Test de BattleBorn : Le Hero Shooter qui assure

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Aujourd’hui, nous allons tester Battleborn, un FPS orienté multijoueur édité par 2K et développé par Gearbox Software, le studio derrière l’excellente série Borderlands.

Cette information est assez importante et mérite qu’on s’y intéresse, déjà pour comprendre le traitement qui est apporté au jeu sur le net, et notamment par la presse spécialisée. Si vous vous intéressez globalement à ce qui est dit sur Battleborn, vous vous rendrez vite compte de deux choses : que ce dernier passe limite inaperçu malgré les moyens mis en œuvre par 2K pour assurer sa promotion, mais surtout qu’il est au cœur de toutes les comparaisons de l’extrême. Forcément, si vous suivez un peu l’actualité, vous savez que ce mois-ci est sorti le mastodonte Uncharted 4, mais aussi que mai, c’est le mois des FPS : Doom, Homefront : The Revolution (qui n’a pas l’air de passionner les foules, peut-être à tort), Battleborn (oui, tout de même) mais surtout un certain Overwatch. Ce dernier fait forcément penser à Battleborn (et vice-versa) en raison de la formule choisie : le hero shooter.  Le principe est simple : mettez des personnages uniques, avec des armes et des capacités propres, en gros comme dans un moba, transformez le tout en jeu de tir à la première personne et le tour est joué. Le concept est assez évident, mais il fallait y penser. Du coup, Battleborn a fort à faire puisqu’il s’oppose à l’un des studios les plus hypés de l’histoire : Activision Blizzard (au cas où la fusion avec Activision vous aurait échappé pendant 8 ans). Du coup, le petit challenger est-il censé se rétamer face contre terre face au géant ? Pas sûr !

Une patte graphique reconnaissable

On parle pas d’une vague production indépendante, mais bien d’un jeu Gearbox Software, ce qui, étonnamment, semble parfois desservir le jeu face à certains regards critiques. On reproche donc parfois à Battleborn d’avoir un style bien trop proche de Borderlands, ce qui est partiellement vrai. La patte artistique du studio, on la reconnait sans mal. Mais l’univers est bien différent, et la comparaison s’arrête très vite. Même si certains paysages font penser rapidement à Borderlands (c’est sûr qu’un paysage enneigé rappellera vite le début de Borderlands 2) on a tout de même affaire à un titre propre, qui importe son propre univers, mais ça on y reviendra plus tard. Dans l’ensemble, Gearbox Software s’en sort bien. Le character design est soigné, ce qui est primordial pour un jeu voulant mettre son système de héros au centre du gameplay. Au-delà du visuel, on regrettera que les skins ne soient que de simple swap colors, mais par contre on appréciera que tout le contenu (hors dlc à venir, forcément) se débloque en jeu. Il est intéressant de noter la présence de cinématiques (assez peu nombreuses malheureusement) réalisées sur un style graphique type dessin animé du plus bel effet. Les musiques qui accompagnent sont bien pensées et collent très bien malgré le décalage des styles. Les voix françaises sont présentes, plutôt bien doublées dans l’ensemble, même si certaines vous paraîtront bien vite insupportables (mention spéciale à Boldur qui me donne sincèrement envie de l’égorger dès que je le croise…)

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Dans le viseur du Marquis…

Un gameplay s’inspirant du Moba

Fusionner un FPS avec des éléments de Moba (type Smite, League of Legend, Dota 2 ect) c’était l’idée de base. Et sur ce point, il faut bien avouer que le gameplay rend vraiment bien. Vous démarrez une partie avec un tir principal, un secondaire (qui peut être une attaque au corps-à -corps, une visée, ou autre, selon le personnage) et deux compétences. En accomplissant des actions telles que des frags, des activations d’objectifs ou même des soins (on va quand même pas snober le rôle primordial du healer), vous gagnez des points d’expérience qui vous feront passer des niveaux. A chaque cap de niveau passé, vous pouvez sélectionner un skill passif entre deux (ou trois en comptant les mutations que l’on débloque en passant les rangs d’un perso) pour l’ensemble de la partie. Comme dans un Moba, vous déverrouillez votre compétence ultime en cours de partie. Vous ramassez aussi des éclats, une sorte de monnaie à utiliser avant la fin de la partie avec laquelle vous pouvez construire des drones, des tourelles de défense, ou encore activer des objets de boost que vous aurez préalablement équipés.  A chaque début de partie, vous recommencez au niveau 1.

