[Interview] Rencontre magique avec Aurora avant son concert à la Cigale

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Nous avons eu la chance de rencontrer Aurora avant son concert parisien à la Cigale. Trentes minutes de confidences et de révélations pour mieux apprécier cette petite fée du nord.

Nous sommes les derniers d’une longue journée de promotion, mais c’est avec un sourire rayonnant et une énergie encore palpable qu’Aurora nous reçois. Accroupie sur un canapé de velours rouge, elle ressemble à un arlequin malicieux et bienveillant. Chaleureuse et disponible, cet échange fut un interview mémorable !

Avant toute chose : comment vas-tu ?
I’m very good… Ça va bien ! (En français)

Qu’est-ce que ça fait de revenir à Paris ? 
C’est génial, j’adore être à Paris. Je suis venue 4 fois cette année pour mon propre plaisir. Je pense que je pourrais vivres ici. J’adore le vin rouge, j’adore le pain… et le beurre… et je mange relativement tard. 

C’est seulement pour la nourriture ou il y a autre chose que tu aimes à Paris ?
J’adore les rues et les gens. Ils sont juste naturels. Tu sais ce qu’il ressentent, tu sais quand ils sont ennuyés, quand ils sont heureux, ce que j’apprécie parce que j’ai toujours du mal à comprendre les gens quand ils ne sont pas transparents. Et j’aime votre respect pour l’art !

On t’a découvert avec ton premier album. On a eu la chance de te voir en concert à la Maroquinerie.
A quoi ressemble ton quotidien aujourd’hui depuis que cette aventure a commencé ?

C’est une aventure en effet ! Chaque jour est différent. Aujourd’hui j’ai peins et j’ai pris l’avion pour venir à Paris. J’ai eu des interviews et sessions acoustiques. J’ai mangé des gâteaux, bu du café. En ce moment, je me lève tôt, je prend l’avion, je joue en concert et je vais dans un autre pays et ainsi de suite. C’est une vie très prenante, mais c’est nouveau tous les jours, ce que j’adore. Et à chaque concert il y a plein de nouvelles personnes, un nouveau lieu et une nouvelle énergie ; c’est très important pour moi sinon je mourrais d’ennui. Et je me sens aussi différente aussi chaque fois que je joue.

On se souvient de ton petit documentaire « Nothing is Eternal » très touchant et inquiétant à la fois. Était-ce une confession, un héritage ou un rappel pour toi même ?
C’était une sorte d’héritage, mais aussi un rappel. Pas que pour moi… pour les gens sur terre. La façon dont je vis me donne beaucoup de bonheur même si ma vie est très occupée. C’est beaucoup de travail et il faut est persévérant pour exister dans ce milieu. Mais tout est une question de passion et c’est là d’où vient l’énergie.
Je ne suis pas la seule personne à être occupé : nous le sommes tous de façon différente avec de la pression, du stress… Je voulais faire une vidéo sur le fait de prendre du temps de regarder autour de soi. Je sais que ça semble facile et on peut penser que ça ne change rien… Mais en fait si ! Je le fais tout le temps, 5 fois aujourd’hui : je m’assoie et je pense aux choses, aux gens, à ce qui m’entoure… A toutes ces petites choses qui me rendent heureuse et font que tout est mieux.

Je voulais faire cette vidéo pour m’en souvenir dans quelques années, dans soixante ans quand j’en aurai 80. Ce n’est jamais trop tard pour commencer à prendre conscience de ces petites choses. C’est vivre dans l’instant. On ne peut pas vivre d’une autre façon. Je ne pense jamais à demain ni à hier. Je n’ai jamais de chagrin, sauf quand je perd ; je peux être triste pendant longtemps. Mais en dehors de ça, je ne pense à rien d’autre. Le présent , toi et moi…

As-tu toujours peur ?
Je n’ai jamais eu peur de la mort. Je pense que c’est quelque chose de très réconfortant. Imagine si nous vivions pour toujours combien nous deviendrions froid. Ces petites choses deviennent insignifiantes si tu vis des centaines d’année. Et j’aime le fait que ces petites choses soient si spéciales. Elles sont importantes parce qu’elle ne sont là que pour si peu de temps.

