent en studio pour tous les morceaux de l’EP. C’étaient Senbeï et moi. Le truc c’est que moi sur un ordi je suis nul, mais j’étais tout de même là pour lui donner mes idées, mes directions. C’était toujours un accord entre nous deux pour trouver le truc qui défonce le plus. Étant donné que c’est mon EP, je voulais être là sur toutes les étapes de la création. Cela n’aurait pas été juste que je choisisse juste les tracks qui me plaisent, même s’il y a des artistes qui font comme ça. Je voulais faire partie de tout, même si c’est clair que c’était lui le génie derrière l’ordi et que je n’aurais pas pu faire ces morceaux sans lui.
As-tu envie de refaire des morceaux plus Drum & Bass ?
Beaucoup de gens m’ont demandé pourquoi il n’y avait pas de Drum & Bass sur cet EP alors que je viens de cette scène-là. C’est juste que quand t’es en train de créer un truc, tu ne sais pas exactement où tu vas. Je ne m’étais pas dit que cet EP devait être forcément Drum & Bass, ou bien Hip Hop… Mais c’est clair qu’un jour je referai de la Drum & Bass. Je ne sais pas encore quand, on verra avec le temps. La raison pour laquelle j’ai un peu quitté la Drum & Bass, c’est qu’après des années à faire le MC, à faire 16 mesures par-ci par-là en sautant partout, ça me manquait de faire des chansons. Quelque chose d’un peu plus carré où je peux mieux exprimer mon côté artiste et pas juste être un MC qui est là pour ambiancer les gens. En tout cas oui, il y a des projets de Drum & Bass de prévus.
Cet EP annonce-t-il un futur album ?
Oui carrément c’est déjà l’idée. Là on est en train de commencer un deuxième EP, je ne peux pas en dire plus. Après ce sera sûrement l’album.
On a l’impression que c’est le début de Youthstar en solo ?
Exactement ! Là on est même en train de regarder les dates et de monter un live avec Senbeï. Mais en même temps je fais toujours partie de Chinese Man, du label… On est tous ensemble ! J’adore travailler avec eux, c’est la famille, on va faire tout ça ensemble.
Propos recueillis par Louis Rayssac et Martin Roucoules.