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L’interface synthétise bien le tout.

Un contenu compétitif en demi-teinte

Côté multi, il faut bien avouer que ça tourne en rond. En effet, les modes de jeu compétitifs sont au nombre de trois. Vous trouvez un mode conquête assez habituel des fps où vous devez prendre des objectifs et les défendre des ennemis. Un mode incursion qui est, ce qu’on pourrait littéralement appeler, le mode « Moba FPS » (vous comprendrez vite le principe si vous avez déjà joué à un Moba) : en gros on avance contre les sbires ennemis en essayant de faire progresser les nôtres pour tout casser. Et, enfin, un mode fusion qui consiste à escorter des sbires pour leur faire rejoindre un point précis. Bon encore, les modes ça pourrait aller, mais ce qui pêche complètement, c’est la présence de seulement deux cartes par mode de jeu. Assez faibles pour un jeu voulant miser sur le multijoueur. On peut noter par contre que le contenu viendra sûrement s’étoffer prochainement par des ajouts de cartes et même de modes gratuits, du moins c’est ce qu’on nous avait laissé présager. Le season pass n’évoquant, pour l’instant, que du contenu solo et un accès immédiat pour tester les nouveaux personnages (que l’on n’aura pas besoin de débloquer en jeu).

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Oh bah je me demande bien quelle carte choisir…

Un solo très multijoueur

En parlant du solo d’ailleurs, on prendra la peine de remarquer que, bien que le mode histoire se revendique comme tel, on devrait plus parler de JCE (joueur contre environnement) ou encore PVE en anglais. Vous vous rendrez vite compte que, même si le solo peut sans doute se faire seul, il est tout de même conseillé de partir en escouade avec d’autres joueurs. Parce qu’ici, pas de bots qui vous donnent un coup de main, vous vous retrouverez bel et bien seul contre tous vos ennemis. Et, même s’il se peut que je sois une quiche lorraine, même si vous vous en sortez mieux que moi, vous verrez très vite que tous les personnages ne sont pas égaux en solo. Bonne chance pour repousser des vagues et protéger un objectif en jouant Miko, la healeuse champignon qui lance des Kunai. Certaines missions semblent vite quasiment impossibles à finir seul, et vous vous en rendrez compte au bout de 30 minutes à avoir œuvré pour rien. Au-delà de ce détail qui n’en est pas un, le mode histoire est très plaisant à faire et à refaire (le farm, c’est la vie), même si malheureusement, jouer avec des coéquipiers inclura un système de vote, et vous serez peut-être amenés à vous taper la mission 7 avant la 2. Bon, ceci peut paraître complètement couillon (ça l’est) mais au final ce n’est pas très dérangeant vu que l’histoire n’en est pas vraiment une.

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Salutations. Che Fou Hais.

Un univers très sympathique, mais assez peu exploité

Les personnages sont bien fendards. On reconnaît par leurs dialogues le côté déjanté propre à Gearbox Software. Mention spéciale au Marquis, une sorte de fusion de Brooke de One Piece par sa façon de se mouvoir et de se tenir avec un robot à l’intelligence artificielle réglée pour correspondre à un aristocrate haineux et hautain parlant avec un accent allemand très caricatural. Barres de rires assurées ! Côté scénario, c’est un peu moins glorieux. Le postulat de départ est assez tragique (et courant il faut bien le dire) : il faut empêcher des méchants très méchants de détruire la dernière étoile. Bon… outre le fait que cela n’est absolument pas expliqué en détail et que du coup, on en vient à se battre pour une cause dont l’on se fout complètement tant elle est à la fois limpide et obscure, vous vous rendrez compte que les missions ne sont que des objectifs sans liens les uns avec les autres : « Allez recruter machin », « allez défendre telle colonie », « allez me chercher un café à l’avant-poste ennemi » (Bon ok la dernière, je l’ai inventée). Du coup, on avance vers le grand méchant dont j’ai oublié le nom tellement il est marquant et original (ironie) en accomplissant des sortes d’objectifs qui ont théoriquement le but de vous faire croire que votre équipe est renforcée, mais dans les faits, vous avez plutôt la désagréable impression que vous auriez pu sonner directement à sa porte pour lui coller une balle entre les deux yeux. L’univers avait donc du potentiel, mais aurait gagné à être développé.

