Hier soir, Ry X a transcendé l’écrin de la Gaïté Lyrique pour un concert magique dans le cadre du Festival A Nous Paris. Un merveilleux moment avec cet artiste rare !
Débuté le 14 février (et jusqu’au 25 février), le Festival A Nous Paris nous réserve cette année de multiples surprises dont Ry X fait partie. Passé rapidement au Café de la Danse l’année dernière, il fait partie de ces artistes discrets qu’on découvre par hasard, dont la musique indéfinissable nous colle à la peau et qu’il est difficile d’oublier. C’est un diamant brut d’émotion, nu et authentique. Ce genre de personnage qu’on voit trop peu et qu’on regrette quand on passe à côté.
La soirée commence avec une surprise qui n’était pas sur le programme : la douce et pétillante Sierra Reeves.
On découvrira plus tard qu’il s’agit d’une choriste de Ry X, originaire de Santa Barbara en Californie. Elle nous offre une folk fraîche avec des paroles entêtantes. De la tendresse en pot dont on se ressert volontiers et qu’on ne se lasse pas de savourer. Elle a ce timbre de voix légèrement brisé des chanteuses américaines qu’on aime tant, qui grimpe aisément dans les aiguës et donne le frisson.
Quelques mots en français, peu, mais juste assez pour nous signifier à quel point elle aime Paris qu’elle a découvert adolescente ; elle en apprécie d’avantage ce moment passé en notre compagnie, à nous faire découvrir sa musique et à partager son univers. Cet aperçu est malheureusement trop court, mais une petite recherche en rentrant chez moi m’a permis de mettre la main sur son Bandcamp. A écouter sans modération !
C’est ensuite au tour d’Alma Elste de prendre le relais. J’avais écouté Heart Melter en amont du concert et je m’étais dit : « Pourquoi pas… » Malheureusement, ce qui a suivi n’était pas à la hauteur de ce que j’avais espéré. Alma est trop hésitante, elle n’arrive pas à bouger, s’accroche désespérément au micro, perd son regard au sol… On sent un manque de conviction, d’investissement dans sa musique, une certaine distance. On en est presque gêné pour elle.
Sa musique est trop simpliste (sampliste ?!).
A force de mettre de la machine partout on ne sait plus où est l’instrumentation et on perd en profondeur. C’est un énième groupe d’électro -pop, une copie de copie de Florence + The Machine avec une voix traînante à la Lana del Rey, en plus morne et pesante, méga amplifiée avec de la réverb. On perd le goût de Sierra et même si on entend quelques applaudissement dans la salle, on cherche surtout la fin des morceaux dont on ne sait jamais s’ils commencent ou se terminent. Alma ne manque cependant pas d’humour lorsqu’elle entame une reprise de Justin Bieber ; elle reste sympathique et sort de scène avec quelques encouragements.
Les techniciens allument ensuite d’énormes cierges sur scène et on change totalement d’ambiance.
Dans la pénombre, Ry Cuming et sa formation entre sur scène, acclamé. En quelques secondes, il laisse un son lancinant et planant hanter la salle. Accompagné de sa guitare, Ry a le don de poser une atmosphère et indéniablement de nous y plonger profondément. Il entame le concert avec Shortline de son EP Berlin. Il y a du psyché dans sa musique et quelque chose de mystique qui se dégage de sa voix, cette même douceur puissante que savait diffuser Jeff Buckley et une belle aura lumineuse et sereine.
Quand il parle, sa voix est un peu plus profonde, mais posée et presque un murmure. On l’écoute : il raconte qu’il va jouer quelques nouvelles chansons et d’autres qui sont encore en devenir parce que sa musique s’écrit au gré de ses voyages et se construit au fil des expériences qu’il partage. Car c’est finalement ça, Ry X : une expérience humaine ! C’est expérimental donc, mais tellement maîtrisé ! Simple et efficace, avec une touche de progressif, prenant et poignant, avec toujours cette présence…
Ry Cuming nous confie sa joie d’être de retour à Paris parmi nous et l’importance qu’à cette ville à ses yeux : inspirante, porteuse de sens, de poésie pour les artistes, source d’inspiration et de création dans tellement de domaines (art, musique, mode, architecture…). Il explique comment par un mois de février glacial, il est arrivé en Europe, à Paris entre autres, et comment est né le sublime titre Berlin, à l’origine de sa renommée. Sa voix s’envole et on plane avec lui. Possédé par son chant, on se laisse bercer ; c’est comme si tout s’était mis à flotter à cet instant.
Après tous ces magnifiques morceaux et un rappel plus que désiré, on est encore en attente d’un album qui tarde à venir. On voit de temps en temps apparaître un nouveau titre sur son facebook (il a aussi d’autres projets musicaux comme Howling et The Acid), mais aucune sortie n’est encore annoncée. Ry explique alors que dans ces conditions de création, la conception d’un premier opus prend plus de temps et que sa musique évolue au fil de ses voyages et rencontres.
Dans l’intimité de cette salle à peine éclairée, vibrant à l’unisson avec le scintillement des bougies, c’est une véritable communion que nous propose le Ry X. La Gaïté Lyrique est alors transformée en temple où sa musique occupe l’espace et chaque interstice de notre coeur. Comme il le dit à merveille, il n’y a pas besoin qu’un édifice soit une église pour qu’il devienne un lieu où les gens se rassemblent dans la paix. Il se sent béni et chanceux de l’amour qu’on lui apporte et nous avons bien conscience de celui qu’il vient de nous transmettre.
Merci pour cette instant de bonheur et revient nous vite !