Lynyrd Skynyrd : dernier voyage en Alabama

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The Last of the Street Survivors Farewell Tour sera le dernier pour Lynyrd Skynyrd. Cela semble presque irréel à tel point les Américains étaient à la fois aussi vieux que le rock, et intemporels. 

Les dates programmées s’étendent pour le moment du 4 mai au 1er septembre, et exclusivement aux Etats-Unis. C’est une grande occasion pour revenir sur ces géants du rock, au parcours chaotique et légendaire. 

 

Des titres connus par tous, et un groupe connu par peu

Savoir prononcer correctement « Lynyrd Skynyrd » (sauf si on a l’album « Pronounced ‘Lĕh-‘nérd ‘Skin-‘nérd’  » chez soi) relève d’un défi. Ne pas reconnaître « Sweet Home Alabama » lorsque le morceau passe à la radio, relève d’un mensonge. Lorsque tout à commencé, les musiciens n’étaient que des lycéens rebelles. Aujourd’hui, on écoute leurs musiques dans les pubs du monde entier. 

lyny Lynyrd Skynyrd : dernier voyage en Alabama
La troupe à ses débuts

 

Les débuts, le sud, et le professeur d’éducation physique de Ronnie et Gary

Tout a commencé, donc, en 1964. C’était l’été à Jacksonville, la plus grande ville de Floride. Ronnie Van Zant, Gary Rossington, Allen Collins, Bob Burns et Larry Junstrom étaient du même quartier. Il avaient entre 12 et 16 ans. Le quintet a enchaîné les noms de groupes, jusqu’à ce soir là, au Forest Inn de Jacksonville, où ils ont trouvé LE nom qui traverserait les décennies avec leur musique.

Léonard Skinner était le professeur d’éducation physique de Gary. Il renvoyait toujours l’adolescent de cours, et le forçait à se rendre au bureau du principal, avec pour motif que Gary avait les cheveux trop longs. Gary a fini par ne plus retourner au lycée. Quelques jours plus tard, le groupe alors baptisé One Percent a donné ce fameux concert au Forest Inn. Là-bas, tout le monde ou presque connaissait Léonard Skinner, et sa réputation tyrannique.

Ronnie a demandé au public d’applaudir s’il voulait que le groupe change de nom pour emprunter celui du professeur d’éducation physique. Ce n’était qu’une vaste plaisanterie. Et bien entendu, la salle applaudit. Alors les One Percent deviennent les Léonard Skinner, puis Lynard Skynard, puis Lynyrd Skynyrd, pour éviter les démêlées avec la justice. Nous sommes en 1969. Le groupe a signé l’année d’avant, en 1968, avec son premier label, Shade Tree Recording. La majorité des membres du groupe n’est pas encore majeure. Le potentiel et les perspectives d’avenir que le futur engendre brillent un peu trop fort. D’ailleurs en 1970, ils ont tous quitté le lycée pour se consacrer à la musique.

 

Dès les premiers albums, les premiers hits

Le premier grand tube est Free Bird, paru en 1973 sur l’album « Pronounced ‘Lĕh-‘nérd ‘Skin-‘nérd’ « , sorti sous le label MCA, et qui comporte également le morceau à succès Simple Man

Sorti la même année que le cultissimme Knocking on Heaven’s Door du grand Bob Dylan, la ligne mélodique de Free Bird n’en est d’ailleurs pas très éloignée. 

La mélodie de Simple Man est tellement bien, que Scorpions l’a reprise (pas officiellement mais il ne faut pas être Mozart pour réaliser que les Scorpions ont probablement pas mal saigné Lynyrd Skynyrd) dans le meilleur morceau du groupe : Always Somewhere.

Peter Townshend, le guitariste des Who, les fait jouer en première partie de leur tournée. Le groupe est alors lancé à toute allure. En 1974, sort l’album Second Helping, certifié disque d’or. C’est dans ce deuxième album studio que le grand public peut écouter pour la première fois le single Sweet Home Albama, qui deviendra dans la culture populaire la signature du groupe.

Les albums suivants sont Nuthin’ Fancy (1975) et Gimme Back My Bullets (1976). Ce quatrième opus est accueilli peu chaleureusement par la critique. L’album live One More from the Road (1976) en revanche connait un succès fou. En 1977, l’album Street Survivors est certifié disque d’or. 

 

La faucheuse au fond du ciel

A l’occasion de la tournée américaine « Tours of the Survivors« , la troupe prend un avion qui n’était pas aux normes. Le moteur consommait trop de carburant, et l’avion s’écrase avant d’arriver à destination. 
On est le 20 octobre 1977, et des survivants, Ronnie Van Zant, Steve Gaines (membre de LS depuis 1976), Cassie Gaines (membre de LS depuis 1975) et le manageur Dean Kilpatrick n’en font pas partie

A partir de 1979, les musiciens mènent différents projets musicaux sans lien avec Lynyrd Skynyrd, qui aurait presque pu mourir en plein ciel lui aussi. Cependant, c’est en 1987, soit dix ans après l’accident, que Lynyrd Skynyrd se relève, certainement pas intacte, mais solide de nouveau. Gary Rossington, Leon Wilkeson, Billy Powell, Artimus Pyle,  Ed King, Randall Hall et Johnny Van Zant ressuscitent Lynyrd Skynyrd, et les fans sont au rendez-vous.

En 1991 sort le premier album du groupe après l’accident : Lynyrd Skynyrd 1991. Viennent ensuite Twenty, (1997) en hommage après les 20 ans du crash, Edge of Forever, (1999), Vicious Cycle (2003), God and Guns (2009), et .Last of a Dyin’ Breed (2012).

Léon Wilkeson périt subitement en 2001, et Ean Evans, d’un cancer en 2009. Bob Burns décède dans un accident de voiture en 2015. Tout cela ressemble à une vieille et sordide malédiction. Aux côtés des grandes victoires, s’alignent des abysses sans noms. 

Une nouvelle victoire d’ailleurs, et de taille à lieu en 2006, lorsque le groupe rentre au Rock and Roll Hall of Fame.

hall Lynyrd Skynyrd : dernier voyage en Alabama

 Introduction de Lynyrd Skynyrd au Hall of Fame

 

Sweet Home Alabama : succès et scandales

Cet illustre morceau n’est pas une ballade idyllique. Il a été jugé nationaliste et conservateur, flirtant avec le racisme. Pour cause, le morceau est une réponse presque directe aux morceaux d’une autre icône de folk, country et rock américaine : Neil Young. Les morceaux en question sont Alabama et Southern Man, dans lesquelles Neil Young condamne le racisme qu’il observe en Alabama. Sa vision de l’état n’a rien d’une « Sweet Home » en somme.  Mais les Lynyrd Skynyrd ne font pas dans la dentelle, puisqu’ils « attaquent » directement Young dès le deuxième couplet :

« Well I heard Mister Young sing about her
Well I heard ole Neil put her down
Well, I hope Neil Young will remember
A southern man don’t need him around anyhow« 

Dans le troisième couplet, il est question du gouverneur de l’Alabama, George Wallace, qui prônait la ségrégation raciale. Mais Lynyrd Skynyrd a démenti toute apologie du racisme, expliquant que les paroles avaient pour but de condamner le gouverneur, soit tout le contraire de ce que leurs détracteurs avaient saisi.  Neil Young, quant à lui, a repris plusieurs fois Sweet Home Alabama en concert, la dédiant à « deux amis qui sont au ciel »…