Emel Mathlouti présentait le 18 avril son deuxième album, Ensen, dans un Badaboum complet. Un concert intense et fort en émotion !
Des frissons, de la sensibilité, de la tendresse et beaucoup d’humanité. Nous attendions avec impatience le concert d’Emel et nous n’avons pas été déçu. C’est un moment merveilleux que la chanteuse tunisienne a partagé mardi 18 avril avec un Badaboum complet !
Emel se fait attendre
Dès 19h30, le Badaboum se remplit rapidement d’un public éclectique de connaisseurs, de curieux et de fans. Dans une ambiance électro psychédélique, la première partie se joue dans une salle pas très attentive. Parfois, on tend l’oreille. Le son, pas trop fort pour une fois (et c’est plus qu’agréable), propose des beats puissants et une musique entre ambiante, minimale expérimentale. On écoute peut être trop distraitement Amine Metani, le co-producteur d’Emel, dont les sonorités interpellent parfois les plus mélomanes.
Mais tout le monde trépigne d’impatience en attendant l’arrivée la diva tunisienne. Il faudra attendre jusqu’à 21h30 pour voir sa silhouette apparaître dans la pénombre de la scène et émerger progressivement en pleine lumière.
Un concert riche
Dés les premières notes, la jeune femme obtient toute l’attention de la salle. On est subjugué par sa voix et par ce savant mélange de sonorité qui fait de sa musique une matière mouvante et englobante qui vous prend au tripes. Il y a du Dead Can Dance (la connotation année 80 en moins) et on ne peut m’empêcher de songer à une nouvelle Lisa Gerrard venue du Maghreb.
On est complètement sous le charme de cette voix au vibrato chaud et doux qui donne des frissons. Le concert nous fait voyager : parfois sombre, souvent intense, les morceaux s’enchaînent, sorte de clairs-obscurs saisissants, dans une maîtrise qui frôle la perfection.
Petit regret : on ne retrouve pas la dimension traditionnelle que l’on ressent peut être d’avantage à l’écoute de l’album et on aurait adorer voir plus d’instruments sur scène. Le rendu n’en est pas moins prenant et le public d’Emel lui est complètement acquis en moins de 3 titres.
L’album Ensen est majoritairement joués (I’m Lost, Thamlaton, Instant, Layem…), mais Emel prendra plaisir à interpréter d’autres morceaux que ces admirateurs de la première heure reconnaîtront et reprendront en cœur.
Des hommages et des messages pour tous
Féministe, libertaire, grande humaniste… Emel Mathlouthi est aussi une belle personne généreuse. Au départ sur la réserve, elle remercie très rapidement le public et va s’ouvrir tout au long de son set pour lui communiquer les valeurs, les causes et les idées qui lui tiennent à cœur.
Son premier hommage sera pour les enfants de la Syrie, victime des événements. Elle profitera aussi du concert pour faire passer un message important à l’approche des élections. Elle chante Ensen Dhaif, le premier extrait de Ensen, comme un hymne anti-capitaliste. Elle nous invite à faire le bon choix, celui pour le peuple. Elle chantera aussi pour la communauté LGBT, trop souvent la cible de violence et de préjudice. Parmi les titres qui lui tiennent à cœur, elle nous offrira le tout premier qu’elle a écrit à l’occasion de la révolution de Jasmin. Elle citera aussi Gainsbourg et chantera pour les sans abris, invitant Amine Metani à la rejoindre pour partager ce titre.
Un rappel émouvant
Sous les acclamations d’un public qui en redemande et ne veut pas quitter les lieux, Emel reviendra pour nous offrir un merveilleux rappel. Elle adresse un message d’espoir à tous, en ces temps difficile, où le vide, la violence des mots, des images, du quotidien, peut nous désespérer… Il y a toujours de la lumière et un nouveau jour où tout peut arriver. Il faut continuer de croire. Notre lumière ce soir, c’est elle ! Et sa voix nous a ému aux larmes.
Elle nous gratifie ensuite d’un merveilleux chant en acoustique, seule sur scène avec une guitare. Le public chante spontanément avec elle et nous sommes éblouis par tant de chaleur humaine. Un très beau moment et on sent qu’elle le partage pleinement avec nous.
Le concert se terminera sur une chanson traditionnelle tunisienne que la communauté présente reprendra en cœur. Emel s’amusera à faire chanter « les français de souche » qui fredonneront à défaut de connaître les paroles en arabes.
C’est la tête pleine de jolis souvenirs, le cœur gonflé et le sourire au lèvre, réchauffé malgré ce froid printanier, que nous ressortons dans les rues du quartier de la Bastille ; beau symbole pour cette brunette, icône d’une révolution, pleine de belles idées et d’humanité.
Pour conclure, je vous laisse avec le message d’Emel au lendemain du concert sur Facebook :
Paris hier soir était si magique magique…
Merci du fond du cœur à tous ceux qui étaient là à partager le plus profond de moi même..
Je suis si reconnaissante a toutes celles et ceux qui ont été le plus important des pilliers et qui me font croire en l’humanité chaque jour..Merci Sami Battikh pour ton travail gigantesque de vidéo en un temps record de ne jamais t’économiser et d’être toujours cet incroyable compagnon d’art et d’expérimentations qui inspire mon travail et ma créativité, ton soutien est un trésor.
Merci Amine Metani pour un before fantastique de ta foi en la musique pure et pour m’avoir inspiré et poussé dans les bonnes directions, nous sommes si reconnaissant de pouvoir porter ce travail né du plus beau défi qu’on s’est fait, sur scène.
Merci Pier Luigi Salami et Shawn Crowder d’être les plus incroyables musiciens et compagnons de scène que j’ai jamais eu.
Merci Ludovic Wautier pour le travail de lumière époustouflant d’avoir cru en moi et d’avoir transcendé mon univers.
Merci @François Shoettel pour le son d’être aussi bon et de permettre à la musique d’avoir le plus bel écrin.
Et Un énorme big up et un grand Merci à toi Thémis Belkhadra d’avoir cru en cette idée folle de monter notre propre concert dans notre ville préférée.. On l’a fait et c’est tellement grâce à ton soutien et ton énergie !
J’ai reçu énormément d’amour de vous tous qui étiez présents hier soir, merci est un bien faible mot
Hate de te revoir Paris !
Nous aussi on a hâte !
https://youtu.be/VgZifcSzVB8