Dans la famille des amoureux du triathlon, lorsqu’on entend « Ironman », ce n’est pas à un certain Robert Downey Jr que l’on pense en premier lieu. Pour les triathlètes les plus aguerris, il s’agira du rendez-vous majeur à ne pas manquer sur le calendrier sportif et pour les amateurs disposant de moins de temps à consacrer à l’exercice, de l’objectif de parfois toute une vie. Effectivement, « l’Homme de fer » n’a pas uniquement sa place dans le monde de la fiction avec les comics et le grand écran ; c’est aussi la catégorie reine du triathlon. Et on peut dire qu’on lui a bien choisi son nom.
Ironman: La catégorie mère du Triathlon
On parle ici d’une épreuve sportive qui se déroule sur une distance totale de 226 km. Comme pour les autres formats, le départ s’effectue en maillot de bain ou plutôt en combinaison dans un lac, la mer ou l’océan selon la région. Ainsi, pour prétendre au titre d’Ironman et devenir une femme ou un homme de fer, il vous faut déjà nager 3,8 km en eau libre. A votre sortie de l’eau, c’est votre vélo de route qui vous attend pour une « petite » balade de 180 km qui une fois terminée doit être enchainée par 42km de course à pied ou autrement dit un marathon.
Quelles sont les origines de l’Ironman ?
Qui a donné naissance à ce véritable parcours du combattant de l’ultra endurance ? Pour le savoir, il faut voyager un peu, déjà géographiquement…direction le Pacifique à Hawaï…et dans le temps aussi. C’est en effet à la fin des années 70 qu’un ancien Commandant de l’U.S Navy un certain John Fletcher Collins et son épouse Jody fondent et organisent le premier « Ironman » du nom sur l’île d’Oahu. Voilà pourquoi l’épreuve bien qu’aujourd’hui démocratisée et se déroulant aux quatre coins du globe, garde un lien tout particulier avec l’archipel du Pacifique.
L’invention de ce format XL du triathlon n’ayant au départ aucune vocation à devenir une véritable institution sportive pesant aujourd’hui presque 1 milliard de dollars, n’a cessé d’être l’objet d’un intérêt grandissant et d’attirer de nouveaux adeptes de la discipline. Revenons ensemble sur les performances qui ont marqué l’Ironman !
Lorsqu’on découvre l’épreuve pour la première fois, on peut se dire que terminer dans le temps imparti est déjà une belle performance en soit. Et c’est vrai, comment contredire ce raisonnement ? On aura l’occasion d’en parler un peu plus tard.
Ici, nous allons nous arrêter sur les performances les plus incroyables réalisées sur la discipline, mais pour ne pas trop fausser les comparaisons, nous resterons sur les temps réalisés sur cette île mythique d’Oahu. En effet, selon les parcours et les conditions climatiques, l’effort total peut-être plus ou moins difficile à réaliser (la houle et le courant en mer pénalisent la performance en nage par rapport à une épreuve en eau douce, la force du vent et sa direction peuvent considérablement impacter la partie vélo toute comme le dénivelé présent sur le parcours).
Puis évidemment il faut être plus clément avec les performances un peu plus anciennes, notamment du fait des améliorations technologiques apportés aux vélos de course. En effet, aujourd’hui, les meilleurs ne sont plus sur un simple cadre en aluminium avec deux roues mais sur une magnifique monoplace en carbone sortie de l’usine pour pulvériser du record… Bien évidemment, cela ne retire rien au mérite de ces athlètes qui vont pouvoir encore repousser grâce à la technologie les limites de la performance. Mais pour quelqu’un qui tenterait de comprendre les écarts de temps entre les années 80 et aujourd’hui, c’est un bon élément de réponse !
Sinon, vous pouvez toujours demander à un certain Laurent Jalabert qui est un coureur correct et qui n’aime pas trop la partie natation, comment il a repris près de 1000 places au classement lors d’une de ces participations à Hawaï. Eh oui, le vélo ça ne s’oublie pas !
Et puis, il faut dire aussi que depuis les plus de 40 ans que les championnats du monde d’Ironman à Hawaï existent, autant vous dire que l’épreuve s’est professionnalisée et que les temps abattus par les vrais « Hommes de fer » sans armure, nous laissent parfois croire que les super héros existent pour de vrai !
Ironman : Les meilleures performances des femmes de fer !
Honneur aux « femmes de fer » ! Et comment ne pas parler de ces dames qui ont réussi à terminer les trois épreuves en moins de 9 heures. Rendez-vous compte, cela revient à avaler les presque 4 km de nage en à peine une heure, à tenir une vitesse moyenne proche des 37 km/h sur le vélo, soit un peu moins de 5h00 d’effort (et interdiction de rouler en peloton) pour terminer le marathon en moins de 3h00, c’est-à-dire pas en dessous des 14km/h !
Parmi elles, il y a bien sûr l’Allemande tenante du titre Anne Haug et aussi arrivée troisième en 2018 avec un temps presque identique autour des 08h40 d’effort.
Daniela Ryf bien sûr ! championne du monde de 2015 à 2018 à chaque fois en moins de 9 heures avec un record mondial dans la catégorie féminine de 8h 26min 16sec réalisé en 2018 ! La Suissesse qui aurait pu même être quintuple championne du monde sans cette seconde place sur l’édition 2014.
Une autre quadruple championne du monde, il y en a une, du nom de Chrissie Wellington. La Britannique qui réussira aussi à passer sous la barre des 9 heures.
