Ce 6 mai est sorti le nouvel effort de VEKTOR : « Terminal Redux ». Troisième rejeton radioactif du groupe, qui peut se vanter par la même occasion d’être un concept-album, les petits gars d’Arizona ont décidément plus d’un tour dans leur sac.
On va être clair dès le départ, ce troisième album est également une troisième claque. Comment ne pas être heureux de retrouver ce somptueux mélange que seul des martiens pouvaient mettre au monde. Car en effet, si je devais donner un nom à cette soupe difforme elle serait du genre « Blackened-Progressive-Thrash Metal ». Blackened pour l’inspiration Black-Metal, avec structure Progressive et ce, sur fond Thrash…
Enfin, que dire de l’univers spatial du groupe qui se marie à merveille avec ce mélange aussi improbable – univers qui explique mon champ lexical au passage -. Tout ceci fait de VEKTOR une formation Thrash qui se démarque largement des autres.
Terminal Redux est le sommet artistique du groupe. C’est en gardant le meilleur des deux albums précédents, « Black Future » en 2009 et « Outer Isolation » en 2011 que VEKTOR joue sa carte à fond, jusqu’à créer un album sous forme d’histoire. Cette histoire est lancée à la vitesse de la lumière avec « Charging the Void », morceau qui expédie directement dans l’univers VEKTOR. Le son du groupe est toujours aussi puissant, avec à mon avis une sonorité d’autant plus « électronique ». De même pour la vitesse qui semble elle aussi accrue par rapport aux albums précédents. C’est dans ce morceau que l’on trouve une nouveauté qui apparaîtra fréquemment dans l’album. Je veux bien entendu parler de l’utilisation de chœurs. Aussi étonnant que cela puisse paraître son utilisation fonctionne très bien dans le morceau, décuplant la direction artistique du groupe. Un bon point qui donne un coup de fraîcheur au groupe.
De très bons morceaux s’enchaînent, tel que « Ultimate Artificer » débutant avec l’agréable intro « Mountains Above the Sun », le morceau donné en pré-écoute mais aussi le moins teinté Black-Metal de l’album. « Cygnus Terminal » nous expose des parties clean très calmes et reposantes… avant que la voix Di Santo nous re-chope par le col pour nous hurler dessus. Décidément, ce gars doit vraiment se déchirer la gorge. On apprécie ou pas, mais il est tout de même remarquable de voir que le groupe reste droit dans ces bottes, malgré la difficulté d’appropriation que peut représenter un tel chant.
On a également une variété de riffs très appréciables, dans « LCD (Liquid Crystal Disease) » notamment, nous proposant plusieurs riffs en tapping. Ou encore le très bon « Pteropticon » où les deux guitares se partagent parfaitement, entre rythmique et solo. Erik Nelson, le guitariste soliste, effectue encore ici un travail de virtuose où aucun solo n’est laissé au hasard, parfois très rythmé comme dans « Pteropticon » ou alors au contraire très volatile comme dans « Pillars of Sand ».
Les différents traitements effectués sur chaque piste évitent une certaine linéarité dans l’album, même s’il faut reconnaître que cette volonté narrative se révèle parfois être une contrainte où le chant s’éternise (« Psychotropia »).
Enfin, l’enchaînement « Collapse » et « Recharging The Void » est la plus grosse force de l’album. Mélodiques et la fois destructeurs, ces deux morceaux enchaînés qui ne font qu’un tout, représentent à eux deux, ce que VEKTOR a de plus magique. « Collapse » est une introduction douce et envoûtante, permettant même la découverte d’un chant clair (qui l’eut cru !), se corsant de plus en plus pour retomber lors de notes saccadées sur l’enchaînement avec « Recharging the Void ». Dans cette seconde partie, on repart de nouveau avec puissance dans l’espace, pour finalement ralentir et se surprendre à flotter dans le vide, une magnifique vue sur la nébuleuse Vektorienne. Un chant féminin tout aussi ensorcelant résonne agréablement avant de nous laisser retomber dans le vide, pour finalement clôturer l’album. Vous l’aurez compris, c’est une fin en grande pompe, comptabilisant 20 minutes d’un concentré du meilleur du groupe.
Alors certes, il faut rentrer dedans, VEKTOR n’est pas un groupe très accessible. Un amateur de Metal devra multiplier les écoutes avant d’apprécier…Qu’en sera t-il pour un public non-initié?. Que vous ayez une grande connaissance de la musique extrême ou pas, osez goûter à ce groupe, je ne peux que vous le recommander.
Malheureusement trop peu connu, VEKTOR est sans doute l’un des groupes les plus remarquables de ces dernières années, le Metal ayant de plus en plus de mal à se réinventer.