Pour répondre au « London Calling » des Clash, sortait en 2008 « Berlin Calling« , le film où Paul Kalkbrenner signait son tube « Sky and sand« . Ce DJ originaire de Leipzig est l’un des forgeurs de la scène techno outre-rhin, plus grand public que Modeselektor, plus minimal que Ellen Allien. On est loin de la contestation du punk : à Berlin, la réunification et la culture musicale orienté vers l’électronique a donné aux jeunes et aux mélomanes un certain sens à la vie, ou plutôt à la fête. Confirmation? La preuve par « 7 ».
On ne change pas la potion magique allemande. A presque 40 ans, Paul Kalkbrenner qui débuta sa carrière au milieu des années 90 à Berlin en est à sa 7 ème réalisation. Un titre sobre, une pochette simple, on va vous la faire courte : on va danser quoi ! « 7 » enchaine les titres dans la plus pure tradition de la bonne vielle techno, la pure, la vraie. Pas de drum »n bass ni de big beat ou de dubstep qui tiennent : le bon vieux rythme binaire, les patterns (boucles musicales) qui démarrent, s’arrêtent, se succèdent, se superposent, et reprennent crescendo. Et ce comme dans ses opus précédents.
L’hymne chanté « Sky and Sand » de 2008, extrait de la BO du film « Berlin Calling », grâce à la voix de son frère Fritz, est resté comme la chanson techno la plus marquante de la décennie précédente, pour ce qu’elle résume : la convivialité et la fête sont fédératrices et font danser les gens, quel que soit leur origine, leurs conditions sociales. Les allemands sont fiers d’appliquer cela à la lettre et d’avoir fait de Berlin le lieu incontournable des fêtes les plus réussies et les plus pointues, et des musiques modernes en général.
L’album qui suit en 2008, « Icke Wieder« , fait du DJ un vrai orfèvre du son techno, il est assurément le plus abouti, car il allie variétés des compos et tubes de club. « Der Breuzen » et ses samples de cuivres fous en est une illustration éclatante.
Pour ce « 7 », Paul Kalkbrenner s’est régalé : signé chez Columbia, cet amateur de samples peut puiser dans d’innombrables morceaux du répertoire de la célèbre maison de disque (Johnny Cash, Elvis Presley, etc…), . L’exercice est intelligemment mené : une certaine maturité s’en dégage (dans « Battery Park » par exemple), un calme sage, teinté de voix blues, et où l’euphorie des clubs s’insinue plus qu’elle ne s’impose. La force tranquille quoi. Son tube » Cloud Rider » va rapidement vous trotter dans la tête. « Feed your head » utilise à merveille la voix de Jefferson Airplane dans cet intriguant morceau. Il en devient presque obsédant, lorsqu’on regarde le clip, où on voit Florian, un adolescent empêtré dans sa musique et ses problèmes, imaginer une chorégraphie géante, habillé en danseur de country, qui séduit des personnages lambdas pour le suivre amoureusement dans son exaltation. C’est sensationnel.
Le reste de l’album confirme sa patte, avec de longs morceaux de minimal techno, que les aficionados ne regretteront pas.
Paul Kalkbrenner sera en concert le 20 août à Charleville Mezières, dans le cadre du festival Le Cabaret Vert, et le 21 août à Marseille, au Positiv Festival