L’un des groupes « bruitistes » les plus respectés de l’hexagone revient après 4 ans d’absence : les 3 strasbourgeois d’Electric Electric avaient produit jusque là 2 albums dans un registre plutôt math rock. Avec « III », leur nouvel opus sorti hier, on change de moteur : toujours aussi rapide, mais avec un carburant plus ambiant et indus.
Révolution Electric
Avec des éléments d’ambiant, une ouverture à des influences indus et exotiques et surtout, la déconstruction le leurs propres références noise auxquelles nous étions coutumiers, Electric Electric a tapé fort. Les 8 morceaux de « III » semblent rebuter, comme ça, à la première oreille, mais si on est un jusqu’au boutiste des recherches de bordels sonores novateurs et de mélanges entre musique bruitiste, pattes punk et dark, on va se régaler.
Esthétique no future
Les 8 morceaux se déroulent militairement, sans répit. A force, on embrasse les ambiances dark wave patinant sur du Bahaus, les lointains appels de mantras via des gamelans (ensemble de petits gongs) indonésiens, ou bien l’urgence de Suicide dans la frénésie rythmique et parfois électronique. Des bouts de motifs sonores répétitifs, 3 ou 4 secondes de riffs math rock et de roulement percutants joués en boucle, pris à partie, puis triturés, jusqu’à la limite du discible : Electric Electric a ce talent de fasciner les explorateurs de noise sans non plus basculer vers l’expérimental. D’aucuns trouveront du répit harmonieux dans des effuses d’un Turzi ou d’un Coil, d’autres se rassureront en écoutant ces 6 cordes pétaradant par dessus des percus aussi fous que les impros des Stooges (période « Fun House ») ou que le délicieux capharnaüm de Don Caballero. Dans tous les cas, il y a de quoi s’incliner à l’écoute de cette oeuvre sublime et harassante, à la production impeccable. Sachant cela et leurs prestations scéniques réputées bourrues, leurs concerts sont immanquables. Ca tombe bien, leur tournée a lieu cet automne, avec un passage notamment au festival BBMIX à Boulogne-Billancourt le 26 novembre. Hâte…