C’est dans le cadre inhabituel de l’Unesco que Kristel a donné un concert jeudi 13 septembre à la fois intime et impressionnant pour faire découvrir Irony, son premier album.
Posé dans de confortables fauteuils, c’est dans la grande salle de l’Unesco que nous avions rendez-vous. Nous n’étions pas là pour parler de paix dans le monde, mais pour écouter Kristel en cette journée dédiée à la culture de Madagascar.
Révélée lors du Libertalia Festival en 2017, cette jeune malgache accompagnée de son frère et de son mari n’a pas mis longtemps à convaincre et mettre tout le monde d’accord… nous les premiers, depuis les quelques mots que nous avions pu échanger par mail en avril dernier.
Retrouvez notre interview de Kristel
Le lieu est beau, prestigieux et le format choisi est finalement acoustique. On ne s’y attendait pas forcément, mais c’est une belle surprise. En mode guitare, batterie /machine et basse, la voix de Kristel s’impose progressivement. Elle parle peu au départ et annonce simplement les titres. Elle sourit, reconnaissance pour les applaudissements et l’intérêt silencieux du public. Celui-ci est varié et diffère certainement de l’audience plus survoltée qu’on peut imaginer lors d’un concert plus électrique. Néanmoins, le charme opère et la musique prend.
Bien que les riffs soient moins amplifiés, on ressent malgré tout l’énergie rock qui sort sans ménagement de l’arrangement, mais surtout du timbre si particulier de Kristel. Super concentrée et investie, on la sent surtout impliquée, concernée.
« Trop c’en est trop » dit-elle en lançant une belle introduction de basse. La chanson sonne plus reggae et le groove est là. Dans la salle, certains se rapprochent et semble la connaître. En fin de morceau quelques cris fusent et la chanteuse sourit. On rentre dans le vif du concert. Cette fois, elle est moins intérieure et on commence à sentir son aura prendre de la place. Et quelle présence !
Kristel commence presque a cappella une sublime ballade folk. Chaque parole sort des tripes : « Souviens toi, n’importe où, où tu iras, je resterai gravée dans ta tête.«
Elle devient plus loquace et nous raconte : il s’agit cette fois d’une de leurs premières compos et elle sera toujours dédiée à Marc-Antoine Moreau, manager et producteur, mort en 2017 d’une crise de paludisme. Cette chanson est l’un des singles par lequel on l’a connu : Akao !
Elle est touchante lorsqu’elle effectue une petite révérence à la fin de chaque titre pour remercier le public pour des applaudissements de plus en plus forts.
On est fortement impressionné par sa façon de changer de texture dans la voix. Elle monte dans les aiguës, redescend dans les graves, devient rauque. Lorsqu’elle enchaîne sur une autre balade, son timbre devient velours. Sa voix passe de la rugosité du rock à la légèreté de la saoul avec une aisance fascinante. Plus qu’une présence incroyable, c’est une vraie prestance qu’elle a sur scène. Ce qui n’enlève rien à son côté sentimental, tendre, qui la rend encore plus charmante.
Le prochain titre, Irony, est le titre de leur premier album. Kristel invite le public à l’acheter en sortant de la salle et à venir le faire dédicacer. Cette chanson parle de leur pays, superbe, beau mais à la population tellement pauvre. Quelle ironie n’est-ce pas ? Encore une fois, beaucoup de sensibilité et d’expressivité. Ça se confirme au fil des chansons. On la sent à fleur de peau et on adore les roulements de Rrr.
Autre point non négligeable, elle s’éclate sur sa basse et Ben Kheli, son frère, sur sa guitare. Lui, nous livre un super solo de guitare sur le morceau suivant, leur déclaration d’amour à la musique. Il y a une belle complicité sur scène, entre eux deux, mais aussi avec Andry Sylvano, son compagnon à la batterie. On les sens plus détendu, ils osent plus.
Jusqu’au bout, Kristel a vraiment le don de capter l’attention. Dès qu’elle chante, elle donne des frissons et dans la salle on se lâche complètement : ça crie et ça frappe des mains. Le titre suivant est aussi bien connu de ceux qui la suivent depuis un bout de temps : TNM !
La fin du concert approche, mais le ton monte. Désormais, Kristel et sa bande enchaînent les titres plus pêchus. On se retient de bondir de son siège et on se dit qu’en version électrique, l’ambiance doit être survoltée.
Le concert se termine. Kristel annonce que c’était un grand plaisir de pouvoir jouer ce soir. Elle remercie l’Unesco pour le grand honneur qui leur a été donné de pourvoir jouer ici. Elle nous dit au revoir sur une chanson plus joyeuse et cadencée. Sur le refrain, Kristel n’a besoin de rien pour inciter le public à frapper dans ces mains et à suivre.
C’était donc un moment privilégié et extraordinaire que ce petit concert gratuit dans le cadre incroyable de l’Unesco. Chacun a eu l’occasion de se procurer leur premier album en CD ou Vynil sorti le 31 août et dont la Release Party officielle aura lieue le 18 septembre à la Bellevilloise. On vous recommande chaudement d’y aller, car cette fois-ci le concert ne sera pas acoustique et il faut s’attendre à ce que ça déménage ferme !
En tout cas, nous on a savouré cet instant et on espère la revoir prochainement !