Aujourd’hui, nous vous présentons Ali, jeune chanteur d’origine Libanaise. Il a participé récemment à la compétition Eurovision : C’est vous qui décidez 2021 et est allé jusqu’en finale. A cette occasion, nous l’avons rencontré et nous avons pu échanger sur cette première grande expérience mais aussi sur son enfance au Liban, son amitié avec Hyphen Hyphen. Découvrez sans attendre l’interview de cet artiste prometteur aux multi-facettes.
Just Focus. Bonjour Ali ! Est-ce que tu peux commencer par te présenter ?
Ali. Oui bien sur ! Je m’appelle Ali, j’ai 29 ans. J’ai été finaliste pour l’Eurovision France, C’est vous qui décidez. Ça fait 6 ans que je suis en France. Je suis né, j’ai grandi au Liban, à Beyrouth. J’ai grandi dans un milieu où c’était un peu une période de guerre, donc j’ai grandi un peu sous les bombes. Et quand je sortais le soir, le soir ou la journée, je risquais clairement ma vie.
Bien sûr, ce sont des choses qui affectent pleins de personnes et donc dans le lieu où j’ai grandi, je n’étais personnellement pas très incité à devenir artiste ou chanteur. J’ai grandi en étant incité à devenir médecin, avocat ou architecte, bien évidemment, parce qu’il faut sécuriser son futur. J’ai donc fait des études en architecture d’intérieur.
Puis j’ai décidé de quitter le Liban et de suivre mon chemin, de réaliser mes rêves. Je me suis installé à Paris après un passage à Milan, pour réaliser et développer mon univers plein de mode, de chant, de musique, d’art et donc me voilà aujourd’hui.
Just Focus. Comment as-tu vécu l’arrivée à Milan et ensuite en France ?
Ali. La première fois que je suis venu en Europe, c’était pour visiter la France. J’étais en sixième, c’était pour fêter le centenaire de la Mission laïque française, mon école, et quand je suis arrivé ici, il y a eu quelque chose. Je savais que j’allais finir par habiter ici, je le sentais.
Quand je suis parti du Liban, je suis arrivé en Italie pour poursuivre la fin de mes études. C’était un premier pas pour pouvoir partir de mon pays. C’était très bien, j’ai adoré. J’ai adoré l’Italie. C’est un pays magnifique, mais la France reste pour moi le pays qui m’a ouvert les bras et qui m’a adopté. Ça restera toujours dans mon coeur, un lieu qui est incroyable.
Just Focus. C’était comme une évidence, tu as su que tu devais poursuivre ta vie en France ?
Ali. En fait, dans ma tête c’était déjà tracé. Évidemment, on rêve, on rêve beaucoup quand on est jeune. On se dit : »En fait, ça ne va jamais se réaliser ». Mais voilà, on y croit et on fait tout ce qu’on peut pour le faire et on y arrive.
Just Focus. Il y avait ce chemin un peu tout tracé avec ces études d’architecture d’intérieur et une vie dans un pays un peu compliqué. Mais tu savais au plus profond de toi que tu voulais faire de la musique et quelque chose autour de l’art ?
Ali. La fibre artistique, je l’ai toujours eue. Et je savais qu’à un moment donné, je ne sais pas si c’était un ressenti à l’intérieur, mais je savais que j’allais dédier ma vie à ça.
J’avais besoin de m’exprimer, j’ai besoin de m’exprimer ! Et donc je savais que j’allais faire de la musique. Comment ? De quelle façon ? Je ne savais pas, parce que je n’avais jamais pris de cours de chant, je ne savais pas comment ça aller se passer, mais je savais que j’allais le faire. Je pense qu’en parlant à l’univers et en travaillant très dur me voilà.
Aujourd’hui, j’ai la chance de pouvoir enfin réaliser la majorité de mes rêves parce qu’à la fois je suis en train de travailler sur mes projets de musique et en parallèle je viens de lancer ma marque de prêt-à-porter, ma première collection. Je travaille dans la mode en parallèle aussi.
