Jeudi 30 juin, nous étions à la philharmonie de Paris pour le coup d’envoi du festival Days Off (du 30 juin au 10 juillet), avec un concert exceptionnel de Benjamin Clementine, lauréat du Mercury Prize 2015, accompagné par The Heritage Orchestra.
C’est dans une ambiance quasi solennelle qu’entre en scène Benjamin Clementine, en choisissant Winston Churchill’s boy, comme ouverture de ce concert envoutant. Son batteur le rejoint 5 minutes plus tard, et s’installe progressivement dans le temps et l’espace de la grande salle de la nouvelle Philharmonie.
Les deux instruments (piano et batterie) se complètent, s’entremêlent et se nuancent dans cette expérience nouvelle avec The Heritage Orchestra, mené par Jules Buckley. Cette performance tentée pour la première fois à Amsterdam, se renouvèle ici dans un cadre inédit, avec certes un orchestre plus réduit (25 musiciens au lieu de 95 à Amsterdam), mais une rencontre toujours aussi somptueuse.
« London, London, London, is all in you. »
Arrive le moment de jouer London, et au vu de l’actualité géopolitique, les paroles « London, London, London, is all in you. Why are you denying the truth ? » n’ont pas manqué de résonner avec une légère amertume, accompagnée d’un sourire en coin des spectateurs.
Le concert se poursuit entre frémissements, gémissements, chants d’anges, et autres merveilles. Benjamin Clementine varie les plaisirs et les techniques pour nous offrir une performance hors du commun avec « Adios », et nous emmener dans des univers divers, dont il est le maitre unique et absolu. Une sorte de Nina Simone réincarnée, mais avec une prestance scénique à part.
Aux premières notes de Condolence, le public s’emporte dans un tonnerre d’applaudissements. Benjamin enchaine avec une très belle interprétation de Cornerstone, suivie de Nemesis. L’émotion grimpe jusqu’à ce que le silence s’installe à nouveau, et que des « Benjamin you’re awesome » fusent du public, ce à quoi il répond avec un sourire moqueur et un « Je m’en fous ! » parfait.
Il profite de cette trêve un peu légère pour faire une transition, en rappelant que les temps sont durs actuellement, et qu’il nous souhaite à tous une bonne chance, face à l’inattendu, face aux horreurs du monde contemporain. Une bonne chance dont on a tous besoin.
Protect your child, who knows what might happen tomorrow.
Le concert se termine avec I Won’t complain, entre lyrisme et espoir, entre charisme et rébellion, nous laissant sur notre faim. Une chose est sûre, c’est que l’on espère de nouvelles collaborations de cet ordre là, et pourquoi pas, un album version orchestrale.