À l’occasion de la sortie de son premier album Karma, Carla Stark nous dévoile les secrets de sa musique. Sur des sujets comme l’amour, l’estime de soi et le sens de la musique, l’artiste se livre sur cet album, mais aussi son parcours.
JustFocus : Bonjour Carla ! Dans un premier temps on va parler de votre parcours. Pouvez-vous nous le décrire ?
Carla Stark : Après avoir eu mon bac au Lycée français de Ho-Chi-Minh City au Vietnam, je suis rentrée en Europe. J’ai obtenu mon master en Sciences-Economiques à Bruxelles et j’ai directement commencé à travailler, d’abord dans une boîte de recrutement, et puis aux ressources humaines dans l’entreprise familiale.
Après 2 ans, pas vraiment satisfaite de la vie en entreprise, je me suis inscrite au Cours Florent à Bruxelles, une expérience que j’ai beaucoup aimé. Je n’y suis restée que quelques mois puisque qu’à ce moment m’est tombé dessus l’opportunité de partir en Inde, pour monter le spectacle Beyond Bollywood, en février 2015. C’est grâce à ce spectacle, que j’ai aidé à produire et dans lequel j’ai fini par jouer et danser, que j’ai rencontré d’abord Mohit (son partenaire, ndlr), la raison pour laquelle mes allers-retours à Mumbai continuent, et puis surtout Essaï Altounian.
En parlant d’un tout autre projet, j’ai mentionné que j’avais quelques textes à lui faire lire, pour voir s’ils étaient assez musicaux pour devenir des chansons. Essaï a adoré non seulement mes paroles mais aussi ma voix et s’est donc proposé de composer et d’arranger cet album qui existe aujourd’hui, grâce à lui et ma maman, qui y a assez cru pour le produire.
« Karma, Mektoub, destin, on lui donne le nom qu’on veut, mais ce que la vie nous offre sans que l’on sache pourquoi … C’est à mon sens la seule chose qui explique comment aujourd’hui j’ai la chance d’avoir cet album. »
JF : Qu’est ce qui vous a donné envie de vous lancer dans la musique ?
CS : Depuis toute petite la musique a été une part primordiale de ma vie. J’ai joué du piano pendant près de 16 ans, j’ai toujours été scotchée à mes écouteurs… Mais j’ai mis beaucoup de temps à réaliser que j’avais en moi le potentiel d’en faire mon métier.
Ce qui m’a poussé à me lancer ce sont surtout des opportunités, des rencontres, des hasards qui mis à la suite les uns des autres m’ont finalement convaincue que je devais le faire ! D’où le nom de l’album, Karma, Mektoub, destin, on lui donne le nom qu’on veut, mais ce que la vie nous offre sans que l’on sache pourquoi.. C’est à mon sens la seule chose qui explique comment aujourd’hui j’ai la chance d’avoir cet album.
JF : Quelles sont vos influences musicales, qu’on imagine diverses à la vue de votre train de vie entre l’Europe et Mumbaï ?
CS : On a tous en grandissant des “phases” musicales je suppose, on écoute plus vraiment ce que l’on écoutait à 12 ans ou à 20 ans, quand on en a 30… Sauf que je continue de tout écouter, du métal, du classique, du jazz, de la pop, du rock, etc. Difficile du coup de parler d’influences musicales en particulier ! Mais parmi les albums que j’ai le plus écouté dans ma vie, il y a Dummy de Portishead, Blue de Joni Mitchell, The Score de The Fugees, Steal this Album de System of Down, Americana de The Offsprings, Gently Disturbed du Avishai Cohen Trio, et tellement d’autres..
JF : Comment écrivez-vous ? Composez-vous ?
CS : Les paroles sortent telles quelles, elles arrivent et j’écris… Quand “j’essaye” d’écrire, ça ne marche pas, et quoi qu’il en sorte je finis par tout effacer et recommencer au moment où l’inspiration vient d’un coup. C’est en général quand je suis sur le point de m’endormir, il faut trouver la motivation pour ouvrir les yeux et tout mettre sur papier avant de tout oublier !
Je mets rarement plus d’une demie heure à écrire toute une chanson, que j’adapte après si nécessaire à la musique qui vient l’accompagner. Pour l’anecdote, j’ai un fichier quelque part avec tous les couplets de chanson que l’on a finalement pas utilisés, peut-être que j’en ferai une chanson un jour !
Pour la composition, ce n’est pas moi qui l’ai faite, c’est Essaï, et ça a permis de belles choses. Par exemple quand j’ai écrit Start Starting, j’étais au plus bas du bas, et dans ma tête cette chanson était un hymne à la dépression. Et puis Essaï est arrivé avec cette mélodie toute fraîche me disant que mes paroles étaient pleines d’espoir. Je n’avais même pas réalisé en écrivant que j’avais glissé une “porte de sortie” dans la chanson ! Si j’avais composé la musique moi-même, cela aurait été un tout autre morceau…
JF : Passons à l’album maintenant ! On a pu remarquer, après l’avoir écouté, que l’amour est un sujet récurrent, pourquoi ? Est ce que c’est quelque chose qui marque ?
