Poétesse, autrice, compositrice, Mélissa Laveaux est une caisse de résonnance d’une histoire familiale marquée par l’exil. Militante féministe, conteuse, fulgurance artistique, elle est, en quelques mots, tout cela à la fois.
Sa voix charrie l’histoire de la première république noire indépendante du monde, Haïti, jusqu’à celle des enfants de l’exil. Son timbre tour à tour rocailleux, candide, cristallin, avec des envolées lyriques poignantes, ou des accents de douceur infinie, remue jusqu’aux tripes pour nous soustraire à l’injustice et à l’inextricable oppression du monde.
Haïtienne d’origine, Mélissa Laveaux est née au Canada, où elle a vécu avant de s’installer en France. Elle apprend la guitare dès l’âge de treize ans en autodidacte, puis sort, à 21 ans, en 2008, un premier album folk-blues à la rythmique haïtienne qui s’intitule Camphor & Copper. Lauréate de la Bourse Musicien de la Fondation Lagardère l’année d’avant, c’est grâce à ces fonds qu’elle parvient à produire la version professionnelle de son premier disque auto-produit de musique acoustique. Elle souhaite reverser une partie des bénéfices de l’album à un programme d’accompagnement aux musiciennes haïtiennes.
Ce premier opus jette les fondements de son style, qu’elle va affiner et développer dans les albums qui vont suivre. Entre les arpèges de guitare, la rythmique des percussions, sa voix s’élève en anglais, en français ou en créole haïtien avec une grâce angélique, portée par un souffle poétique.
Son deuxième album Dying is a wild night, dont le titre fait référence à une citation d’Emily Dickinson, poétesse américaine du 19ème siècle, (la citation complète signifie mourir est une nuit sauvage, une nouvelle voie) paraît cinq ans plus tard en 2013. Elle collabore avec le trio de musiciens les Jazz Bastards , composé de Vincent Taeger (batteries et percussions), Vincent Taurelle (claviers) et Ludovic Bruni (basse, guitares). Ils remodèlent certains titres et apportent beaucoup à la texture sonore et à l’énergie rythmique des chansons. Une approche qui évoque la pop mutante d’artistes comme Santigold et Goldfrapp ou encore Fiona Apple.
En 2018, la chanteuse sort un nouvel album, Radyo Siwèl, exclusivement en créole. Cet album figure un retour aux sources. La poétesse nous étreint de son timbre singulier, avec son énergie rock et ses guitares nerveuses. On est traversé par son émotion face à l’histoire perdue d’un peuple de tradition orale, marqué par la lutte et l’animisme.
Le dernier album paru l’année dernière, Mama Forgot Her Name Was Miracle rend hommage et justice à 12 figures historiques féministes, ou membres de la communauté LGBTQIA+. Parmi eux, Harriet Tubman, militante féministe américaine qui s’est battue pour l’abolition de l’esclavage des Afro-Américains, puis contre le racisme. Jackie Shane, chanteuse afro-américaine considérée comme l’une des premières icônes transgenres du 20ème siècle, on lui doit le terme gay, qu’elle a utilisé dans ses chansons. La papesse Jeanne, personnage légendaire, qui au 9ème siècle serait devenue pape en se faisant passer pour un homme. Encore une fois, Mélissa tire de l’oubli certains des personnages légendaires, pittoresques, héroïques, parfois méconnus qui ont marqué l’Histoire.
L’union fait la force, l’adage a déjà fait ses preuves, ainsi Mélissa Laveaux s’entoure donc d’une brigade sûre de sorciers du son. Citons notamment à la réalisation Guillaume Ferran (Griefjoy, Julien Doré, Victor Solf), Fin Greenall aka Fink (Ninja Tunes) ou Mathieu Senechal (Charlotte Cardin). Aux instruments : Voyou (trompette, clarinette), Clyde Rabatel (claviers, piano), Mathieu Gramoli (batterie), Steve Yameogo (basse, guitare), Sébastien Delage (guitare)
L’album est enrichi de collaborations avec November Ultra (Rosewater), Dope Saint Jude (Half a Wizard, Half a Witch) et Oxmo Puccino (Lilith). Dans Mama Forgot Her Name Was Miracle, Mélissa Laveaux met sa poésie militante et son groove folk-punk au service d’une pop atypique.
Ne ratez pas l’occasion exceptionnelle de voir Mélissa Laveaux performer sur scène :
Samedi 30 septembre à La Flèche d’Or – Paris (bientôt sold out)
Vendredi 6 octobre à l’Espace 1789 – Saint-Ouen
Mardi 7 novembre à l’Espace d’Albret – Nérac
Jeudi 9 novembre au Transbordeur – Villeurbanne