C’est l’occasion pour moi de sortir deux pommes que nous partageons ensemble en faisant un vœux.

Je vais te confier un secret dont je n’ai parlé à personne. Mais je vais te le dire. Dans ma prochaine étape (prochain album) il y aura une chanson… Peut-être sur les pommes. Tu le comprendras quand tu l’entendras… Sur ce qui est essentiel.

J’ai l’impression que ton premier album était une façon d’attirer l’attention. Maintenant que tu l’as, tu peux plus librement t’exprimer et livrer un message avec ton deuxième album. Il y a une chose que j’aime beaucoup. Tu parles souvent de guerriers. Mais qu’est-ce qu’un guerrier pour toi ?
(entre deux bouchée de pomme) Dans le premier album, un guerrier voulait dire que même si je me sens faible, petit, que je suis triste, que je sens que je ne peux rien faire, que je me déçois – moi et les gens autour de moi – je suis fort malgré tout. C’est très dur de sortir de cet état quand on y est… C’est à ce moment où les gens devraient s’appeler des guerriers, car être un humain peut être si difficile. C’est bon de se rappeler qu’on est composé de matériaux plus fort qu’on ne le pense et de faire plus de choses qu’on ne le pense. Il faut essayer ! La plus part des gens sur leur lit de mort pense plus souvent à leur regret. Ils pensent à ce qu’ils auraient pu faire et qu’ils n’ont pas fait. Donc il faut être plus fort et se dépasser.

Dans mon nouvel album, guerrier est plus politique, dans une perspective plus grande. C’est moins individuel, même si nous devons commencer par nous même. Quand on est en bonne santé et heureux, on peut plus facilement contribuer à la société. On peut créer des choses, avoir des idées, aider les gens, si on a assez d’argent, on peut le partager avec ceux qui en ont moins. C’est important d’avoir un truc en plus pour devenir ce guerrier dont les autres ont besoin pour le devenir à leur tour.
Beaucoup de personne ne comprenne pas l’importance du féminisme. Ils pensent que c’est quelque chose contre les hommes alors qu’il ne s’agit que d’égalité. Certains pensent qu’on l’a déjà, mais dans plein de pays ou même juste à côté de toi ce n’est pas encore le cas : c’est pour ça qu’on en parle toujours. Ce n’est pas parce que pour moi ça se passe bien que je vais arrêter de me battre que celles qui en ont encore besoin. Et c’est ça qui est important dans cette nouvelle définition du guerrier. Il faut se battre jusqu’à ce que tout le monde soit bien parce que nous faisons parti d’un grand tout.

Ce qui me permet de te poser ma question suivante. Pour quoi te bats-tu ? Tu parlais de féminisme …
Pour le féminisme… Je me bats contre l’industrie des média, les objets en plastiques non réutilisables. Je me bats pour la planète, parce que sans elle nous n’avons nulle part où vivre et pour les femmes, parce que sans nous il n’y a pas de mères, de sœurs, d’êtres humain. Je me bats pour les animaux parce qu’ils ne peuvent pas s’exprimer donc nous devons être leur voix. Je me bats pour que le monde accepte qu’un homme puisse être féminin sans pour autant être gay, qu’un homme puisse pleure sans être faible… je me bats pour et contre beaucoup de chose parce que je prends les choses très à cœur même si ça ne fait pas parti de moi. Dès qu’il s’agit de quelque chose de vivant, je le prends de façon très personnelle.

