Katy Perry tient sa revanche à Bercy avec Witness : The Tour

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Présente deux soirs (les 29 et 30 mai) à l’AccorHotels Arena de Paris dans le cadre de sa tournée « Witness : The Tour », Katy Perry a su démontrer qu’après un 5ème album très moyen, elle pouvait toujours être reconnue comme l’une des meilleures show girl du monde de la pop actuelle.

 

Première partie de Tove Styrke, report de Itscanek

Le rythme dansant de Tove Styrke

La chanteuse et modèle suédoise Tove Styrke a fait danser le public français pour le préparer pour une soirée qui s’annonçait mémorable. Pour ceux qui ne la connaissent pas, Tove Styrke a atteint la troisième place à l’Idol 2009 en Suède. Cependant, c’est véritablement avec son troisième album studio intitulé Kiddo qu’elle a eu un succès international. En effet, Tove Styrke a participé à l’EP de la pop star émergente Alma sur le morceau Good Vibes et elle a fait la première partie pour la dernière tournée américaine de Lorde.

En profitant de la sortie de son sublime quatrième album studio Sway, la chanteuse a interprété les hits entraînants Say My Name, Changed My Mind, Mistakes et liability, une reprise dansante de la chanson de Lorde. De plus, Tove Styrke a chanté ses anciens morceaux tels que Borderline avec des touches reggae et électro. Définitivement, Tove Styrke a donné l’énergie nécessaire sur scène pour accueillir comme il faut l’incroyable Katy Perry.

 

Show de Katy Perry : report de Grégory Alleaume

Un spectacle hallucinant

Après la première partie assurée par Tove Styrke qui a permis de chauffer la salle, 30 minutes d’entracte sont annoncées. C’est à ce moment là qu’un œil géant (celui de Katy Perry) scrute l’AccorHotels Arena de l’intérieur, avec tous ceux venus assister à une tournée mondiale qualifiée depuis des mois d’assez spectaculaire. Calibré au millimètre près, ce concert débute sur le titre éponyme du dernier album de la chanteuse originaire de Californie qui demande aux spectateurs de bien vouloir être ses témoins. A ce moment-là et hormis l’entrée au sommet de Katy Perry, on redoute un remake du Blonde Ambition Tour de Madonna version années 1990.

L’introduction vidéo assez dark nous montre une Katy Perry cheveux courts et blonds, aux yeux qui auraient reçu une douche de mascara, une réplique à l’identique de la Reine de la Pop. Bien heureusement, rien de tout ça n’arrivera. Rappelons nous que Katy Perry s’adresse à un public à la fois jeune et aussi familial, comme le prouvent les nombreux parents venus au concert avec leurs très jeunes enfants. Après Witness commence Roulette, l’une des autres chansons de l’album servant de prétexte à la tournée. Au cours de ce show de plus de 2 heures, Katy Perry assure à 100% son rôle d’entertainer avec peu de fautes, si ce n’est sa voix, qui pour la moitié du concert sonne assez faux.

Cela est assez déroutant pour une artiste de son calibre qui est habituée aux tournées marathon. Pour preuve, « Witness : The Tour » compte au total 115 concerts entre septembre 2017 et août 2018, en passant par 6 continents. Une véritable prouesse. Ce qui ressort notamment de cette prestation est avant tout les moyens qui ont vraisemblablement été mis en place pour que les fans de la chanteuse soient véritablement témoins d’un concert hors norme. Aucun décor et aucune animation ne semble avoir été réalisée au rabais. Visuellement, Katy Perry peut être fière de ce qu’elle propose aux milliers de personnes qui viennent l’applaudir sur scène chaque soir pendant 1 an. Mais cette démonstration d’effets spéciaux et de décors des plus somptueux n’est-elle pas là pour masquer les récents déboires artistiques rencontrés par la chanteuse ?

 

Un répertoire emblématique malgré tout

Au total, seulement 7 chansons issues du dernier opus de la chanteuse finiront sur la setlist. A vrai dire, cela semble presque trop, et la salle est beaucoup moins enthousiaste à entendre ces nouvelles compositions, hormis les singles « Bon Appétit » et « Chained to the Rhythm » et préfère nettement les tubes qui ont marqué le monde entier comme « California Gurls », « Teenage Dream » ou encore « I Kissed a Girl ». Pendant certains medleys endiablés, Katy Perry fait se tenir debout la salle de plus de 18 000 personnes qui chantent à tue-tête ses chansons. Le clou du spectacle intervient dans la deuxième partie du show lorsque s’enchainent les titres « E.T » et Bon Appétit » à travers un décor qui fait penser à Gotham City. Katy Perry et ses danseuses sont alors affublées de tenues très proches de celle de Catwoman. C’est d’ailleurs lors de ce medley que « Bon Appétit » est remixée avec le légendaire « What Have You Done for me Lately » de Janet Jackson, ambiance dark pop des années 1980 pour nostalgiques invétérés qui ont du goût. A travers plus de 20 chansons, peu de place au répit, mais quelques longueurs se font ressentir, et viennent presque meubler un spectacle déjà riche en émotions.

Quand la chanteuse revisite son show de la mi-temps du Superbowl en faisant monter le fameux requin de gauche (qui faisait n’importe quoi), le moment est un peu lourd et traîne en longueur. Lorsque l’on se rappelle que le danseur initial avait été licencié sans préavis suite à sa prestation, on se dit que le clin d’œil est moyen. Il en est de même lorsqu’elle décide de faire montrer une spectatrice sur scène pour un match de basket géant et démesuré. Pareil quand la chanteuse se lance dans des monologues invraisemblables, où l’on ressent plus de pitié que de compassion pour celle qui viendra se présenter à côté de son requin comme « Katy Perry avec une nouvelle coupe », ahurie de ne pas être acclamée, et se verra répéter sa formule comme pour quémander des applaudissements.

Après ces temps morts qui auraient pu être évités, Katy Perry tient finalement son spectacle grâce à une unique chose, la qualité de son répertoire, qui lui a permis d’aligner des dizaines de tubes mondiaux en seulement une décennie. Le point noir sur son tableau demeure l’album Witness. Pour la tournée qui l’accompagne, la chanteuse a mis un point d’honneur à démontrer qu’elle n’avait pas perdu de son modjo sur scène. Espérons que le successeur qui servira de 6ème album studio tienne ses promesses et s’inscrive dans la lignée de ses premiers succès. Des tournées spectaculaires à gogo ne pourraient alors pas être suffisantes pour sauver une possible légende encore dans le devenir.