L’artiste électro parisien en exercice depuis 2009 sort son troisième album ces jours-ci. De par ses recherches d’ambiances alternant sérénité et apothéose, il a atteint une certaine alchimie, comme le démontre ce « Creatures ».
L’image de l’électro-plus-au-moins-pop française est toujours au top : depuis que le trio Daft Punk / Air / Phoenix ont instauré le royaume French Touch sur ce paysage musical à la fin des années 90, d’autres suivent avec un succès similaire : Justice, Birdy Nam Nam, Vitalic qui débutent dans la foulée, Sébastien Tellier qui se régénère avec « Sexuality ». Laurent Garnier, sans qui rien de tel n’existerait, quant à lui, est intronisé pape.
Et ce n’est pas que l’effet d’une mode : depuis 2010, on parle régulièrement des artistes français électro. Yuksek, Sebastian, Woodkid, … et Rone. Ce dernier a grandi à Paris, et livre des albums depuis « Spanish Breakfast » qui date de 2009. La consécration arrive en 2012 avec « Tohu Bohu », et un clip animé ravageur illustrant l’ultra puissance du single « Bye Bye Macadam », qui synthétise magistralement escapade mélodieuse et puissance des rythmes lourds et chaloupés.
Ce « Creatures » en reprend quelques ingrédients : on reconnaît le clappement de main caractéristique et hyper prégnant de ses compos dans « Sing Song ». La virée crescendo à la hauteur des espoirs arrive enfin après plus de 10 minutes et un duo avec Etienne Daho qui du coup devient anecdotique. Le reste se déroule tranquillement, avec de tas de nappes mêlant pêle-mêle des mélodies de cloches, des voix soul. Jusqu’à cet autre ouragan, « Ouija », cette même urgence poétique qui fait jaillir des bouts d’incandescences dans un ensemble de toute beauté. La suite alterne moments « ambiant » et style baroque (« Freaks » où le clavecin ciselant laisse place à des violons solennels), morceaux chantés (« Quitter la ville »). On pense à un Ez3kiel, ou un Brian Eno période new age, dans tous les cas ce « Creatures » rempile avec la verve de « Tohu Bohu », la patte de Rone se confirme une dernière fois dans les mélodies oniriques et spectaculaires du finale « Vif ».
Même si on pourrait regretter le caractère moins explosif des morceaux, cet opus est néanmoins une réussite largement appréciable, à l’heure ou l’électro emprunte à des styles tous azimut qui parfois le desservent. Rone au contraire nous régale, et propose de déguster ses oeuvres en live à Solidays du 26 au 28 juin prochain.