[Report] Le concert survolté de Columbine à l’Espace Julien

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Le 6 octobre dernier, le collectif rennais Columbine était en live à Marseille à l’Espace Julien. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils sont restés eux-mêmes : bienvenue au joyeux bordel qu’était le concert de Columbine. 

Columbine, c’est 8 jeunes qui, en à peine un an, sont devenus les fers de lance de la nouvelle génération du rap français. Des paroles crues sans être choquantes, de l’auto-tune assumé, une mélancolie envahissante et du 100% maison. Voilà la recette d’un rap qui ne ressemble à aucun autre, où se côtoient optimisme, rêves, relations foireuses, violence et spleen modernisé. Pour la seconde partie de leur tournée, la plupart des dates étaient complètes sans aucune promo, et c’est à Marseille qu’ils se sont arrêtés pour « faire du sale » comme ils savent si bien le faire. 

 

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« Timides et terribles »  

La scène était minimaliste : seulement une console au milieu, avec le logo du collectif en néon, et des lights vives ou, à l’opposé, d’un rouge très sombre. Sur scène, seulement 4 membres étaient présents : Lujipeka, Foda, Sully et Chaman, accompagné de leur DJ KCIV

C’est donc sous les fresques de la salle intimiste de l’Espace Julien qu’étaient réunis les amateurs de Columbine. Le concert étant complet, le public était très connaisseurs des morceaux : ils étaient chantés par la quasi totalité du public. A noter aussi la présence de jeunes filles très heureuses de voir le collectif en live, et qui n’auront eu aucun remord à percer les tympans des malheureux à proximité. 

Le concert a commencé avec Fireworks, ouverture parfaite et annonciatrice d’un live de haut niveau. Pour la tracklist, c’est l’ensemble des morceaux de leur second album, Enfants Terribles, qui a été joué, avec deux surprises : Mandragore et Gracias. On a aussi eu droit à l’hystérique Dom Pérignon et l’euphorie collective qui allait avec (sans Yro, tristesse), la très attendue Pierre, feuille, papier, ciseaux et l’excellente Les Prélis

 

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« Sur scène, on est mille » 

Columbine, c’est avant tout une bande de potes, et ça se voit. Il y a entre eux une sorte de complémentarité et de complicité évidente. Ça se check, ça se prend en snap, ça saute dans tous les sens. Ça transpire, ça enlève son t-shirt, ça danse.  

Comme dans leurs sons, il y a une dualité permanente entre une euphorie joyeuse et enthousiaste (Talkie Walkie), et des morceaux bien plus sombres, relevants d’un mal être lancinant (Temps Électrique). Toutes ces émotions, ils semblent les ressentir encore plus profondément sur scène. En effet, Lujipeka a recréé avec brio l’atmosphère anxiogène, pleine de rancœur, presque douloureuse de Château de Sable, tandis que Foda a mis la salle en PLS en interprétant la fin de Caméléons

Avec Columbine, on est bien loin des groupes qui restent tranquillement sur scène. L’interaction avec le public est un des piliers du concert, et c’est ce qui donne plus l’impression d’une soirée avec des potes qu’autre chose. En effet, ils n’ont pas hésité à demander au public de s’asseoir (par terre) sur Mandragore, pour faire comme les « petits cailloux » des paroles, ou à aller « kicker » dans le public. 

 

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« C’est normal d’avoir peur, pas d’être lâche »

Le live était parfaitement à leur image : aux premiers abords, bordélique et décousu. Il s’avère en fait que le concert est extrêmement travaillé et bien pensé. Par exemple, pour le morceau Pierre, feuille, papier, ciseaux, la façon dont les membres interagissent sur scène est en lien direct avec les paroles de la musique. De Sully et Foda qui jouent à papier caillou ciseaux, à Chaman qui s’approche d’eux pour jouer et recule au moment même où Lujipeka dit « il a compris qu’il dérange ». Des génies on vous dit. De la même manière, les transitions sont faites avec une petite phrase en référence à la chanson suivante. A l’instar du clin d’oeil à ceux qui n’ont pas eu leur place pour le concert, et qui sont restés dans leur chambre, pour annoncer Dans ma Chambre

Que ce soit en studio ou en live, les rennais de Columbine n’ont rien à envier à qui que ce soit. Mis en scène par eux-mêmes, ils ont la créativité et la maturité artistique pour porter leurs idées jusqu’au bout, et créer un live à leur image : intelligent, torturé et surexcité. 

 

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