Just Focus. Comment s’appelle ta marque ?
Ali. Ma marque à moi s’appelle Zalzali, qui est mon nom de famille.
Just Focus. Tu as donc commencé la musique en arrivant en France ?
Ali. J’ai commencé la musique quand j’étais tout petit, j’ai commencé la musique sous la douche (rires).
Just Focus. Et où est-ce que tu as pris tes premiers cours de musique ?
Ali. Alors ici, c’était mes tous premiers cours de chant. J’avais fait des petits workshops ou des petites masterclass quand j’étais au Liban. J’ai travaillé sur quelques petites prods. Mais la première fois que j’ai vraiment pris des cours de chant, c’était il y a quelques mois, grâce à un professeur qui s’appelle Mickael, qui a une école ici à Paris qui s’appelle Broadway in Paris. J’ai commencé avec lui et c’était mes tous premiers cours, il y a quelques mois.
Just Focus. Tu sors des covers chaque dimanche sur ta chaîne Youtube et sur Instagram, est-ce que le but était de montrer un peu ton univers, ton identité musicale, qui tu étais pour finalement te présenter au public ?
Ali. C’est exactement ça ! En fait, je me suis dit qu’aujourd’hui, le monde, parce que c’est ma première prise de parole musicale avec mon titre Paris me dit Yalla Ya Helo, ne connaît pas l’univers d’Ali. Donc j’ai voulu donner une dégustation de mon univers. Ce que je fais, c’est que je prends des chansons que j’aime bien avant tout, qui me plaisent et je réécris les paroles. Je les tourne avec cet univers que j’ai dans ma tête, plein de rêves, plein de nuages, plein de couleurs.
Just Focus. Justement, on peut découvrir que tu reprends les chansons en français. C’était vraiment symbolique pour toi ?
Ali. Oui, c’est aussi parce que c’est un challenge. Je me suis toujours demandé, ce que pourraient être de grandes chansons comme ça, ce qu’elles pourraient devenir si on les traduisait en français. Et franchement, ça a été vraiment une découverte, même pour moi, parce que quand je réécrivais les textes, parfois c’était des traductions qui ressemblaient aux vraies paroles. Et d’autres fois, je les récrivais en m’inspirant d’une histoire ou d’un ressenti personnel.
Je vous donne l’exemple de Alejandro de Lady Gaga ou elle raconte l’histoire de quelqu’un qui part et qui a des aventures avec des personnes différentes. Alors que moi dans mon texte, je parle d’une personne qui se réveille tous les jours, tous les matins en ayant une personnalité différente.
Il s’avère qu’à la fin on découvre que, Alejandro, Roberto, Fernando, sont toutes les personnalités que voulaient être cette personne. C’est comme si on vous disait, vous ne serez jamais Alejandro dans votre vie, vous ne serez jamais Fernando dans votre vie et en fait, ça crée cette sorte de schizophrénie. Donc chaque jour, cette personne devenait quelqu’un qu’on lui avait interdit d’être.
Just Focus. Ça fait vraiment écho à ce que toi tu as pu ressentir plus jeune.
Ali. Ça fait écho sûrement à des choses que j’ai dû vivre en expérimentant dans ma vie. En voulant être, ce qu’on m’a dit que je ne serais jamais. Comme par exemple, tu ne seras jamais chanteur ou, tu ne chantes pas assez bien ou, tu ne seras jamais artiste. Et aujourd’hui, ben me voilà en fait !
Just Focus. C’est une belle revanche.
Ali. Toujours, ça vient toujours d’ici (rires).
Just Focus. Donc c’était vraiment le meilleur moyen, ces covers dans lesquelles tu reprenais ton histoire, de se présenter. Est-ce que par la suite tu envisages de sortir ton album ?
Ali. Pour être très honnête, ce n’est que le début de l’aventure. J’ai commencé avec Paris me dit, et ce n’est que le début !
