La première sitcom : I Love Lucy

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Vous êtes un mordu de séries télévisées ? Et plus particulièrement de Friends, The Big Bang Theory ou encore Brooklyn Nine-Nine ? Si ce que vous préférez en matant une série c’est de vous attacher à des personnages parfois loufoques qui se retrouvent toujours dans des situations incongrues, vous allez apprécier découvrir la toute première série télévisée du genre : I Love Lucy. Peu connue en France mais véritable série culte aux Etats-Unis, I Love Lucy a totalement créé toutes les sitcoms que vous adorez aujourd’hui.

 

Pourquoi I Love Lucy ?

 

Lancée en 1951, la série I Love Lucy n’est pas la toute première sitcom à être diffusée à la télévision. Cependant, elle est la première sitcom qui a révolutionné le genre et qui a établi les codes sériels que l’on connaît aujourd’hui à la sitcom.

La toute première sitcom est Mary Kay and Johnny diffusée en direct à partir de 1947 sur la chaîne de télévision américaine DuMont. Effectivement, à la genèse des sitcoms, ces dernières (contraction de « situation » et « comedy » en anglais) étaient des comédies durant généralement de 20 à 30 minutes, filmées en studio devant un public et diffusées en direct à la télévision. En outre, comme l’autre genre sériel phare de l’époque, le soap opera, les sitcoms sont venues tout droit d’un autre média : la radio.

En effet, l’actrice principale de la série, Lucille Ball (Lucy Ricardo) a commencé à jouer dans une sitcom radiophonique, avec l’acteur Richard Denning, diffusée sur CBS : My Favorite Husband.

Une chose en entraînant une autre, CBS proposa à l’actrice d’adapter l’histoire de la série à la télévision. Lucille Ball vit dans cette proposition une opportunité unique et accepta à une seule condition : que son mari dans la vie réelle, Desi Arnaz, intègre la série et joue le rôle de son conjoint dans celle-ci.

L’arrangement ne fut malgré tout pas simple et CBS se montra, dans un premier temps, réticent face à la requête de l’actrice.

Mais quelle pouvait donc être la raison de leur réticence ?

En faîte, Desi Arnaz, le mari de Lucille Ball, était un musicien cubain avec un accent marqué. De ce fait, le média mit des réserves par rapport à la réaction des spectateurs face à l’acteur. Peut-être le média anticipait-il un problème d’identification au personnage dans une nation américaine majoritairement blanche ? Ou, anticipait-il un sentiment d’anxiété de la part des spectateurs face à une nouvelle figure dont il n’avait pas l’habitude qu’elle soit représentée à l’écran ?

Seulement, afin de convaincre les producteurs CBS, le couple décida de créer un show centré sur leurs deux personnages et le joua dans plusieurs cabarets américains. Le vif succès et les acclamations que rencontra le show finirent par convaincre le média de financer et de lancer la série et l’épisode pilote à la télévision.

Par la suite, Lucille Ball et Desi Araz créèrent en 1951 leur propre maison de production : Desilu Productions pour produire la suite de la série. Leur société de production a notamment produit les premières saisons de Star Trek et The Andy Griffith Show.

 

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Desilu Productions

 

Desilu Productions représente la consécration de la carrière de Lucille Ball et de son mari Desi Araz. En créant leur propre boîte de productions, les deux acteurs gardent leur indépendance artistique par rapport à leur série télévisée. Par exemple, alors que CBS souhaitait que le show soit enregistré en live à New York comme la plupart des séries à cette époque, le couple qui souhaitait profiter des avantages d’Hollywood s’y installa.

Ce déménagement a été la prémisse d’une révolution technique et économique de la création d’une sitcom.

En effet, soutenus par les créateurs de la série, Lucille Ball, Desi Arnaz et le scénariste en chef et le créateur de la série, Jess Oppenheimer décidèrent d’abandonner le kinescope pour filmer la série devant une audience à l’aide de trois caméras. Des studios entiers ont même dû être complètement repensés et rénovés pour s’adapter à ce format car le single-camera avec rires préenregistrés constituait la norme.

De plus, la série sera dorénavant enregistrée sur un film 35mm habituellement réservé au cinéma. L’enregistrement permit la diffusion de la série dans tous les Etats-Unis ainsi que sa rediffusion. Des conditions qui étaient déjà réunies dans la comédie Amos’n’Andy mais sans l’enregistrement devant une audience qui, elle, apportait une véritable atmosphère comique.

