Yamin Alma s’apprête à sortir prochainement un nouvel Ep, Love Ascension. C’est l’occasion pour nous de vous dévoiler l’interview que nous avions réalisée en mai dernier.
Cet artiste nous est apparu avec beaucoup de retard. Découvert aux Inouï 2017, il sort un premier album en fin d’année dernière. Nous ne l’avons découvert qu’au printemps 2018 en tombant sur Into The Blue : une petite perle folk, pleine de sérénité et de chaleur.
Rencontrer Yamin Alma dans un café parisien, c’est comme croiser un rayon de soleil sous la pluie. Et ce jour là il pleuvait beaucoup. Ce chanteur, originaire de Perpignan s’est livré à nous et vous savez quoi ? En repartant, il faisait beau !
Qui est Yamin Alma ?
On connait ta ville d’origine, mais au final on sait très peu de choses de toi : qui es-tu et comment es-tu arrivé à la musique ?
Yamin : Je suis né à Perpignan et ma famille est originaire de cette ville. J’y ai grandi, j’y ai fait mes études. J’y ai vécu pendant 20 ans. Etant enfant, j’étais souvent sur la route dans une compagnie de danse traditionnelle espagnole de flamenco comme danseur professionnel. J’ai eu la chance de beaucoup voyager : je suis allé au Mexique, en Chine, en Algérie… Pur hasard, on m’a trouvé un physique de danseur et mes parents m’ont entraîné dans cette aventure. J’étais aussi dans les classes CHAM (Classe à Horaires Aménagées en Musique) et du coup j’étais très souvent au conservatoire. A travers ces expériences, j’ai pu apprendre énormément de chose : bouger sur un rythme, ressentir la musique, le piano, le solfège…
Dans tes influences musicales tu cites Bob Dylan, Nick Drake, Neil Young… On peut aussi penser à Asaf Avidan dans ta voix… Est-ce que la folk a toujours eu une place importante dans ton parcours ?
Yamin : Depuis le début, la folk est une musique qui m’a attrapé. J’adore la pureté de la performance en folk : c’est souvent guitare voix et si tu veux attirer l’attention d’un public, c’est souvent une très bonne école. Tu apprends à vraiment écrire des chansons, à peaufiner le message. Je pense que c’est très important de donner du sens aux choses parce que souvent on a tendance à l’oublier. La folk c’est un gros challenge !
Into The Blue, premier album de Yamin Alma
Dans Into The Blue tu mets une petite note où tu expliques que tu as enregistré cet album chez toi, en huit clos, que pour toi, c’était comme jeter des choses ; il fallait que ce soit pur, sincère et avec toutes ses imperfections… On sent vraiment le côté authentique et storytelling dans cet album. De quoi avais-tu envie de parler ?
Yamin : Into The Blue, j’ai commencé à l’écrire quand j’avais 21 ans. J’ai mis 2 / 3 ans pour avoir tous les morceaux et pour me décider aussi. Je l’ai enregistré une première fois et je l’ai sorti sans faire de promo. Puis je l’ai remasterisé parce que je n’étais pas content du résultat. A l’époque j’étais parti en Suède pendant un an et j’avais réalisé un album pour une chanteuse là-bas, j’avais rencontré beaucoup d’auteurs… la Suède c’est le royaume de la folk avec le Canada… Et ça m’a beaucoup inspiré, ça a donné du sens à ce que je voulais faire. J’étais dans une relation pendant longtemps et j’avais besoin de ressortir des émotions. C’étais aussi une façon de me comprendre moi-même au travers de la musique. Une thérapie…
Expérience de Londres
Juste avant Into The Blue, tu as sorti un titre qui s’appelle Losing Control et qui est radicalement à l’opposé de ton album. J’ai entendu dernièrement UFO qui a l’air de revenir à ce rock plus pêchu que tu proposais avant. Est-ce que cet album ne serait qu’une transition finalement ?
