Tout ce qu’il ne fallait pas manquer lors de la première édition du Festival Paris Music, le temps d’un week-end, des concerts dans des endroits insolites à Paris. Retour sur les belles découvertes de ces trois jours de festival.
ADAM NAAS
Quelques mots maladroits et une timidité manifeste, Adam Naas se place sur la scène intimiste installée au Musée Cognacq-Jay. A cappella, il attaque en balançant une voix sortie d’outre-tombe. Pleine de groove, entre Stevie Wonder et Beyoncé, entre Sam Smith et Aretha Franklin, on ne peut être que scotché de la performance vocale du Parisien. Oscillant sur plusieurs octaves, on pourrait affirmer que plusieurs personnes se cachent dans ce corps frêle. Ses yeux s’assombrissent et la soul s’empare de lui : à l’aise et puissant, Adam Naas compose son univers propre. A l’instar d’une pop ou d’un r’n’b mielleux, il frappe fort avec un répertoire très actuel, accompagné par une instru impeccable et de deux fervents et talentueux musiciens. Autant sur Fading Away que sur Downtown, il hypnotise par sa soul profonde qui vague entre les gammes. En vérité, il est fort probable que le génie soit tombé sur ce jeune homme à la voix d’or.
Yelli Yelli
La guitare électrique est branchée et Yelli Yelli, ex-Milkymee, colle à son micro un petit enregistreur vocal où sont consignés des morceaux de vie dans lesquels sonnent ses origines kabyles. Une fenêtre dans l’univers de la chanteuse, qui nous plonge dans une virée au croisement de l’Europe et de l’Afrique. Les textes en kabyle et ses accents gutturaux subliment une folk incandescente. La guitare est délicate et juste, tandis qu’une comparse à la batterie enjolive le rythme tantôt de caresses, tantôt d’une force mesurée. Véritable assimilation de plusieurs influences, le résultat est surprenant et frais, très personnel et terriblement sincère.
Nicolas Michaux
Grand gaillard à la voix suave, Nicolas Michaux nous reçoit dans les délicats appartements de l’Hôtel de Lauzun sur l’île Saint-Louis. Une guitare et un micro, c’est ce qu’il lui suffit pour présenter un répertoire sincère et émouvant. Il nous raconte du bout des lèvres des histoires quotidiennes avec une élégance non-dissimulée. Plein d’espoir et de poésie, Nicolas Michaux magnétise avec sa guitare-voix qui nous touche au plus profond.
Sparky in the Clouds
Deux sœurs anglo-saxonnes, un guitariste français. C’est l’équation gagnante pour Sparky in the Clouds. D’un lyrisme non-dissimulé, les voix de Miranda et Bryony Perkins n’ont d’égal pour s’entremêler jusqu’au moment où on n’arrive plus à distinguer la voix de l’une ou de l’autre. Devant un public rapidement conquis, le trio apparaît attachant et sincère, au fil des titres joués, dans un véritable dialogue entrecoupés d’applaudissements bien entiers. Personne ne pourrait aussi bien raconter des histoires : histoires de voyages, histoires de familles, histoires de vie, à travers les époques. La guitare se montre aussi bien douce que dynamique, dans un rendu tout droit sorti d’un conte.
Noiserv
Le phénomène indie au Portugal est bien arrivé jusqu’à nous. Au Pavillon de l’Arsenal comme sur la scène de la Gaîté Lyrique, Noiserv nous a réservé un moment délicieux pour dévoiler son nouvel album A.V.O. En homme-orchestre rappelant José Gonzalez, le Portugais fait parcourir ses doigts sur les différents instruments qui l’entourent. Sa voix chaude magnifie une musique teintée du folklore portugais, assimilé et modernisé, pour un rendu agréable entre folk et indie pop.
Revivez le concert de Noiserv à la Galerie W
Jacinthe
Aperçue en première partie de Broken Back en janvier dernier, Jacinthe enveloppe de sa voix chaude une pop-folk savoureuse, épicée d’une instru efficace. Seule face au public, elle dévoile un répertoire équilibré aux inflexions reggae. Une belle découverte avec D’ici, magnifiée par un riff de guitare aux accents africains. Toujours sincère, parfois espiègle, chaque titre est approfondi jusqu’à la lie et Jacinthe nous attrape avec un grand sourire dans son univers pour nous relâcher quelques minutes plus tard.