Just Focus. Avec quels artistes aimerais-tu collaborer ?
Ali. Ou la ! Alors j’aimerais collaborer avec pleins d’artistes et pour des raisons très différentes. J’aimerais collaborer avec Grimes par exemple, parce que je la trouve incroyable. Avec Perfume Genius, parce que son univers est ouf. J’aimerais collaborer avec Billie Eilish parce que je trouve que ce qu’elle arrive à dégager est juste ouf et parce que c’est Billie Eilish !
Il y a une personne avec qui j’aurais tellement aimer collaborer, mais cette personne n’est plus avec nous, c’est Queen, Freddie Mercury. C’est le seul artiste avec qui, malheureusement, ce n’est pas possible. En tout cas d’une façon physique.
Just Focus. En parlant d’artistes avec lesquels tu aimerais collaborer, quels sont tes sources d’inspirations ?
Ali. Alors mes sources d’inspiration, elles viennent de pleins, pleins de choses. Que ce soit musicalement ou en écrivant des paroles.
Je suis quelqu’un qui a écouté tellement de genres musicaux différents. Quand j’étais tout jeune, j’écoutais du rock, après, j’écoutais énormément de la pop. Et puis après c’était de la comédie musicale, du jazz, de l’électro. J’ai tellement de sources d’inspiration.
Moi en tant que personne, je suis quelqu’un d’assez théâtrale, donc il y a toujours cet ingrédient-là. Pour toutes les choses que j’écris, ça peut-être une femme qui regarde son téléphone dans le métro. Comme la couleur des oiseaux dans les forêts tropicales que je regarde à la télé. Ou le rythme que je trouve dans les légumes quand je fais mes courses.
Just Focus. C’est vraiment une source d’inspiration quotidienne ?
Ali. C’est surtout et avant tout des choses que je vis. En fait, ce que je raconte aujourd’hui, c’est comme si c’était un petit journal.
La musique est pour moi un refuge où j’essaye de me retrouver, où j’essaye de m’exprimer. Donc généralement, c’est vraiment des choses que j’ai vécu ou, que je vis ou, que des personnes que j’ai rencontrées ont vécu et qui m’inspire. Ça vient toujours de la vie, de la vie qu’on a tous.
Just Focus. Tu as été finaliste en compétition pour représenter la France à l’Eurovision. Comment est-ce que tu as décidé de t’inscrire à ce programme et comment tu t’y es préparé ?
Ali. On l’a décidé avec Hyphen Hyphen, le groupe avec qui j’ai écrit Paris me dit. Avant tout, on est amis, donc on a commencé à s’amuser et à créer quelque chose.
Hyphen Hyphen ont été touchés par mon histoire. Et ils ont été touchés un soir où on a chanté ensemble. C’était dans un appart’, avant Covid bien évidemment (rires). On a chanté ensemble et on s’est dit : » Mais pourquoi on n’écrit pas mon histoire en musique ? » Donc on a décidé de le faire, on a commencé à écrire, à s’amuser et d’un coup, on s’est retrouvé finaliste. On s’est demandé : » Si on représente un titre comme celui-là, quel serait le meilleur moyen et quelle serait la meilleure chaîne pour ça ? ». En fait, c’est l’Eurovision ! C’est la plus grande scène avec la plus grande audience, donc go ahead or go home.
Comment je me suis préparé ? Je pense que j’ai commencé à me prépare à partir du moment où je suis né. C’était très dur d’avoir assez de courage pour le faire, parce que prendre la parole que ce soit musicalement ou artistiquement, ça nécessite beaucoup de courage. Parfois, on essaye d’abattre les gens pour qu’ils ne s’expriment pas. Aujourd’hui, je me sens courageux comme jamais et je suis prêt à donner mon tout.
Just Focus. Est-ce que tu peux nous parler de la rencontre avec Hyphen Hypen, ce que ça a changé pour toi et l’écriture de ce morceau.