Yamin : Pour être un bon song writer je pense qu’il faut faire de la folk mais aussi du rock. Ce sont des styles complémentaires. J’ai habité à Londres pendant 3 ans. Là-bas, j’ai vu beaucoup de concerts, j’ai rencontré beaucoup d’artistes, j’ai formé mon groupe, j’ai écrit des chansons pour des artistes et pour moi même. J’ai rencontré la vibe anglaise, cette espèce de son : ça joue dans les caves… Il y a une espèce de conviction ; tu l’as prend en pleine figure, c’est impressionnant ! La guitare est toujours au premier rang. Losing Control est venue de là ! UFO c’est différent. Quand t’es un artiste, tu n’as pas envie de prouver 10 fois la même chose. Into The Blue a sa couleur, mais ça retranscrit ce que j’étais à ce moment. Je ne vais pas refaire la même chose. J’ai aussi plein d’autres influences et pour mon nouvel Ep : ça sera plus américain, plus rentre dedans, plus efficace, plus Kravitz… Toujours avec du sens, parce que c’est ce que je veux garder dans ma musique. Mais je veux aussi que ce soit plus dansant pour inviter les gens. La folk, les gens n’accrochent pas toujours parce que ce n’est pas assez festif pour eux. Je voulais montrer que j’étais capable de faire des chansons qui groovent plus. c’est mon nouveau challenge !
C’est à Londres aussi que tu as retravaillé Into The Blue ?
Yamin : Oui, avec mon pote, Ginger Drage dans le Green Monkey Studio. Il a plein de matériel analogique. Je lui avais fait écouter mon enregistrement et il avait très envie de faire des mastering avec. J’ai fini les mix, je lui ai envoyé ; il a enregistré les drum par dessus et on a fait quelques arrangements ensemble. Il a ensuite fait passé le son dans des vieux record player pour obtenir le son 70’s.
Est-ce que tu penses qu’il fallait se passage UK pour que ton album trouve sa vraie couleur ?
Yamin : Complètement, je pense que pour faire une musique, il faut aller la rencontrer. Faut pas simplement se dire : je vais faire du rock. En France on a pas cette culture du rock à la base… donc aller en Angleterre et rencontrer les anglais qui font du rock, apprendre à parler anglais avec eux, c’est formateur ! C’est là que tu trouves comment rendre ton projet vivant, en allant à la source.
Est-ce que tu peux me parler de ta rencontre avec The Love Machines ?
Yamin : J’ai rencontré Jimmy Pallagrosi, le batteur du groupe, quand je faisais encore mes études au conservatoire. Il était là pour faire une master classe sur le groove ; c’est un super pédagogue, il invite toujours les jeunes à se joindre à lui autour de la batterie, il encourage les gens… Il sait créer une ambiance super ludique. Ce jour là, il m’avait donné confiance en moi et m’avait invité à venir avec ma guitare jouer avec lui. J’avais un peu peur mais on a vachement accroché. Il y a eu une vraie alchimie ! Il m’a dit : « Viens à Londres et on monte un groupe !« . Quand je suis arrivé à Londres, j’avais perdu le contact, j’étais allé voir un concert de Cortes au Notting Hill Hard Club et pendant le changement de plateau, je suis sorti et là je suis tombé sur Jimmy. Improbable ! Il m’a reconnu et il m’a proposé de se revoir pour prendre un verre et parler musique. Et ça s’est fait ! Ensuite, il y a eu Jodh Bergson, qui est le bassiste d’une soirée à Londres qui s’appelle Sessions 58 à Shoreditch, une sorte d’open mic avec un groupe. On a joué ensemble et on a trouvé qu’on parlait le même langage. Je lui ai proposé de nous rejoindre et on a commencé à répéter. C’est de vrais coups cœur musicaux !
Une tournée aux USA pour Yamin Alma
Tu reviens d’une tournée au USA. Laquelle de ces 3 expériences musicales tu préfères ?
Yamin : Wahou ! C’est tellement complexe, mais tellement intéressant : c’est une très bonne question ! J’étais encore jamais allé aux Etat Unis. J’ai rencontré Olivia, ma petite amie et aussi ma manager (aussi peintre, reiki master et auteur) qui est new-yorkaise. Elle m’a emmené avec elle et m’a trouvé 16 concerts dans tout le Nord-Est : New York, Boston, Portland, York, Portsmouth, dans le Connecticut, à Bridgeport… J’étais tout seul pour défendre Into The Blue en guitare-voix-harmonica. Les Etat-Unis c’est une très très grosse machine : tu as des projets de partout, ça fusionne dans tous les sens. Il y a encore beaucoup d’indépendant, le mainstream n’a pas forcément tout lissé, c’est vraiment très divers. Tous le monde peut vraiment faire son truc et avancé. J’ai l’impression d’avoir grandi aux US en quelques mois plus que je n’ai grandi en 5/6 ans en Europe. C’est impressionnant !
