Five : »Quand j’écris, je libère ce que j’ai au fond de moi »

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Five est un rappeur un peu particulier, champion de motocross, il tombe lors d’une compétition et se retrouve en fauteuil roulant. Le rap aujourd’hui l’aide à avancer. Nous avons eu la chance de le rencontrer lors de la sortie de son premier album Pays-Bas.

Il s’agit de votre premier album, après deux EP et plusieurs singles, le lancement dans le rap était-il votre objectif en sortant cet album ?

F: C’était l’objectif tout à fait, je travaille dessus depuis quelque temps déjà. L’objectif était d’avoir un produit fini qui me plaise, qui raconte mon histoire. Je l’ai construit avec l’ambition de faire un peu le bilan de ma vie, les choses bien, les choses moins bien. L’album commence avec Pays-Bas, c’est la chanson où je raconte mon accident. L’album est sombre, on peut dire en termes de texte, mais pas tant que ça en matière de sonorité. C’est le premier album, il devait me ressembler au maximum, je ne pouvais pas tricher, même sur des choses plus « ambiance », je dirais comme bullygang, « ce sont des musiques qui me ressemblent ».

 L’album s’appelle Pays-Bas . La chanson qui fait l’ouverture parle de votre accident et de votre passion pour le motocross, pourquoi avez-vous nommé cet album ainsi ?

Pays-Bas, c’est là-bas que j’ai perdu mes jambes, c’est un peu une nouvelle vie pour moi. Commencer ici, c’est le début de l’histoire donc c’est par là qu’il fallait le faire.

JF: Dans l’album on sent quelque chose de très positif. Dans la vie, êtes-vous comme ça ou c’est plus compliqué ?

Oui, quand on ne me connaît pas on doit se dire « oh mon dieu, il est triste » alors que dans les faits, je suis le premier à rigoler, à kiffer. Quand j’écris, je libère ce que j’ai au fond de moi, c’est ma manière d’exorciser tout ça. Je suis quelqu’un de joyeux, mais avec des moments compliqués. Je crois que la musique m’a aidé. Déjà, ça m’a donné une autre passion. Ma seule passion avant ça, c’était la moto. Du coup, je suis tombé accro à cela. Je crois que l’on peut dire que le rap m’a en partie sauvé. Il m’a aidé a avancer.

JF: J’ai pu lire que vous écoutiez du rap avant votre accident, aviez-vous aussi besoin d’écrire ?

F: J’ai toujours été un fan de rap et de musique, j’écoute toujours beaucoup de choses différentes, j’en faisais avant aussi. Je n’écrivais pas du tout. J’ai commencé après l’accident. C’était écrire pour écrire. Après, c’est devenu des freestyles puis des morceaux. Les premiers textes sont venus assez rapidement. J’étais encore en centre de rééducation juste après l’accident. J’étais seul dans ma chambre le soir, donc j’écrivais.

Si l’on devait définir le rap de Five, ça serait quoi ?

F: Je dirais que c’est compliqué. Le rap avant tout, c’est l’écriture, je ne fais pas du rap old school. Je crois que ce qui pourrait définir au mieux mon rap, c’est le feeling. Si j’ai envie de faire quelque chose de très mélodieux ou très rap, je le fais. J’essaye de garder une cohérence, les morceaux sont assez différents les uns des autres, mais toujours avec une même idée, une même identité.

Sur l’album, on peut trouver plusieurs styles et plusieurs thématiques que l’on retrouve souvent dans le rap. Est-ce que vous-avez des limites ? Comment choisissez-vous le thème de vos morceaux ?

F: Je ne me mets pas de limite, je dirais dans mes choix. Après, beaucoup de choses que j’ai faites au départ n’ont pas été retenues sur le projet final. J’ai voulu garder le storytelling de tout ça. J’essaye aujourd’hui d’aller plus loin dans les thématiques. J’essaye de ne pas faire que des freestyles ou de l’ego trip.

 Trois personnes font des featuring avec vous sur cet album: Kemmler, Hoshi, ou encore Léa Castel, comment se sont passées les collaborations avec ces trois artistes.

F:Hoshi, déjà, c’est une amie avant tout. J’ai fait les premières parties de ses concerts au Zénith de Paris récemment. De plus, c’est elle qui fait les productions musicales sur l’album, ça allait de soi. Léa Castel, je la voulais sur le morceau Ma place. Quand on lui a proposé, c’était naturel donc on a travaillé dessus. Kemmler, c’est un rappeur que j’aime beaucoup, je le voyais bien sur ce morceau. Avec mon équipe, on le lui a envoyé vu qu’il est à Marseille et il a aimé. Au départ, je leur envoie des maquettes. Après, on échange beaucoup si on a la chance de pouvoir être en studio ensemble comme avec Léa Castel, on le fait. Sinon, on échange beaucoup.

 Quels sont vos projets pour l’avenir ?

F: Déjà faire vivre cet album sur scène, je pense que c’est important. Après avoir fait 8 Zénith pour Hoshi, j’ai envie de continuer avec ça, j’ai encore quelques festivals cet été. Pour la rentrée, l’objectif, c’est de faire des premiers parties, de me développer sur scène. Depuis l’hiver dernier, j’ai découvert et c’est quelque chose que je veux continuer à vivre. Après, j’aime ce stress, celui qui vient avant de monter sur scène, après, c’est du kiff. L’accueil du public est superbe à chaque fois. Ça me pousse à continuer.

 Et vous, quel type de rap écoutez-vous ?

F: J’ai commencé le rap au collège par des groupes comme Sniper, Psy 4 de la rime, des artistes comme Youssoupha, Lunatic. Aujourd’hui, je suis surtout admiratif de ceux qui ont réussi à tenir sur le long terme, une carrière longue comme Youssoupha par exemple. Je crois que dans la musique et le rap plus particulièrement, tant que tu as des choses à dire, tu peux en faire. Le jour où je me forcerais ça sera sans doute le moment d’arrêter. Il existe pour l’instant des thèmes qui m’inspirent. L’écologie, j’aimerais faire une chanson sur le fait d’en avoir conscience mais de ne pas agir, c’est une idée que j’ai depuis quelques temps. Des morceaux plus dansants pourquoi pas aussi.