[Interview] Dissident, pure dynamite sur la scène pop-rock

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Photo : Alain Bibal

 

A l’occasion de la sortie de leur EP Family Affair, on a pu rencontrer les quatre copains de Dissident, un groupe à l’orée du succès hexagonal.

Photo : Alain Bibal
Photo : Alain Bibal

Un public condensé accueille Dissident chaleureusement dans la salle parisienne du Supersonic près de Bastille, et pourtant pas de chichis : un vrai dialogue avec les spectateurs transforme un concert normal en une véritable expérience de scène. Côté musique, on se régale. Un EP sorti il y a tout juste un mois, quatre titres maturés à souhait, résolument pop avec la noirceur nécessaire qui sied à leur veste en cuir siglées de leur nom.

Pourtant, pas de groupe fixe, mais plutôt un projet à part entière. A en croire leur Facebook, Dissident ne se définit pas comme un groupe normal :

« Au départ, la création de ce projet c’est surtout pour pouvoir rassembler des gens au-delà même de la musique, remettre la valeur humaine au centre du tout, ne pas se considérer comme des noms Facebook, mais des personnes à part entière avec qui discuter, confronter les idées, partager surtout. Tenter de donner un caractère « social » finalement à ces réseaux, là où ils ont fait tout l’inverse. »

Au-delà de ça, l’EP Family Affair condense 4 titres parfaitement neufs en une mosaïque musicale complète, piochant un peu partout, sans toutefois négliger sa qualité. La voix est grave et posée tout au long de l’opus, enchaînant titres à vocation d’hymnes fédérateurs à des morceaux plus intimistes.

Brothers, véritable fer de lance de cet EP, renvoie à des logiques disco, titre lancé par une mélodie qui ne vous quittera pas. Tonique et électro, la basse y est énergique, tandis que les chœurs intensifient le côté « crew », déjà murmuré par le titre.

Autre face du prisme de Dissident, un côté assez sombre est présent, à l’image de Space Knight, avec une basse parfois funk qui réveille cet opus. Killers on the Block compile les effets rétro tout en restant lancinant et sensuel avec quelques envolées définitivement rock.

Dissident

Quel est votre projet avec Dissident ?

On est à 360 dans le fait qu’on aime que les gens participent de n’importe quelle manière au projet, c’est-à-dire photo, vidéo. Chacun peut apporter quelque chose. Rien que de porter une veste, c’est important. On ne reste pas fixés sur être seulement un groupe de musique qui joue devant des gens et qu’il y est une barrière entre les deux. Si des gens veulent participer au projet et y apporter des idées, ils sont les bienvenus.

Hier au Supersonic, j’ai entendu pas mal de rock garage sur les riffs de guitare et d’un autre côté,  des sons funk et disco… Vous mélangez les styles ?

Notre musique est un mix de pas mal de styles. On fait de la pop au sens large. On essaie de piocher un peu dans tout ce qu’on aime. C’est peut-être un peu inconscient…

Vous avez des artistes qui vous viennent en tête lorsque vous composez ? Peut-être une culture musicale commune ?

On écoute pas mal de styles différents mais il y a quand même des groupes qui nous rassemblent : Gorillaz par exemple, qui arrive à mixer les choses comme on aimerait le faire. C’est une vraie icône pop.

J’ai un peu entendu les Strokes et Jungle…

C’est possible, on les a beaucoup écoutés et digérés, c’est vrai.

On retrouve dans votre EP de belles mélodies pop, c’est fait exprès ?

On aime bien les « gimmick », les petits crochets mélodiques qui restent en tête. Quand tes parents finissent par les chanter, c’est qu’on a réussi (rires). Mais ce n’est pas du tout du calcul.

Comment travaillez-vous ensemble ?

On bosse tous ensemble généralement. On a une maison en Corrèze où on se rassemble pendant des mois de retraite studio, tous les quatre à composer.

Un peu comme les Stones pour leur album Exile on Main Street ?

Peut-être un peu moins rock n’roll (rires). Mais dans le délire, c’est ça. C’est paumé en pleine campagne, pas d’internet, on est tous les quatre et il se passe des moments magiques. Chacun peut bosser séparément, et on finit par tout mettre en commun.

Dissident

Pour confectionner cet EP, vous avez tout composé de cette manière ?

On avait plein de petits bouts de chansons qu’on a été obligés de trier, filtrer et retravailler. La première étape, c’est de savoir de quoi on parle. On prend de grandes feuilles avec des noms de chansons et des mots-clés. Ça nous aide à composer. Parler de la même chose au même moment, c’est important.

C’est dans cette maison que vous avez tourné le clip de Space Knight?

Non celle-là c’était près de Tours dans un hangar à avions. Si c’était une maison, ça serait vachement grand ! (rires)

Vous avez sorti 3 clips : chacun participer à l’élaboration du scénario ?

Les idées viennent de nous et on fait appel à des pros pour les réaliser, on a une équipe de copains.

Ces clips ont vocation à vous étendre hors de France ?

Forcément. Voyager et faire des concerts partout, c’est le rêve de tout musicien. Pour l’instant, on essaie de se développer en France et, pourquoi pas, en Europe.

Vous avez, je crois, une fanbase assez solide…

Ça commence à se développer, c’est très récent. En plus, le projet n’est pas super simple d’accès dans le sens où il y a quelques idées assez importantes derrière, pour ne pas être seulement un groupe de musique. On aime soigner tout ce qui se passe autour du groupe et ça prend du temps. Par les vestes, il y a une volonté de vouloir rassembler, que cela devienne une famille à proprement parler. Le blason est super important.

C’est ce que vous faites en live : aller chercher le public, parler avec les gens…

Oui, on essaie de casser cette barrière qui est souvent là. Les réseaux sociaux aujourd’hui sont une barrière phénoménale et la communication des groupes est en général assez impersonnelle. On essaie d’être un peu plus humains. On demande l’avis de ceux qui nous écoutent. Par exemple, pour la pochette de l’EP, on a proposé deux versions et c’est eux qui ont choisi. Avec les chansons aussi, on avait deux ou trois versions et on a fait un sondage pour faire participer notre public. Ça nous aide aussi.

La première fois que je vous ai vu jouer, c’était il y a un an à la Maroquinerie en première partie de LUH.

Oui, on adore Wu Lyf (premier groupe du leader de LUH ndlr) et son nouveau projet est assez cool. J’aimais bien la cohésion de groupe.

Des groupes que vous avez particulièrement aimé en live récemment ?

Parcels. De A à Z, c’était monstrueux musicalement. Ça bouge sans arrêt, il n’y a pas un temps mort. Jouer après eux, c’est pas un gros cadeau.

Et des artistes français ?

En fait, on écoute pas mal de rap : Damso, Booba… Les rappeurs, ça nous fascine. Et sinon, Bashung, Gainsbourg, Biolay, les classiques.

Un vrai « dissident » vote-t-il aux élections ?

Pour nous, c’est plus être un « dissident » de la vie, plus que la politique. Mais il faut voter !

Interview réalisée en avril 2017.

Photo de couverture : JB Ambrosini