Olivia : En effet, il y a la place pour tous les artistes qui veulent être suivis et monter leur propre communauté pour avoir du succès. Je crois que Yamin a offert aux US non seulement son album folk Into The Blue, mais c’est surtout avec sa voix qu’il a convaincue. On a vu des gens venir plus de 4 fois aux concerts et le suivre de ville en ville. Il s’est vraiment fait un incroyable public. Il y avait un grand intérêt pour sa musique : des millennials jusqu’au gens de 60 ans. Chacun a trouvé ce qu’il cherchait en Yamin. Il y a vraiment une opportunité aux US pour les artistes de tous les styles. Si tu es bon et que tu as quelque chose à offrir, alors le public vient à toi, te suit et te soutient.
Yamin : C’est vrai qu’il y a un engouement qui m’a complètement surpris au départ et je ne m’attendais vraiment pas à ça. Les gens qui reviennent, qui font écouter ta musique à leur potes et qui achètent le CD pour leurs amis. C’est quelque chose que je n’avais jamais vécu en Europe et ça m’a beaucoup touché.
Quand tu repenses à ton expérience aux Inouïs, qu’est-ce que tu envisages pour la suite ? Est-ce que Le Printemps de Bourges t’a apporté les mêmes opportunités ?
Yamin : Les Inouïs, c’est une belle forme de reconnaissance artistique : c’est pour moi le plus gros tremplin de France pour les jeunes artistes émergeant. Après, c’est toujours une question de marché. Il faut savoir répondre à la demande. La musique que je fais n’est pas la plus populaire en France. Alors qu’aux Etats Unis, c’est vrai que ça touche un créneau populaire : c’est là où tu sens une identification qui se crée et que tu ne ressens pas forcement en France. Mais le Printemps de Bourges est une très belle scène et on a été très bien accueillis. Je m’attendais peut être à plus de retours professionnels.
La suite…
Qu’est-ce qu’annonce UFO ?
Yamin : C’est une nouvelle envie. J’ai envie de défendre le rock. J’ai envie de voir des guitares, que ça joue. C’est le single d’un nouvel Ep qui devrait sortir à la rentrée. On va attendre la fin des festivals, pour l’instant c’est pas le bon moment pour sortir un disque.
Quelque chose de prévu pour l’été ?
Yamin : Non pas vraiment. En septembre, on va repartir aux US pour une série de dates : on commence à en avoir certaines en Californie, à Los Angeles, San Francisco… On aimerait bien organisé une tournée en France à notre retour.
Tu penses que ça va être plus compliqué en France ? Est-ce que tu penses que tu es plus déstiné à une carrière internationale comme Tahiti 80 ou Phoenix ?
Yamin : Peut être. Mais peut être qu’une de mes chansons va répondre à une attente. J’aimerais beaucoup que les français s’identifient au rock que je vais proposer. C’est difficile de prédire ce genre de choses. Je pense que la mouvance en France elle est très rap et très électro en ce moment. Mais on verra…
Qu’est-ce que tu écoutes en ce moment ?
Yamin : J’ai découvert récemment un chanteur qui s’appelle Elias Dris, c’est très cool ce qu’il fait. Je suis revenu dans une période Prince, Michael Jackson et Kravitz. Je suis retombé dans cette musique et je la trouve belle. J’écoute beaucoup de Ryan Adams. J’écoute beaucoup de classique comme Eric Sati, Debussy. Norah Jones aussi… Quand je sens qu’il y a une vibe et que je comprends quelque chose émotionnellement au travers de la musique, ça me plait.
Quand on voit ses influences et qu’on l’entend parler de la façon dont il écoute la musique, on comprend mieux en effet son parcours, la façon dont il compose, ressent la musique, a composé Into The Blue et sa façon d’envisager son style et sa carrière !
Yamin Alma est un artiste sincère qui suit simplement son instinct de musicien et veut vivre de ce qui le fait vibrer dans l’instant.
Hier, nous apprenons la sortie de son nouvel Ep : Love Ascension !
En effet plus rock, il est clairement inspiré par le rock US à la Lenny Kravitz. Les chansons sont ultra prenantes et on sent que se détachent déjà de futurs tubes. Coup de cœur, personnel pour le titre éponyme de l’Ep qui m’a même fait pensé à du Bon Jovi ou Aerosmith (un bon petit revival 90’s). C’est un diamant brut qui tranche clairement avec Into The Blue mais qui secoue et fait du bien. De la pure énergie !