Parlons de ton dernier album, Infections Of A Different Kind – Step 1 (et il y aura un step 2 prochainement). C’est aussi le titre de la dernière chanson de cet album. On dirait une prière. Est-ce le sens que tu as voulu donner aussi à l’album ?
L’album est un échantillon de toutes ces choses pour lesquelles je me bats. Queendom parle de féminisme mais pas seulement. C’est mon monde idéal avec plus d’acceptation et de compassion. Forgotten Love parle de se libérer des choses qui nous pèsent comme les ruptures. Il y a aussi quelques histoires tristes comme dans Chruchyard. Gentle Earthquakes est plus une histoire de prise de pouvoir, juste pour rappeler aux gens que ces choses peuvent arriver donc il faut lutter contre ça. Soft Univers parle de tellement de choses… All Is Soft Inside (c’est une de mes chansons préférées) est essentiellement à propos des gens qui n’arrivent pas à parler de leur émotion intérieures et deviennent des pierres. Je pense que c’est comme ça que les gens deviennent cruels. Nous devons faire ressortir certaines choses avant qu’elles ne se manifestent en nous. Cette chanson est aussi bien plus que ça et peut être très personnelle à chacun. Infections Of A Different Kind n’est pas seulement comme une prière. C’est une chanson presque philosophique. Avec ma voix je peux dire des choses à un public, donc je me suis dit que je devrais poser des questions que les gens pourraient écouter et auxquelles ils pourraient répondre dans leur tête. Par exemple est-ce que la religion est un endroit sûr ou un endroit où l’on juge ? En ce moment nous somme dans une période étrange en politique, avec ce qu’il se passe au Brésil par exemple… Beaucoup de mes fans sont gays et nous sommes tous des sortes d’étranger : on est tous un peu bizarre, un peu timide ou trop extrême, excentrique ou incompris… Gay dans un endroit où les gens ne sont pas moderne dans leur façon de penser… C’est maintenant que je dois aller dans ce sens et leur dire que le reste du monde peut être doux avec eux. On est déjà passé par ce genre de chose dans l’histoire. Je pense qu’on peut dépasser la haine : ça me brise le cœur la façon dont un pays entier peut changer de cette façon, en se concentrant sur la haine plutôt que le progrès et ça fait peur !
Même les droits de la femme peuvent changer si rapidement. C’est arrivé de façon positive, mais certains songent déjà à revenir en arrière. Donc il faut toujours resté vigilant et se battre

Que pouvons-nous attendre de Step 2 ?
La perspective y sera encore plus sauvage. Il sera individuel toujours, par moment, mais l’esprit derrière tout ça est plus universel et plus politique ; plus en colère mais tout aussi doux. Parce que plus je deviens dure, plus je deviens douce. C’est une sorte d’équilibre. Je crois que la colère me rend triste. J’ai passé beaucoup de temps à apprendre à mon corps à rejeter la colère. La colère aveugle est dangereuse : ça peut blesser les gens et c’est épuisant. Beaucoup de femme en font l’expérience ; elle garde tout au lieu d’exploser. En grandissant on utilise la colère pour autre chose, on travaille dessus, on la canalise en énergie. C’est ce que je fais : c’est un carburant pour continuer d’avancer. Donc quand je me fatigue, je me rappelle que la colère me tiens aussi éveillée. Et je regrette que les gens ne soient pas plus en colère de cette façon. Dans le monde de la musique on a besoin de cette énergie ! Être passionné, engagé ! On l’a toujours été, mais le top du Billboard est plus léger, parce que les gens ont besoin aussi de s’échapper de tout ça. Mais j’aimerai que les gens aient cette passion colérique, si c’est utilisé comme une façon de se rappeler les injustices plutôt que juste de la colère.

Ta musique semble être la solution : mélanger des idées engagées avec de la joie, de la musique qui rend heureux. Une énergie parfois tendre et sensible, triste qui nous permet de nous recentrer pour mieux exploser ensemble dans la bienveillance !

Merci

Je voulais évoquer avec toi les reprises que tu as faites. A chaque fois tu trouves une façon de les réinventer et de les sublimer. Est-ce que tu as déjà eu des retours de la part des artistes dont tu as repris les chansons ?
Je ne sais pas ! Je n’ai jamais regardé si j’avais des retours. Je ne passe pas beaucoup de temps sur internet et je ne regarde pas trop les réseaux sociaux. Donc je ne sais pas trop ce que les gens pensent de mes reprises. (rires) Non, je n’en sais vraiment rien !