Enfin, le couple travailla avec Karl Freund, célèbre réalisateur et directeur de la photographie allemand, pour gérer le système d’éclairage du studio. C’est ce dernier qui créa d’ailleurs le système de multi-caméras (trois caméras qui tournent simultanément).

Un changement qui constitua une véritable révolution à l’époque devenant la norme des sitcoms d’aujourd’hui grâce au succès incroyable de la série !

Grâce à toutes ces innovations, la série mariait parfaitement l’authenticité et la spontanéité de la performance live par le jeu incroyable de Lucille Ball et les rires du public présent avec la qualité de l’image dû à l’enregistrement film.

 

De quoi parle la série ?

 

I Love Lucy met en scène les aventures de Lucy Ricardo (Lucille Ball), une femme au foyer new-yorkaise haute en couleur habitée par ses rêves et désireuse de se lancer dans une carrière artistique. Néanmoins, son mari (Desi Araz), musicien, comme son acteur, ne voit pas les choses de la même manière et tente à maintes reprises de calmer les fantasmes de sa femme.

Le couple habite à New-York et vit une vie sociale bien remplie. Effectivement, Lucy, avec l’aide de sa meilleure amie, la naïve Ethel Mertz, va continuellement tenter de braver l’interdiction de son mari afin de réaliser ses rêves de scène offrant des situations toujours plus rocambolesques aux spectateurs.

Au-delà de l’humour, le succès de la série réside principalement dans le talent de ses acteurs et son écriture. La série, à son échelle, est un témoignage des mœurs de l’époque, notamment sur les relations matrimoniales, malgré l’exagération qu’il en ressort caractéristique des sitcoms.

Quant à l’humour de la série, étant donné l’évolution que connaît le rire à travers le temps et les cultures, ce dernier ne sera peut-être pas particulièrement efficace pour vous. Le schéma classique de Lucy souhaitant accomplir une action expose et explique son plan au téléspectateur et finit par échouer et voir son plan partir dans tous les sens, se répète dans quasiment tous les épisodes.

Néanmoins, le ton badin de la série fonctionne. Quelques gags et répliques sarcastiques donnent un dynamisme à cette dernière et font passer un bon moment à son téléspectateur.

En somme, I Love Lucy a défini ce que sont aujourd’hui les normes et codes comiques de la sitcom : des quiproquos, des gags qui ressortent des conflits entre les protagonistes, du comique de répétition qui viennent des personnages « secondaires »…

 

La première sitcom : I Love Lucy

 

Véhiculeuse de stéréotypes ou série progressiste ?

 

Aux premiers abords, la série détient un scénario et une recette assez simplistes qui seront repris nombre de fois par la suite.

Cette dernière peut être considérée comme conservatrice et comme un véhiculeur de stéréotypes genrées : à la fin de chaque épisode, Lucy se voit être sermonnée par son mari. Il ne fait aucun doute que sa place est censée être bien au chaud à s’occuper du foyer.

Bien qu’elle reproduit l’image socialement construite de la femme qui est heureuse et qui s’épanouit dans son rôle de ménagère, I Love Lucy développe néanmoins un autre discours.

En effet, Lucy a des aspirations de renouveau et des rêves de scène. Et pour arriver à cela, elle se bat et défie son mari tout au long de la série remettant en question malgré tout le rapport de force de leur couple (même si finalement, son mari reprend toujours l’ascendant sur elle et contrecarre ses plans). Elle met une énergie incroyable dans la remise en question de son statut comme pour sortir de l’enfermement que représente sa maison.

Dans la série, le couple voisin mythique de la série Ethel et Fred Mertz représente aussi un autre regard sur la représentation de la femme au foyer épanouie. Le mari et la femme se méprisent et quand le premier est blasé depuis des années d’avoir pour épouse une femme qu’il mésestime, la seconde lui rend la pareille et trouve en son amitié avec Lucy un moyen d’échapper à son foyer et à ses contraintes

 

Finalement, avec pas moins de 180 épisodes répartis en 6 saisons de 1951 à 1957, I Love Lucy a marqué toute une génération américaine et a totalement renouvelé le genre de la sitcom en ce qu’on en connaît aujourd’hui. De nouveaux éclairages, de nouveaux moyens techniques pour enregistrer et produire la série ont défini tout un genre sériel et tout un panel de série télévisées cultes du XXIème s.