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Le grand prix de l’astuce scénaristique est décerné à ….

Une progression prenante

Ce qui risque le plus de vous intéresser sur Battleborn, c’est le système de progression et des personnages. L’ambition, au final, était de faire un FPS s’inspirant du Moba où le système de héros se trouvait au centre de l’expérience de jeu. De de ce point de vue, il faut bien dire que c’est une réussite totale. Les personnages sont tous intéressants, et, même si vous aurez vite envie de vous focaliser sur l’un d’entre eux, le fait d’en jouer un nouveau risque de changer totalement le gameplay et ouvrir de nouvelles perspectives. Chacun a un total de 15 rangs à monter qui déverrouilleront des compétences mutations, des skins ou encore des provocations. Ils ont aussi chacun des « défis légendaires » à accomplir, des sortes d’objectifs personnels que vous accomplirez au fur et à mesure. Pas d’inquiétude, on ne vous demandera pas d’enchaîner les kills avec la healeuse, ils sont plutôt bien calculés et représentatifs du gameplay du personnage. En les réalisant, vous débloquerez des fragments de texte qui en dévoilent plus sur le background du personnage. Au delà de tout ça, vous avez un niveau de commandement qui vous apporte de multiples récompenses, mais déverrouille aussi de nouveaux personnages. 25 différents personnages sont disponibles pour le moment, et 5 s’ajouteront gratuitement au casting. Le système de progression et de succès donne un côté addictif au jeu qui met particulièrement bien en avant l’aspect « Hero Shooter ». Côté équilibrage, il est assez bien respecté. Chaque personnage ayant ses forces et ses faiblesses, qui pourront être contrées par d’autres types de personnages.

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Une healeuse sachant healer…

Battleborn a des défauts. L’histoire est décevante, l’univers pas terriblement bien exploité, et il peinera sans doute sur le côté compétitif par rapport à Overwatch. Par contre, l’absence totale de PVE (et donc de solo) sur ce dernier, et le fait qu’il risque de souffrir des mêmes défauts d’un univers peu exploité, font que Battleborn s’en sort bien, mais surtout qu’il a de grands atouts à faire valoir. Le gameplay est accessible, mais vous vous rendrez vite compte que maîtriser un personnage n’est pas si facile. Cela paraît évident lorsque l’on remarque tous ces joueurs qui sélectionnent Rath, le guerrier au corps-à-corps que tout le monde veut parce qu’il est classe, mais qui se font enchaîner bien violemment. En revanche, on remarque vite un joueur qui le maîtrise réellement, quand on voit que le gars a enchaîné 16 kills sans se prendre de revers. C’est assez symptomatique des jeux multi, mais l’aspect technique du jeu ressort particulièrement bien. Si 2K et Gearbox Software assurent sur la longueur comme ils l’ont promis, Battleborn risque de ne pas se contenter de « bien s’en sortir », mais d’asseoir fortement ses spécificités qui font de lui un très bon jeu, et ce malgré ses défauts et l’engouement populaire autour de son principal concurrent (hype quasi systématique qui touche un jeu Blizzard, et ce avant même sa sortie). L’avenir nous en dira un peu plus à la sortie d’Overwatch. Mais en attendant, Battleborn est un bon jeu, quoi qu’on en dise.

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Oscar Mike. Le mandalorien de circonstance.