On l’annonçait il y a peu: Hip Hop Citoyens nous donnait rendez-vous du 2 au 11 décembre 2016 pour la 1ère édition du Paris Hip Hop Winter. Habitués des éditions estivales, ils nous ont proposé cette année une version hivernale du festival mettant en avant la nouvelle scène du rap français. Cinq jours de conférences et de concerts, pour clôturer le tout, le PHHW a misé sur une programmation plus qu’alléchante. À l’affiche dimanche dernier : Josman, Take A Mic, O’Boy et Makala.
Justfocus revient pour vous sur la soirée de clôture du festival!
Josman a tapé dans le mille
Crédits : The Jayneral
Pour cette édition à la Maroquinerie, les organisateurs ne lésinent pas sur le warm-up. Eazy Dew, nouveau producteur français, est aux platines pour échauffer doucement nos petites oreilles. Le jeune homme, tantôt rappeur, tantôt producteur, est en pleine percée. Eazy Dew est le beatmaker qu’on attendait. Il distance la concurrence, et pour cause! Nous ne sommes jamais déçues par ses collaborations et notamment celles avec son comparse Josman. Dimanche, il était là pour accueillir le Jeezy.
Josman, jeune rappeur de 23 ans, n’a pas attendu longtemps pour se faire connaître du public. Vainqueur du « End of the Weak Paris » en 2015, et à force d’efforts et de travail, le Vierzonnais d’origine est carrément en place. Après un premier EP « Échecs positifs » dont il justifie l’association des antonymes du nom par son vécu, il annonce en live ce dimanche avoir bouclé son deuxième projet. Quelle bonne nouvelle pour nous auditeurs! On va pouvoir voyager en métro encore et encore avec cette voix si spéciale dans les oreilles.
Certains artistes n’attendent pas des années pour confirmer leur maturité artistique. Josman nous a prouvé ce dimanche qu’il était largement capable de faire kiffer, le bras en l’air, en allumant un Doobie. Ce son, sorti très récemment, en est déjà à plus de 180 000 vues sur Youtube.
Le concert est rythmé par ses plus gros sons. Pour Jeezy, aucune place n’est laissée aux pussy boyz, et il confirme cela en nous faisant chanter à tue tête les paroles du son. A chaque titre, c’est une nouvelle symbiose entre le rappeur et son public. Nous, on est comblés! Josman n’a pas sa langue dans sa poche, le man a des choses à dire et des choses à faire, et compte bien parler ouvertement; clin d’oeil « mauvaises nouvelles ».
Le Oly Boy
Crédits : The Jayneral
Depuis la sortie de sa mixtape OlySide en avril dernier, O’boy s’installe doucement (mais sûrement) dans l’univers du rap français en imposant son flow cloud rap. De plus en plus plébiscité sur les réseaux, la prestation live de O’Boy était clairement attendue.
Encapuchonné, lunettes sur les yeux: l’accoutrement du rappeur se veut énigmatique. Il nous rappelle sans bien penser Hamza et son style cabalistique. O’boy débarque presque timidement malgré son attitude nonchalante. La frénésie du public après Josman redescend doucement pour laisser place à une atmosphère plus grave, lourde, à l’image de ses prods dark. O’boy fait le choix de ne pas terminer ses titres et les transitions sont coupées nettes, ce qui atténue l’effervescence entre chaque morceau. C’était parti pour une petite déception signée O’Boy mais heureusement, l’ambiance a littéralement changé aux première notes de Rollin Up. Le rappeur prend enfin place face à son backeur trop présent. Ambiance sombre et vaporeuse pour le titre Noir, lights off et flash allumés, l’ambiance dark est là. Le Oly Boy nous a offert plusieurs exclues pendant sa prestation, et pour notre plus grande plaisir, on a pu entendre son titre Yayo, aux vibes plus chaudes, menant à un déhanché irrésistible.
Malgré une prestation en demi-teinte, O’boy était présent et on continuera à le suivre de près pour 2017. On aurait préféré voir plus de O’boy et moins de son acolyte.
Take A Mic : le Niño Terrible
Crédits : The Jayneral
On ne sait plus si c’est la Maroquinerie qui a invité le 94 ou si le 94 était tout simplement à l’honneur ce soir. C’est au tour de Take A Mic de prendre le relais pour poursuivre les hostilités. Le jeune rappeur d’Orly cumule déjà 4 mixtapes, 3 EP et beaucoup de freestyles. Le Niño maîtrise la scène comme les plus grands, accompagné et soutenu par son crew Eddie Hyde sur scène. Il nous livrera une prestation bien trempée. Take A Mic nous a concocté un nouvel opus Bipolaire (son premier projet payant) à paraître le 20 janvier 2017 et déjà n°1 en pré-commande. À suivre de très près. Le rappeur nous laisse bouillants au pic de la soirée, en attendant l’arrivée du genevois Makala pour clôturer les festivités.
Makala : le brûlant ending
Crédits : The Jayneral
Ok. Makala c’est clairement la révélation de la soirée. Peu connu du public présent ce soir-là, personne n’était prêt à recevoir la claque scénique qu’il a assénée. Tout droit venu de Suisse, Makala déborde d’une énergie/rage contagieuse. La Maroquinerie s’est enflammée sous les « Ouh Ouh Ouh » du rappeur. Il nous a offert une sauvagerie dantesque accompagné de ses acolytes Slim K et Pink Flamingo. Makala a mis un terme aux festivités en livrant une prestation des plus bouillantes.
Makala à l’envers, ça fait aussi la Kama. La Kama, un nom trop peu éloigné de « La Came ». Eh, figurez-vous que c’est clairement de la bonne « came » musicale qu’on a consommé avec le genevois ce dimanche. Les lyrics de Makala nous emmènent loin avec « Capela » par exemple qui dépeint sa vision du monde.
Makala vient tout juste de signer chez BMG France. Nos oreilles n’ont qu’à bien se tenir, on sent le beau projet qui arrive!
Crédits : The Jayneral
Cette première édition hivernale du Paris Hip Hop Winter se termine donc sur cette belle note tintée d’espoir pour ces artistes prometteurs. Merci à l’équipe Hip Hop Citoyens, sans qui tout ça n’aurait pas été possible. Ils vous donnent d’ors et déjà rendez vous pour leur édition d’été en juin 2017 qu’on ne manquera pas. Les concerts de rap en été, ce sont comme les glaces à la framboise à la montagne: ça met une bonne claque. Merci également à The Jayneral qui a su capturer l’énergie et le partage au bon moment. Enfin, on remerciera d’une manière générale le rap français de nous offrir chaque jour de nouveaux talents et de pouvoir ainsi diversifier nos goûts.
Article co-écrit avec Nisreen ELY.