C’est par un teasing original que Radiohead a dévoilé une partie des mystères qui avaient entouré leur prochain album : on le savait imminent depuis que leur tournée avait été annoncé, mais on n’en connaissait ni le titre, ni le nom, ni la teneur. On connait maintenant au moins 2 de ces 3 informations.
Le coup a été simple et sans bavure : Radiohead a fait parler d’eux en disparaissant tout bonnement de la toile en début de semaine, tous les posts Facebook, Twitter ayant été supprimés, et leur page web officielle www.radiohead.com n’affichait que page blanche. De quoi faire réagir toute la toile sur cette table rase numérique totale, où rien émanant officiellement du groupe avant le 3 mai 2016 ne subsiste, comme une « année 0 ». Un buzz innovant qui reflète peut-être ce sur quoi le groupe a pu s’illustrer depuis leur virage expérimental et électronique des années 2000 (à l’exception de « Hail to the Thief ») : la nudité sonore, la sobriété digitale que seule quelques cordes de guitares parviennent de temps à autre troubler, ou que la voix de Yorke, fluette et glaçante, transforme en ballades splendides et hors du temps (comme en témoigne « Reckoner« , certainement leur plus beau titre à ce jour).
On efface tout et on recommence
Les fans voient cela d’un bon oeil, et réécoutent par la même occasion « How to disappear completely » dont la vidéo YoTube et les paroles (« I’m not there, this isn’t hapening… ») sont abondamment partagées sur les réseaux sociaux, faisant ainsi eux mêmes le boulot promotionnel. Après cette bonne leçon de marketing (la viralité sur le vide comble ainsi ce dernier) et sans tenir rigueur des propos de Thom Yorke sur les outils que sont YouTube et Google (qu’il n’a pas hésité à comparer aux nazis volant la culture des autres pays pendant la guerre), place aux vrais sujets : les nouveaux clips de Radiohead et la sortie de son nouvel album.
« Burn the Witch »
C’est par un bout de vidéo posté sur Instagram (que Radiohead utilise pour la première fois) mardi dernier, montrant un petit oiseau en pâte à modeler et stop-motion qui fait cui-cui, que les activités sur les réseaux reprennent. Le clip sort finalement… sur YouTube : faisant partie du prochain album, « Burn the Witch » a été vu près de 10 millions de fois. A l’écoute, c’est l’emballement : les ingrédients plutôt habituels du groupe, à l’atmosphère lourde (forte présence de cordes, basses mécaniques, rythmique lourde) sont contrebalancés par la voix aérienne de Thom Yorke : c’est donc l’équilibre salutaire. On se surprend après plusieurs écoutes à y déceler des parts aguicheurs, notamment à travers la puissance électro des rythmes qui donnent finalement au morceau la couleur qu’on veut (sans être joyeux pour autant – c’est un adjectif absent de leur vocabulaire).
« Daydreaming »
C’était donc une entrée en matière prometteuse, les fans peuvent alors se glisser dans leurs draps confiants. 3 jours plus tard, Breaking News # 2, un autre clip est disponible et les dates de sortie de l’album sont connues. « Daydreaming » est donc le 2 ème single de l’album, sorti seulement 3 jours après le premier (encore du buzz inattendu), dont le clip a été réalisé par le réalisateur américain Paul-Thomas Andesron. A haute teneur mélancolique, « Daydreamin » reprend la tradition de ces morceaux étripés auxquels le chanteur maudit nous avait habitué. Quant à l’album, il suit cette fois une logique mercantile plus classique et devenue courante de nos jours : sortie digitale dimanche 8 mai, sortie physique du CD et vinyle un mois et quelques plus tard, le 17 juin. Mais le groupe n’allait pas en finir avec leur goût du mystère autour de ce 9ème opus : on ne connait toujours pas son nom !
Radiohead démarre ces jours-ci une tournée mondiale, le groupe passera par le Zénith de Paris les 23 / 24 mai, et par Lyon le 1 er juin.