On l’appelle le rappeur chuchoteur. Depuis que le rap est le genre musical le plus écouté en France, les artistes se multiplient. La scène rap française évolue et s’ouvre un peu plus aux singularités. Asakura, comme d’autres nouveaux artistes rap ces dernières années, a su spontanément se départir de certains codes du rap pour innover et proposer de la fraîcheur.
Après « KARABA », premier titre clippé posté sur YouTube au début du mois d’août 2018, tout s’enchaîne. En solo et sans l’aide des médias, le rappeur de 22 ans dépasse un million de vues, puis deux, puis trois. Sa voix grave fait mouche, et son flow murmuré attire maisons de disques et labels. Un mois plus tard seulement, Asakura signe chez Mercury. Rien que ça !
Il récidivera avec « TEKALE », premier essai d’une collaboration qui dure encore avec le beatmaker Skuna Boi. Plutôt abouti, le titre réussit le pari d’être tout autant énergique que relaxant. « Mais pourquoi il parle doucement comme ça ? C’est bizarre quand même non ? » Asakura s’emploie à répondre à cette interrogation, qu’il reprend dès les premières secondes de son clip.
C’est vrai que sa façon de poser intrigue : le pari est audacieux, et surtout très spontané. Son positionnement original, d’abord tâtonnant, est devenu pour lui une marque de fabrique. Mais, finalement, pourquoi pas ?
La recette Asakura, c’est finalement de livrer des prestations à la fois turnup qui invitent à danser, tout en restant étonnamment silencieuses. Le clip de son titre « ASMR » l’illustre bien : tantôt dans une bibliothèque, pendant un cours de yoga, ou alors que ses potes dorment encore après la soirée de la veille, Asakura, lui, pose tranquillement. Dans son titre « KARABA », le rappeur décrit lui-même son morceau au début du clip comme un afrotrap… Mais pas n’importe lequel. « On y va tranquille, on y va doucement, on crie pas… J’ai trop la flemme. » Et ça s’applique à son style en général : De son propre aveu, une forme de nonchalance qualifie Asakura dans sa façon de poser.
Si son ascension a certes été rapide, Asakura n’en demeure pas moins novice et prend encore le temps d’expérimenter. Dans ses titres « APPELS MANQUÉS (3) », « DOPE » ou même « DOUMESAL », plus récent, l’artiste teste son sens de la mélodie et aborde un phrasé plus souple et chanté. Un egotrip un peu plus bossé, toujours assez rythmé et entraînant. L’objectif club est assumé, Asakura veut ambiancer. Mais avec a priori un but sous-jacent : le faire en se diversifiant.
Malgré le confinement, le rappeur sort donc un nouveau morceau, intitulé « COOL », apparemment clippé chez lui. Avec ce titre, Asakura conforte ses acquis et pose un texte simpliste sur un beat électro signé Berry. Bol de céréales à la main et casquette camouflage vissée sur la tête (et on sait ce qu’elle camoufle), Asakura nous propose ses meilleurs moves au soleil d’une baie vitrée. L’instrumentale est ponctuée d’un aigu bref et rebondi, sorte de cuica passée sous hélium… presque une sonorité electro-swing. Un « wa-hi-ha« , en clair. Qu’on se sent obligé de reproduire, comme A-S-K s’amuse à le faire.
Rien de sorcier, le contenu est light. Mais le délire « feel good » du rappeur prend le dessus. Après tout, il n’y a pas de mal à se faire du bien… La prod’ reste en tête, autant que le gimmick entêtant. Est-ce le contexte d’enfermement ? Peut-être. En attendant la suite, on suit le mouvement et on danse aussi chez nous. Pourquoi ? Parce qu’on trouve ça cool, cool, cool…