CS : Comme je l’ai dit, j’écris comme ça sort, et à part Start Starting et Once a Cheater que j’ai écrites il y a quelques années, toutes les autres chansons de l’album me sont venues la même année.. Il faut croire que l’amour était omniprésent dans ma vie à ce moment-là ! Des débuts de relation un peu tumultueux, et puis un happy ending, ça peut expliquer les différentes humeurs des chansons. Non seulement l’amour marque mais on y est tous confronté, par sa beauté mais aussi par son absence, c’est un thème qui parle donc forcément, sous une forme ou une autre, à tout le monde.
JF : On aperçoit aussi le combat d’une femme forte en ligne de fond. Est-ce que c’est un combat que vous avez eu à mener ?
CS : Plusieurs ! Et je ne suis pas encore sûre d’avoir réussi à devenir la femme forte que j’exprime dans mes chansons… Mais cela fait son chemin ! Dans ma petite expérience professionnelle, y compris dans la production du spectacle Beyond Bollywood, nous avons du faire face à ces “Monsters” dont je parle. Et je crois qu’avec le recul je regrette beaucoup de ne pas avoir été assez ferme, et surtout d’avoir été très naïve, dans une relation également, que j’aurais dû quitter beaucoup plus tôt, etc. Rien d’insurmontable mais des épreuves qui ont chamboulé mon estime de moi justement, que j’essaye de regagner. L’écrire, le chanter, m’entendre et finir par me croire, j’espère que ça va marcher !
« Au travers de l’album, l’effet voulu était de refléter au maximum mon éclectisme, mes influences totalement différentes, et puis mes humeurs et personnalités différentes aussi. »
JF : Certains titres comme Wrong Love (mon morceau préféré) ou Once A Cheater sonnent différents, souvent pour des sons plus bruts. Quel était l’effet voulu ?
CS : Au travers de l’album, l’effet voulu était de refléter le maximum mon éclectisme, mes influences totalement différentes, et puis mes humeurs et personnalités différentes aussi. Et dans toutes mes paroles, celles de Wrong Love étaient celles qui se prêtaient le plus à ce rythme rock californien, pour le côté un peu énervé mais aussi un peu drôle, une petite influence Girlfriend de Avril Lavigne par exemple. C’est aussi un de mes morceaux préférés !
Pour “Once a Cheater”, que j’ai écrite il y a très longtemps, j’avais tout le long en tête le “cell black tango » de Chicago, et ce sont les seuls paroles où j’ai spécifiquement indiqué à Essaï ce que je voulais, un tango un peu cabaret. Parce que ces paroles, qui étaient très vraies il y a 5 ans au moment de la rupture de cette histoire, me paraissaient aujourd’hui un peu exagérées, et c’est comme ça que j’avais envie de les chanter.
JF : Cet album est-il comme une sorte de remède non seulement pour vous, mais aussi pour ceux qui l’écoutent ?
CS : Il y tellement de moments dans lesquels une chanson ou un album m’ont aidé, je ne peux qu’espérer que mon album fasse pareil pour quelqu’un un jour ! Je me vois à 17 ans écouter en boucle l’album Blue de Joni Mitchell et connecter à toutes les chansons, elle l’avait probablement écrit comme son remède personnel au départ mais on est toujours plusieurs à nécessiter le même remède…
C’est drôle comme lorsque l’on est triste, on veut écouter des chansons tristes, et inversement pour quand on est heureux. Je crois que c’est parce que l’on a besoin de savoir que l’on est pas seuls, que d’autres traversent les mêmes difficultés ou les mêmes douleurs ou peines. Mes expériences, les bonnes, les moins bonnes, ne sont pas uniques et j’espère qu’elle parleront à certains.
JF : Est-ce que Karma est finalement une histoire ?
CS : On a enregistré les chansons, dans le désordre, sur le cours d’une année entre mes allers-retours, et c’est vrai que quand l’album était fini et que je l’ai écouté en entier pour la première fois, j’y ai entendu mon histoire, en tout cas mes deux précédentes années. Pas forcément dans l’ordre où nous avons finalement mis les chansons, mais tout y est. C’est une histoire parce que tout y est vrai, tout y est un ressenti ou un vécu que j’ai eu à un moment donné.
Le nouvel album de Karla Stark, Karma, sera disponible le 15 mai prochain. Pour patienter un peu, vous pourrez retrouver la review en début de mois prochain. Retrouvez le clip de Start Starting et la page Facebook de Carla Stark en suivant les liens. Encore un peu de patience !