Ce 22 janvier est sorti Dystopia le nouvel album de Megadeth. Le groupe de Thrash Metal californien, repart de plus belle avec un quinzième album studio. Que penser de cette nouvelle tentative de l’un des groupes les plus cultes du Metal ?
On dit souvent que les morceaux de certains artistes sont une expression de leurs sentiments, de leurs pensées… Pour d’autres on parlerait plutôt de l’expression de leur personnalité et on citerait sans hésiter le groupe MEGADETH (qu’on soit fan de Metal ou de rouquins aux cheveux longs). Plus précisément de Dave Mustaine le chanteur-guitariste et fondateur du groupe. Il faut bien dire que le petit teigneux une fois viré de METALLICA en 1983 pour son caractère (justement bien trempé) a réussi par force d’acharnement, à faire parler de son groupe et à composer les monuments du Metal que sont « Peace Sells…but who’s bying… » ou « Rust in Peace ».
Par la suite, les albums ne seront plus de la même trempe allant du très bon au très mauvais, jusqu’à parfois recopier les directions de genre de son ennemi juré, METALLICA (avec « Youthanasia » ou « Risk » notamment).
Alors aujourd’hui qu’en est-il ? Que faire quand des milliers de fans nous attendent au tournant avec :
– Pour certains, un album retour aux sources ?
– Pour d’autres, un renouveau ?
Question à laquelle « Dystopia » la nouvelle tentative de MEGADETH, tente encore une fois d’amener une réponse.
À première vue, c’est prometteur :
Mars 2015, Mustaine annonce l’adhésion à la formation de Chris Adler (LAMB OF GOD) et Kiko Loureiro (ANGRA). Le premier plein d’une puissance destructrice propre au Death Metal et le second d’une énergie mélodique propre au Power Metal. C’est tout ce qu’il manquait à MEGADETH après un « Super Collider » en 2013, totalement insipide et mollasson.
Une fois la galette en mains, une chose peut rebuter, à savoir la présence des trois morceaux donnés en pré-écoute aux premières pistes. On redoute cette pratique de mettre les trois meilleurs morceaux en premier, pour ensuite combler le reste avec du remplissage… mais non, Davy nous ferait quand même pas le coup !…
L’album débute avec des sonorités orientales sur « The Threat is Real », chose à laquelle on ne s’attendrait pas au vue de la pochette. Pochette dans la lignée des précédentes, qui d’ailleurs expose encore notre bon vieux Vic Rattlehead, nous faisant de l’œil. C’est alors que le Thrash fait son entrée, avec une ligne de corde grattée rapidement à vide, annonçant déjà la couleur. Le bougre n’a rien changé : un chant avec cette voix rauque, si peu mélodieuse mais, avec ce timbre si particulier.
Même si le titre ne paye pas de mine aux premiers abords, en partie en raison de riffs sans intérêt et répétitifs, le refrain accrocheur et les solos tournant autour de cette tonalité orientale en font un bon morceau. C’est d’ailleurs les solos qui font la grande force de l’album, en témoigne le second titre éponyme.
« Dystopia » est un morceau très différent du précédent qui s’identifie davantage du côté Power du Metal. Ce parti-pris s’explique par la présence nouvelle de Loureiro qui nous sert de magnifiques soli lors du refrain notamment. La seconde partie du morceau se montre très technique et nous fera directement penser à de superbes morceaux tel que « Hangar 18 » ou « Wake Up Dead ».
« Fatal Illusion » débute avec une intro dissonante originale et une ligne de basse très plaisante. Rapide et efficace, c’est un morceau qui encore une fois nous rappelle que MEGADETH est en forme et pour un bout de temps. C’est après ce morceau que doucement s’insinuent les premiers signes de faiblesse qui suivront pour le reste l’album.
Car en effet, c’est passé les trois premiers bons morceaux que l’on rentre par la suite dans une certaine linéarité où les morceaux se suivent et se ressemblent. Le chant, plus présent que jamais, n’aide en rien. Mustaine semble en permanence grogner sur fond instrumental. Oui, c’est intense, bien plus brutal qu’auparavant, plus rapide et mélodique, mais à défaut d’un chant à la hauteur, d’ailleurs bien trop mis en avant par le mixage, on se retrouve avec une certaine platitude. Il faut parfois tendre l’oreille pour entendre de très bons riffs, tout comme le refrain de « Lying in State » aplati par un Dave Mustaine qui râle au sujet de nos dirigeants politiques…
On ressent par contre des efforts de composition comme sur « Conquer or Die », sorte d’intro instrumentale à puissance crescendo enchaînant directement sur « Lying in State ». Ou encore « Poisonous Shadows » qui tente de jouer sur une ambiance mystique bien rendue par des samples orchestraux et des chœurs féminins. Cependant, la volonté de vouloir marier ce genre d’ambiance avec l’identité Thrash très marquée de MEGADETH, semble n’être qu’un ajout assez maladroit.
Alors verdict : Dystopia est une bonne tentative de MEGADETH, essayant ne pas être une totale redite du passé en tentant d’apporter de nouvelles idées toutefois très maladroitement maîtrisées. On appréciera le regain de puissance du groupe que l’on croyait perdu depuis le temps. Néanmoins on s’intéressera plus particulièrement à certains très bons morceaux de l’album plutôt qu’à l’album dans son ensemble.
Comme pour tous groupes de Metal Old School, tenter de garder un lien musical avec cette période de succès qu’étaient les années 80, est sous doute leur plus grand mal…
Comme dirait papa Mustaine :
« You’re bad for my health… because you make me sick » (5e année de médecine)
The Emperor – Megadeth