L’icône Harajuku de la J-Pop, Kyary Pamyu Pamyu, nous offre un nouveau clip déjanté mais rempli de références : Kamaitachi !
Dans ce clip, Kyary Pamyu Pamyu nous offre sa vision de la légende chinoise « La pérégrination vers l’Ouest », tout du moins la première partie : la rencontre du moine Xuán Zàng (Sanzouhoushi en japonais) avec le Roi singe Sūn Wù Kōng (Songokuu en japonais). Nous parlerons plus en détails des références dans le second paragraphe. Si vous souhaitez mieux comprendre la vidéo, n’hésitez pas à lire les références en premier !
Intéressons-nous tout d’abord au sens global
Au début de la vidéo, nous retrouvons un moine plongé en plein rêve. Dans ce rêve, son auriculaire est attaché à un ruban rose, qui représente le lien entre deux personnes. Il décide néanmoins de partir en voyage en direction du Mont Hōrai. Nous rencontrons ensuite l’autre protagoniste, le roi singe, qui décide de s’en prendre au moine en faisant s’abattre sur lui vents et tempêtes. Le roi singe, heureux de ses facéties, s’aperçoit finalement qu’il possède lui aussi un ruban rose à son auriculaire, ce qui ne lui plaît pas. Il tente par tous les moyens de le briser, en demandant l’aide de yōkai (« monstres » japonais), mais n’y arrive pas. Le lendemain, alors qu’il comptait se réjouir d’une pêche volée dans le jardin de l’Empereur de Jade (source d’immortalité), il remarque avec désarroi que le ruban est toujours là. Il décide néanmoins de partager les fruits magiques avec les yōkai qui l’ont aidé avant de partir. Le roi singe se met donc en route mais en direction de Kamakiri-zaka, où il est possible de prier pour briser un lien. En chemin, il ne cesse de penser au moine et semble tiraillé entre accepter le lien, les dieux lui ayant dit que son rêve se réaliserait s’il tombait amoureux, et briser le lien pour être libre. Sur leurs chemins respectifs, le moine et le roi singe finissent par tomber l’un sur l’autre. Ils se battent pour briser leur lien qui finit par céder. On retrouve finalement le moine qui se réveille et regarde le lien en se demandant si c’était un rêve prémonitoire. Le clip se termine sur le roi singe qui a visiblement pris la décision de chérir ce lien.
Plongeons ensuite dans les références présentes dans la vidéo
Ce clip contient énormément de références impossibles à connaitre pour la grande majorité des occidentaux. En voici les grandes lignes, vous trouverez les liens vers des pages plus complètes si vous désirez aller encore plus loin ! (Les pages sont parfois uniquement en anglais)
Commençons par la plus grosse référence : la fable chinoise « La pérégrination vers l’Ouest ». Dans cette fable, le moine bouddhiste Xuán Zàng part de la Chine vers l’Inde en quête de textes sacrés afin de les traduire. Il rencontrera plusieurs compagnons que les dieux mettront sur son chemin afin de l’aider. Le premier sera le roi singe, Sūn Wù Kōng, que le moine libérera de sa prison. Sūn Wù Kōng purgeait en effet sa peine de 500 ans sous la montagne à 5 doigts (la main de Bouddha) pour avoir commis tout un tas de crimes, dont manger toutes les pêches du jardin de l’Empereur de Jade, et surtout d’avoir défié Bouddha lui-même et d’avoir perdu. En échange de sa libération, il devra prêter allégeance à Xuán Zàng et l’aider dans sa quête.
La seconde référence que l’on voit à l’écran est l’akai-ito, qui est normalement représenté par un ruban rouge. C’en est d’ailleurs la traduction. Ce ruban rouge est attaché à l’auriculaire de deux personnes dont le destin est lié. Il peut s’agir d’une âme sœur, d’une relation maritale, ce genre de choses. Evidemment, le lien est invisible aux yeux des mortels.
Kyary Pamyu Pamyu nous parle ensuite du Mont Hōrai (Hōraisan). Le Mont Hōrai fait parti de la mythologie japonaise. Il s’agirait d’une île inaccessible qui renfermerait des trésors inestimables. On peut potentiellement en déduire que, dans le clip, les textes sacrés y seraient cachés.
Le refrain parle de Kaminari. Kaminari est la divinité des éclairs. La référence est très présente au début du clip car le roi singe a le pouvoir de créer des tempêtes et des éclairs.
Un autre endroit est mentionné, Kamakiri-zaka. C’est un endroit où il existe un sanctuaire où l’on peut venir prier pour briser l’akai-ito.
Enfin, elle parle de l’izuna. L’izuna est un esprit en forme de minuscule belette qui permet de connaitre le passé et le futur. Est-ce grâce à elle que le moine a fait ce rêve ?
Et Kamaitachi dans tout ça ?
C’est vrai, c’est le titre de la chanson et nous n’en avons pas encore parlé. Mais c’est parce qu’il y a beaucoup de choses à en dire !
Kamaitachi est un yōkai (« monstre » japonais) en forme de belette avec des griffes en forme de serpes. Ses caractéristiques se retrouvent tout au long du clip : les serpes des yōkai et la représentation physique du Kamaitachi (version Kyary Pamyu Pamyu, bien sûr) avec les deux personnages poilus et leurs griffes acérées au bout des doigts. Il existe différentes légendes sur Kamaitachi. Dans l’une d’elles, Kamaitachi est un trio qui assomme, entaille et cautérise la blessure de sa victime. Dans une autre, une mante religieuse géante maudit tous ceux qui viennent sur la montagne Kamakiri-zaka en les faisant tomber et, pour chaque mort, quelqu’un de vivant reçoit une blessure, comme un coup de serpe, dont un sang noir s’écoulera. On retrouve un peu de ces deux légendes dans le clip : la belette poilue avec les griffes, Kamakiri-zaka, et le lien involontaire entre deux personnes.
Nous terminerons sur une anecdote très rigolote : les deux personnes qui incarnent Kamaitachi sont un duo de comiques japonais dont le nom n’est autre que… Kamaitachi ! Kyary Pamyu Pamyu leur a donc demandé s’ils pouvaient venir dans le clip ! L’un d’entre eux, Hamaie, confie même dans le making-of qu’ils pourront s’en vanter pour le reste de leur vie.
Malgré un sujet de fond relativement sombre, Kyary Pamyu Pamyu absorbe une nouvelle fois le folklore japonais et le rend mignon, joyeux et coloré !