Après un premier album Paradise, qui a fait sensation en 2017, l’artiste australien, confirme avec brio son statut de prodige de la scène musicale indie folk. Avec son deuxième album Warning Bell, Daniel Trakell maîtrise tous les fondamentaux de la musique indie folk.
Les thèmes abordés tournent autour de la nostalgie, l’amour, la rupture et l’enfance. Le timbre de l’artiste nous élève vers les airs, entre les nuages vaporeux et le ciel bleu azur.
La douceur et le velours de sa voix donnent un côté céleste aux mélodies. De ce fait, la filiation avec John Lennon, Nick Drake, Elliot Smith entre autres est une évidence. Dans cet opus, Daniel Trakell se livre sans effet et sans artifice. Il va droit à l’essentiel, le plus court chemin qui va de sa créativité à l’émotion qu’il suscite.
Daniel Trakell est la révélation indie folk de l’année
Dans cet album, Daniel Trakell puise son inspiration dans les souvenirs sombres de son enfance, le divorce de ses parents, le décès de son père, emporté par un cancer…On pourrait s’attendre à de la tristesse, de la noirceur. Bien au contraire, l’album est lumineux, solaire, apaisant. Il parvient à nous immuniser contre la dureté parfois insoutenable de la vie. C’est ce qui rend l’artiste aussi attachant, il partage son vécu, et en tire une vision d’une portée universelle.
Warning Bell, son nouvel album, pose les bonnes questions
Wisdom boredom est le premier titre de l’album. Les lyrics donnent le ton, le La, en quelque sorte. L’artiste introduit sa quête de sens. Il dévoile ses interrogations sur la condition humaine. Si la vie est faite de choix, comment distinguer ceux, qui seront confirmés par un avenir radieux, de ceux, qui conduiront à des échecs. Seul, le temps permettra d’apprécier la justesse et la pertinence des décisions prises à l’instant T. La question est de savoir si ce qui est important aujourd’hui le sera tout autant demain ?
L’artiste nous confie avec élégance un vécu difficile
Le deuxième titre Turn around entre dans le vif du sujet. L’artiste évoque le divorce de ses parents. Sur tous les autres titres, on peut entendre un panel de voix en background, là l’attention se concentre sur la voix lead de l’artiste. Ce qui accentue l’émotion, amplifiée par le réalisme des images.
Cette chanson raconte la culpabilité que l’artiste ressentait, enfant, lorsqu’ il se rendait chez son père, qui habitait seul la maison familiale après avoir divorcé de sa mère. Le trait est tellement juste, que l’on ressent tout ce qui s’effondre dans un divorce.
The television glows from down the hall. An empty room, for living no more. The people who lived there once upon a time. One by One, moved on, left you behind (…) All that weighs heavy on your soul Let it go, before it takes a hold. On perçoit le poids sur les épaules et le bruit du bonheur qui s’en va.
L’album est avant tout un hymne à l’amour romantique
Let Me Be et Oh Love sont les deux chansons les plus romantiques de l’album. On loue le travail de composition, construit autour des voix, de la contrebasse et de la guitare acoustique, présent sur Let Me Be. Le titre invite à lâcher prise. Les lyrics racontent l’épuisement, le burn out, ce que l’on ressent lorsqu’on prend du retard. L’émotion est à fleur de peau, palpable. Tout comme Oh Love la chanson prend la forme d’une prière. Ô Amour, ne te détourne pas, scande l’auteur dans oh love. L’harmonica convoque la nostalgie dans un style country. La chanson s’apparente à une ballade romantique. Mais le texte n’est en rien naïf, bien au contraire.
Come To est La dernière chanson que Daniel Trakell a écrite pour l’album. L’orgue, la guitare acoustique et la guitare électrique reflètent la description que le chanteur donne lorsqu’il visualise pour ce titre une escapade paresseuse au volant d’une voiture dans le désert. Les effets de pédale en acier, les envolées métalliques de la guitare électrique apportent beaucoup de mélancolie au morceau.
Entre regrets et espoirs
Me + You glisse une complainte assumée sur les relations manquées tout comme Start Again pose un poignant point d’ interrogation à double sens sur le cycle de la vie, qui peut être plein d’espoir ou désespérément monotone. La prose criante de vérité effleure, berce. Le rythme même de la mélodie ressemble à une vague, qui va, vient et revient.
Love Waltz n’est pas la ballade romantique anodine que l’intro musicale annonce. Encore une fois, l’auteur nous renvoie à ce que nous avons tous éprouvé. Plane, ici, un nuage de mélancolie, une certaine théâtralité. On loue le travail de composition et d’orchestration, avec des ruptures et des changements de style.
L’album s’achève sur so long, chanson jouée aux funérailles de son père, emporté par un cancer. Emouvant hommage d’un fils à son père, les mots sont justes et simples. Daniel a un sens aigu de la musique, qui touche à l’infini. Plus qu’une performance, sa musique est comme un sparadrap sur les grandes ou petites blessures à l’âme.