Il y a autre chose dont je voulais parler avec toi, c’est le titre Helvegen que tu as chanté avec Wardruna. Tout d’abord, comment les as-tu rencontré ?

Je suis une grande fan de leur musique depuis longtemps et je voulais que les gens les écoutes parce que ça fait parti de mon patrimoine culturel, ce genre de musique pagan ancienne, mais avec un rythme plus moderne. Ils font des choses historiquement très correctes, dans la composition et l’utilisation des instruments et ils mixent leur morceaux eux-même. Ce sont devenu de bons amis à moi maintenant ; j’ai fait quelques concerts avec eux. J’aimerai faire de la musique avec eux, j’espère vraiment que ça se fera !
Donc je les écoutais depuis longtemps et soudain je suis devenue une grande artiste – je ne sais pas comment c’est arrivé (rires) – Et puis des radios m’ont demander de faire une playlist de chansons que j’aime. Je n’écoute pas tant de musique que ça alors j’ai mis du Enya, du Leonard Cohen, Wardruna, qui sont les artistes que j’écoute le plus finalement. C’est arrivé jusqu’à eux et ils m’ont écrit pour me remercier de les avoir fait connaître, parfois en dehors du pays. Et ça nous a amené à faire de choses ensemble. C’est vraiment super ! Ils sont merveilleux.

Et toi ? De quelle façon te connectes-tu à cette musique et à la culture viking ? Et est-ce que c’est quelque chose que tu aimerais utiliser dans ta musique ?
Oui, je pense, parce que j’aimerai explorer plein de choses différentes. C’est une culture qui a toujours été chère à mon cœur : la musique folk, norvégienne et pagan musique. J’adore tout ce qui est folklorique et celtique aussi. On peut le sentir dans mes mélodies et ma façon de chanter je pense. J’aime mélanger ces influences avec d’autres styles : pop, organique… J’adore inviter les gens à découvrir et à aimer cette musique folk même sans la connaître. Je fais aussi beaucoup « d’appel de la nature » comme dans Queendom. J’adore ce genre de sonorités ; c’est comme mon propre langage, un langage d’émotion et de liberté… et d’amour aussi ! Je pense qu’à ma façon, je vais devenir de plus en plus folk, pagan et sauvage !

Est-ce que tu as quelques artistes norvégiens à nous conseiller ?
Tu devrais écouter Askjell ! Il va faire la première partie de mon concert demain.

Donc on le verra demain ?
Oui ! Oui ! N’est-ce pas encore plus excitant ? Quand quelqu’un te conseil un artiste et qu’en fait tu vas le découvrir en live demain ? Il faut absolument le voir, il est génial. C’est du Néo-classique / pop / électro… plein de choses ! Il a un titre sur soundcloud mais il y a beaucoup plus à venir ! Et on a fait quelques projets ensemble.

En parlant de demain, comment te sens-tu quand tu es sur scène ? On a l’impression que tout ton corps parle quand tu chantes. C’est fascinant ! Que ce passe-t-il en toi dans ces moments ?
Je ressens plein de choses et c’est le blackout en même temps. C’est comme si je n’étais pas vraiment là mais je vois les gens et je me sens vraiment libre. Parfois je sens que je suis un peu stupide, mais je m’en fous. Je sais que je peux faire tout ce que j’aime. C’est comme si mon corps n’avait plus de peau, je me sens légère. J’adore crier aussi fort que je peux et murmurer tout aussi doucement. Explorer tout mes ligaments, mes muscles, mon spectre. C’est très satisfaisant surtout quand tu es un peu en colère, tu peux chanter dans chansons comme Under The Water, où je peux faire nager mon petit popotin.

Avant je n’aimais pas trop la scène mais maintenant j’aime vraiment ça ! Et c’est super d’être dans une salle avec tous ces étrangers pendant 2h. On rit, on danse, on pleure… C’est magique la façon dont la musique permet au gens de se réunir !

Retrouvez le report du concert d’Aurora à la CIgale

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