Une triple championne du monde sous les 9 heures, ça existe aussi en Australie avec Miranda Carfrae et ses sept podiums !
Bon, même si on a dit qu’on évoquait seulement les performances sous les 9 heures, on est quand même obligés de faire une exception pour Natascha Badmann. Parce que lorsqu’on est sextuple championne du monde… eh bien, on applaudit, c’est tout ! On notera que la Suisse est quand même très bien représentée.
Un nom à côté duquel on n’a pas le droit de passer, c’est celui de Paula Newby-Fraser…qui est juste huit fois championne du monde entre1986 et 1996, rien que ça !
Et qu’il est dur de ne pas ajouter à cette liste le nom d’autres ultra athlètes qui ont réalisé des temps presque sous cette barre des 9, tant on sait le mérite et le courage qu’elles ont !
Les meilleurs Hommes de fer de l’Ironman.
Copyright Tony Pham chez PexelsEt chez les garçons, ça donne quoi ? Déjà, des sextuples champions du monde à Hawaï, ce n’est pas compliqué, il y en a deux. Un certain Dave Scott, à qui il était difficile de venir prendre la première place dans les années 80 avec un record personnel à 8h 28min. Et puis, un autre Américain, Mark Allen, qui prend le relais au début des années 90, avec trois temps effectués en moins de 8h 10min !
Difficile de passer à côté de Peter Reid au début des années 2000. Le Canadien, triple champion du monde entre 1998 et 2003, est impressionnant de régularité avec ses sept podiums !
On rappellera l’importance de ne pas avoir des conditions météo trop défavorables pour aller chercher des records sur ces distances, mais on remarque que pour les hommes de fer, faire tomber la barre des 8h 20min demande une débauche d’énergie colossale et un mental non pas de fer, mais d’acier !
Alors, quand vous avez des Mark Allen (08h 07m 45s), Luc Van Lierde (08h 04min 08s), Craig Alexander (08h 03min 56sec), et des Chris McCormack (08h 10min 37sec) avec de tels temps…
D’ailleurs, en parlant de ces deux derniers, il faut dire que des Australiens, de 2001 à 2013, c’était un podium garanti à chaque édition ! Mais bon, depuis ces six dernières années, c’est l’Allemagne qui est le meilleur producteur d’ « ultra humains », avec en moyenne presque deux athlètes sur le podium chaque année !
Ces quatre dernières années, les performances des trois premiers finisher sont tout simplement hallucinantes…moins de 08h 10min !
Pour mieux se représenter la démence de ces temps, il faut simplement comprendre les allures que ça implique.
En natation, ça veut généralement dire terminer en moins de 50 minutes. Pour les habitués de la piscine, vous comprendrez qu’on parle là de tenir un rythme équivalent à environ 40 secondes au 50 mètres, pendant 3,8 km et en eau libre parce qu’avec les lignes d’eau et sans les coups c’est trop facile ! Une fois cet échauffement aquatique terminé, il faut encore avoir assez de réserve pour maintenir 41 km/h de moyenne sur le vélo, pendant 180 km !
Alors ici, les amateurs de vélo vous diront que tenir ce rythme en peloton c’est faisable, mais pas éternellement… Pour la plupart, pas facile de pédaler déjà une heure. Alors quand vous voyez ces messieurs tenir ce rythme pendant 4h30 sans profiter de l’aspiration d’un autre cycliste, on a tendance à se demander comment c’est possible, surtout qu’il reste le marathon juste après ! Et sur la partie course à pied, ça veut dire un petit tempo à 15 km/h…un marathon en moins de 3h en fait !
Ils sont en fait quatre à être passés sous la barre des 8 à Hawaï. L’Américain Timothy O’Donnell (07h59min40sec), le Belge Bart Aernouts (07h56min41sec), et bien sûr les Allemands Patrick Lange (07h52min30sec et double champion du monde) et Jan Frodeno (07h51min13sec et triple champion du monde en titre et détenteur du record). Des extra-terrestres !
Et si vous pensiez qu’il n’y avait plus grand-chose de spectaculaire à raconter autour des performances de l’Ironman après avoir cité tous ces noms?
Eh bien, que direz-vous de ce qui va suivre ? Eh oui, comment ne pas être saisi d’admiration et envahi par l’émotion quand vous voyez des sportifs qui partent avec le double défi de finir la course tout en surmontant leur handicap. Voilà des athlètes qui nous font encore toucher du doigt quelque chose de plus profond dans le sport en général. Car là, l’intérêt principal n’est pas la place au classement général bien qu’elle soit parfois remarquable, mais le véritable combat contre une course semblant impossible à réaliser et la maladie.
Ces femmes et ces hommes sont les porteurs de la devise de l’Ironman « Tout est possible ». Comment rester indifférent face aux performances de Lisa Bentley qui atteinte d’une forme de mucoviscidose finit troisième en 2006 ; des nombreux participants atteints d’un handicap physique, des athlètes amputés qui même après des participations soldées d’un échec, se sont fait une obligation d’y retourner et de terminer un jour.
Il y a aussi Jonathan Seth Blais surnommé « Blazeman » qui souffrant de la maladie de Charcot une maladie neurodégénérative qui lui provoqua des paralysies au niveau des deux avant-bras, deviendra un Ironman en 2005 deux ans avant son décès. Blazeman le porteur du numéro 179, qui sera réservé par les organisateurs aux athlètes les plus courageux, est le symbole de ces athlètes qui ont décidé de se battre contre la maladie et aussi d’être les porteurs d’un message d’espoir pour tous dans le sport et dans la vie « rien n’est impossible » !