Ali. Hyphen Hyphen, on s’est connu via des amis et ça a matché directement. Parfois c’est des énergies qui, quand elles se rencontrent, il y a quelque chose qui se passe. Et c’était exactement ça !Quand je racontais un petit peu mon passé, mon parcours, c’est là où ils ont vu en moi, et pour ça, j’en suis tellement reconnaissant. Ils ont vu en moi une sorte de lumière, que j’avais quelque chose à dire et ils m’ont donné la chance de pouvoir le faire et c’était juste trop beau.
Just Focus. Ils ont vu quelque chose que toi-même tu ne pouvais pas encore voir ?
Ali. Que moi je ne voyais pas ou que je n’avais pas assez de confiance pour le montrer. Ils ont réveillé en moi quelque chose que j’essayais d’endormir et ils avaient raison !
Just Focus. Quels ont été les grandes étapes lors de la finale de l’Eurovision ?
Ali. Alors pour l’Eurovision le 30 janvier, il y a eu le prime sur France 2 à 21h05 précise, en live, avec un grand panel de jury. Pendant ce prime, il y a eu les votes du public. Ça s’est passé en deux parties. La première partie était 100 % vote du public. Et la deuxième partie était 50% vote du public, 50% vote du jury.
Just Focus. Tu n’étais pas trop stressé à l’approche du verdict ?
Ali. Comment ça stressé ? J’ai traversé la moitié du globe pour arriver en France et vivre de ma passion (rires). Si bien évidemment ! Enfin, ce n’était pas du stress, j’étais excité, ce n’est pas pareil. En fait, tu sais quand tu as une course de chevaux et ils sont derrière les barrières. On attendait que le feu soit vert pour qu’on puisse commencer à courir. Je me sentais comme ça. Et j’avais hâte !
Just Focus. Et sinon comment vis-tu cette crise du Covid ? Ce n’est pas trop compliqué ?
Ali. Si bien évidemment, comme tout le monde. Surtout pour toute sorte de spectacle, de concert, je trouve ça tellement tragique. Mais par contre de mon côté, je suis quand même content qu’on ait des émissions à la télé qui permettent de continuer à promouvoir la culture et qui nous permettent aussi de pouvoir nous produire. En tant qu’artiste qui vient de prendre la parole, de pouvoir quand même parler à des gens, même si c’est d’une façon virtuelle, de pouvoir partager ce que j’ai à dire avec eux.
Just Focus. Tu as ta marque de vêtements ainsi que ton début de carrière dans la musique. Est-ce que tu aimerais faire d’autres choses dans le milieu artistique ?
Ali. Je pense que j’en fais déjà beaucoup. Je fais déjà des choses que j’adore et j’aimerais bien évidemment faire encore peut-être plus de choses. Pour moi, quand quelqu’un a envie de s’exprimer et a quelque chose à dire, le moyen de l’exprimer peut être infini.
Aujourd’hui, je touche à la mode, je touche à la musique, je touche aussi à la peinture, je fais beaucoup d’aquarelle, du design et qui sait. J’aimerais aussi toucher à la réalisation, un jour. Who knows ?! Mais en tout cas, toute sorte de création me stimule.
Just Focus. Ali, je te remercie pour cette interview ! Tu aurais un petit mot pour la fin ?
Ali. Je voudrais avant tout te remercier, c’est gentil de m’avoir accordé ton temps. J’espère que mon titre te plaît et plaît à tout le monde. J’ai envie de dire à tout le monde une chose. C’est que, peu importe ce que la vie va vous mettre comme obstacle, il faut qu’on fasse tous la paix et il faut vraiment franchir tout ça et Yalla !
Merci Ali pour cette belle interview !
Nous espérons te revoir très vite. On te souhaite pleins de belles choses.
A bientôt
Vous pouvez retrouver Ali sur sa page instagram @aliouicestbienlui