The Complex a probablement réussi à sortir au bon moment. Alors que le confinement risque d’être prolongé en France à cause du Covid 19, Wales Interactive propose son jeu en téléchargement au prix d’une place de cinéma. Chapeau pour la promotion… ou pas !
Qu’est ce donc que The Complex ? Wales Interactive présente son jeu à l’instar de ses précédents, comme un film interactif. Un full motion vidéo pour être plus précis comme l’avait fait récemment Sony avec son très inégal Erica.
Une petite histoire du FMV…
Le full motion vidéo doit beaucoup faire penser à Night Trap, cultissime nanar (un peu misogyne) de 1992. Il est souvent assez mal vu par les joueurs et les critiques à cause de ses acteurs inexpérimentés, sa mise en scène très plate et le manque flagrant de jouabilité. Night Trap avait un peu (dé)popularisé le genre mais son pionnier était Astron Belt, développé par Sega en 1983. Un shoot’em up en borne d’arcade dans lequel les ennemis étaient tirés à partir de fichiers vidéos.
Heureusement, lorsque l’on voit les dernières productions en date, on réalise qu’il s’agit d’un genre qui mérite que l’on s’y attarde de plus en plus. D’autant plus que Netflix avait miraculeusement ressuscité le genre avec Black Mirror Bandersnatch en 2018. Notons que Wales Interactive s’est fait un nom dans le genre tant ses développements se rapprochent du cinéma en se spécialisant dans le Full Motion Video (FMV). Cela pouvant aller du très bon (The Bunker), du très divertissant (Late Shift) au plus désastreux (The Shapeshifting Detective).
Autant vous le dire tout de suite, The Complex est un mélange entre ce qui se fait de mieux et de mauvais en FMV . Et le mauvais est bien trop présent…
C’est l’histoire d’une contagion…
Une attaque bactériologique frappe le métro londonien. La scientifique Amy Tenant et son vieil ami Rees Wakefield se retrouvent alors confinés dans un laboratoire hautement sécurisé afin de trouver une solution avant qu’il ne soit trop tard… Dans la famille « Confinement », The Complex est un candidat probable car il s’agit de la première chose à traiter à propos de l’oeuvre. La protagoniste principale se retrouve immédiatement confinée, huis-clos oblige, et cela révèle clairement le manque flagrant de budget.
Les décors ne sont pas variés, les effets spéciaux sont particulièrement décevants (voir un peu mauvais) et certaines situations ne sont tout simplement pas crédibles. On a le pressentiment que The Complex a davantage réfléchi à comment dépenser son budget plutôt qu’à la manière d’approfondir l’expérience proposée aux joueurs.
Soyons confinés, tous ensemble.
Quoi de mieux alors, que de confiner son personnage pour protéger l’économie de son jeu vidéo ? Rassurez-vous cependant, la mise en scène, que cela soit les cadrages ou la colorimétrie, est plutôt efficace bien que finalement, très simple et pas assez inspirée. Pour expliquer simplement, certaines situations sont filmées de la même manière que celles présentées dans de nombreuses œuvres de catastrophes et d’anticipation. On est quand même loin de l’ambiance cauchemardesque omniprésente imposée par le montage et l’étalonnage d’Erica.
En dehors de certaines interprétations, il est difficile de s’attacher pleinement aux personnages. Ils sont quasiment absents pour certains, ou très mal écrits pour d’autres. Kate Dickie s’en sort plutôt bien tandis que Michelle Myett est monolithique. Compliqué également de s’identifier auprès d’eux quand le jeu décide de perdre sa crédibilité pour atteindre le bout de son récit. Le jeu prête assez à sourire, se proposant ainsi comme un joyeux petit nanar qui donne tout de même envie de connaître la fin. Franchement dommage. Surtout que le scénario est écrit par Lynn Renee Maxcy, une des scénaristes de la série The Handmaid’s Tails.
La suite, à vous de la faire !
Il y a néanmoins de bons côtés. On peut se retrouver avec plusieurs parties très différentes qui débutent pourtant via une situation très similaire. Cela s’explique par la mise en place de relations avec 9 protagonistes durant cette aventure. Tous peuvent mourir en cours de route, influençant alors le déroulement du scénario. Ce système n’est pas sans rappeler celui utilisé dans Until Dawn, l’oeuvre horrifique de Supermassive Games avec Rami Malek. Le chemin sera ainsi différent si vous coopérez ou si vous êtes méfiants envers l’un de vos collègues. Tout cela vous permettra de découvrir un total de 9 fins et de presque 200 scènes, suivant les routes empruntées.
Ainsi, The Complex propose une jouabilité aussi forte que celle de Late Shift, des mêmes développeurs. Mais la crédibilité du jeu est souvent remise en question. On arrive au bout de l’histoire en 90 minutes environ, mais rien ne nous donne vraiment envie d’y retourner. Si ce n’est que pour satisfaire pleinement les complétistes des jeux vidéos.
The Complex se suit comme un petit film d’anticipation. Malheureusement, tout aurait pu être bien mieux. Wales Interactive semble se reposer sur ses lauriers, ce qui est bien dommage. Il aurait pu surpasser The Bunker, qui est certes bien plus limité dans ses choix, mais qui proposait une vraie tension au travers de son personnage confiné. A découvrir pour les curieux…